Dour Festival 2013 – Day 2 & 3

jeudi 25 juillet 2013, par Julien LVRF.

L’été est là, et son lot de festivals l’accompagne. Dour, c’est quatre jours et quatre nuits de shows de tous styles musicaux sur sept jolies scènes, sous chapiteau et en extérieur, dans un site énorme, pour un des plus gros festivals de musique alternative d’Europe. Et quand on a capté la programmation orientée double H que les organisateurs nous ont concoctée cette année, impossible de louper cette chose. Partons pour quatre jours de flows, de basses, de soleil et de poussière.

Le premier jour ? C’est raconté ici.

// DAY 2 

Après une première journée richarde musicalement parlant, nous sommes de retour sur le site. Vite, vite, les potos du Feini-X Crew jouent à 14h ! Récents vainqueurs de la finale nationale du Buzz Booster France, le duo du VDS Zoo (Val de Sambre, le canton de Maubeuge) toujours accompagné de DJ Jocker commence son set sous la chaleur de la Boombox. Leur show ultra-rodé fait s’agiter la bonne centaine de personnes présente : la nuit a dû être compliquée pour certains, on aurait aimé une masse plus importante d’auditeurs, certainement encore en train de ronfler ou de prendre l’apéro-petit-déj’ sur le camping. Qu’à cela ne tienne, l’ambiance et les bras levés démontrent une belle puissance scénique, les reprises de Biggie et de Stevie Wonder par Al20, le flow incisif de Stephunking et les scratches bien placés de Jocker font transpirer sous les casquettes : mission accomplie.

© Hervé Leteneur – Skênêa

Après un Aquarius glacé près du babyfoot du bar artistes, le premier choix cornélien de la journée s’impose. Coely, la belle belge ou Hippocampe Fou, le barré parigot ? Les deux artistes jouent aux mêmes horaires, grrr. Ayant l’envie de profiter du soleil rayonnant, nous nous dirigeons vers la grande scène « The Last Arena », sur laquelle Hippo a été programmé. Coup de cœur de l’orga, connexions maçonniques ? Se retrouver sur la même scène que le Wu-Tang, Tryo, les Smashing Pumpkins ou les Jurassic 5 n’a rien d’anodin pour l’aquarappeur. 15h20, le public sort de son terrier et répond présent, réactivité et interactions, le show se passe très bien. Les textes tantôts crades, tantôt poétiques de l’ex-membre de La Secte Phonétik font réagir l’assistance. Accompagné de son backeur Céo (qui a lâché lui aussi de solides couplets) et de Deska aux platines, les improvisations sont lancées et finissent même, sous la chaleur et animés par un public ambiancé, dans la fosse ! Fin du show, les festivaliers supplient pour un rappel mais planning oblige, il n’aura malheureusement pas lieu. Belle réussite !

L’aquashow terminé, grosses basses et grosse voix nous arrivent aux oreilles. Et cette voix est reconnaissable entre mille, et surtout ici en Belgique : c’est l’homme que l’on nomme Scylla. La puissance du coffre rauque du bruxellois fait résonner le Dance Hall, et le public est ultra-bouillant pour une des stars du rap belge francophone. Et avouons, faire bouger tout un chapiteau avec des instrumentaux à base de piano/violon, et surtout avec des textes personnels ou mélancoliques n’est pas chose aisée : c’est là tout le talent de Scylla et de son équipe. Refrains repris en chœur et avalanche de mains levées, c’est sur le morceau BX Vibes que la clameur atteint son paroxysme, le belge est à la maison. Petit aperçu ci-dessous avec une captation live de Sourdoreille.

Second dilemme de la journée… Odezenne ou La Coka Nostra ? Va pour les ricains, que je n’ai jamais eu la chance de voir sur scène, contrairement au duo bordelais. Nous nous redirigeons donc vers la grande scène, où Ill Bill & Slaine sont en grande forme, leur rap vénère m’achève, la chaleur aidant. A grands coups de burn, mothafucka burn, mothafucka burn, les majeurs se lèvent peu à peu. Quand Ill Bill entonne ses couplets de Black Helicopters et de CIA trying to kill me de son ancien groupe Non Phixion, les connaisseurs sont en feu. Mais c’est une reprise affamée du pire que classique Jump de Kriss Kross qui finit d’embraser la foule, la poussière vole dans tous les sens. Le show se termine là-dessus, dix minutes avant l’horaire annoncé.

L’occasion pour nous d’aller capter la fin du concert d’Odezenne, sous la Boombox. Et rien qu’ça saute partout ! Pogo en pagaille, poupée gonflable qui se balade slammant sur un public déchaîné, c’est de loin que nous suivrons la fin du set. La musique du dernier morceau sera produite en direct par les mecs aux machines, jusqu’à certains bruits faits à la bouche par les MC’s. On en a presque regretté de n’avoir pas été là plus tôt.

Belle après-midi, mais il n’y a déjà plus grand-chose qui nous intéresse aujourd’hui. Plein de concerts partout mais avouons-le, il y a des scènes où ne nous sommes même pas arrêtés rien qu’une seconde : programme trop varié pour nos petites oreilles, curieuses, mais pas trop.

// DAY 3

Alors là, ce samedi, on l’attendait avec une impatience folle. C’est simple, nous allons assister aujourd’hui à des shows d’artistes sursquattés sur disques, mais encore jamais vus en concert. Et on en a vu ! Direction la Boombox, il est déjà 18h, on a pris notre temps pour arriver. Et c’est au tour d’Apollo Brown & Guilty Simpson de nous montrer de quoi ils sont capables. Le set commence avec un best of des instrumentaux d’Apollo, l’un des beatmakers les plus doués de sa génération. Les têtes bougent, les mains en l’air, classiques de The Left ou de Trophies (l’album en collaboration avec OC) résonnent pour notre plus grand plaisir. Il lance la prod’ du terrible I can do no wrong, et c’est à ce moment que Guilty Simpson entre (enfin) sur scène. L’assistance se laisse porter par les meilleurs titres de Dice Game que les compères nous joueront en cette fin d’après-midi. Solide, mais pas d’une folie absolue sur scène.

Petite escale friture sur un des nombreux stands dédiés du festoche, et nous repartons vers la Boombox pour observer l’excellent pianiste Robert Glasper, sur scène avec d’autres zikos pour former Robert Glasper Experiment. Et là…waw. Belle claque, vraiment. Un batteur en folie, un chanteur hypnotisant la foule et usant du vocoder à merveille, un Glasper aux claviers surpuissant, des reprises de Jay-Z & Kanye, du Get Lucky des Daft Punk, un bout du Fall in Love de Slum Village, et même un Smells Like Teen Spirit des Nirvana…le tout entrecoupé de morceaux instrumentaux, de solos de saxophone, batterie, claviers et autre talkbox. De la musique !

© enola.be

Notre traversée préférée, c’est celle de la Boombox au Dance Hall. Recommençons ces quelques minutes de marche pour aller voir ce que donnent les (très) anciens Ultramagnetic MC’s, qui ont tout de même sorti leur premier album en 1988, il y a de ça 25 ans. Et première impression, sonore & vestimentaire : ils sont restés bloqués ! Costumes scintillants, capes, casque à cornes pour le visuel, son du début des nineties, il ne manque plus que les danseurs de smurf et le Tang à l’orange pour une parfaite panoplie. Trop jeunes pour ces conneries, allons faire un tour.

Parce que dans peu de temps, c’est Oddisee et son live band qui fera son entrée sous la Boombox et en tant que grand fan du monsieur, on ne veut louper ça sous aucun prétexte. Complètement Ready to Rock, c’est avec une formation composée d’un batteur, d’un guitariste, d’un bassiste, d’un claviériste à première vue cinglé qui saute dans tous les coins et d’un mec à la MPC que le MC de l’excellent label Mello Music Group rentre sur scène. Son flow ultra-rapide accompagné par les accélérations des zikos fout le public dans une transe musicale dingue : je tourne la tête et ne vois que sourires et bonne humeur, à l’image d’Oddisee. Énorme, bravo. Une heure passée très vite. Trop vite.

© enola.be

Que d’émotions. Et ça n’est vraiment pas terminé car c’est au tour des très attendus Jurassic 5 de se produire, et sur la Last Arena, s’il vous plaît ! Une platine géante en guise de décor, et les 4 MC’s (auxquels on additionne deux DJ’s, en costard) qui forment le groupe arrivent sur scène, sous une ambiance de feu. Les basses énormes ainsi que la voix de baryton de l’extraordinaire Chali 2na font trembler le site comme jamais. Et quand les mecs aux machines font le show, ça n’est pas à moitié : avec des boîtes à rythmes attachées en bandoulière, et en forme de vinyles, ils mettent un bordel monstre, ça danse un peu partout. Et les spectateurs sont venus en nombre, croyez moi. Jugez-en plutôt avec cette vidéo de belle qualité des collègues de Sourdoreille, reflétant bien l’ambiance de cette soirée, magique en tous points. Freedom !

© De Patre Fabrizio

Le show terminé, essayons de retourner sous la Boombox car Flying Lotus doit bientôt commencer son set. Essayons oui, car les milliers de personnes présentes pour les J5 bougent elles aussi ! Et la majorité des scènes sont dans la même direction. Embouteillage monstre au programme, et c’est bien 15 minutes que l’on mettra pour parcourir une bonne centaine de mètres. Les t-shirts sur la bouche pour éviter d’ingérer le poids d’Action Bronson en poussières en tous genres. Ouf, on y arrive. Fly Lo est aux machines, derrière un écran transparent diffusant des images psychédéliques, à l’image de sa musique. Les gens planent à cette heure, drogue aidant certainement. Ne soyons pas mauvaises langues, car mes membres s’agitent tout seul, et sans substances. Basses et samples suffisent. Le son prend vraiment aux tripes, et c’est l’objectif. Il prend même le micro et rappe quelques couplets, les mains sont levées, le monde est fou. Ce fada finira même son set par un slam mémorable, micro en main, voguant sur un public complètement acquis à sa musicale cause. Par contre, mon oreille droite en a pris un coup, conséquence d’une distance très faible avec la scène. Va falloir choper une paire d’earplugs pour la dernière journée.

© enola.be

 

Et demain, c’est nostalgie au programme, avec notamment IAM, Raggasonic, ou les Smashing Pumpkins ! Quand on dit que ça ne rigole pas, c’est pas pour du beurre et du fromage.

Un grand merci à enola.be pour les photos, ainsi qu’aux potos de ouikeed.com, retrouvez d’ailleurs leur report façon Sergio Leone ici.

Crédits photos de la cover : Mathieu Drouet

 

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