Chronique – Deniro Farrar – The Patriarch

jeudi 28 mars 2013, par Vincent Broguy.

Avec une pochette aussi inspirée – un Dark Vador  drapé d’un habit digne du Pape François 1er – je ne pouvais pas passer à côté de ce projet signé Deniro Farrar. Une bonne cover ça change tout.

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On le connait peu,voire pas du tout, pourtant ça ne l’empêche pas de faire son petit bonhomme de chemin. Lâchant des tracks à droite, à gauche depuis son projet avec Shady Blaze, un rappeur d’Oakland, sorti l’année dernière , un projet solo ne pouvait être qu’appréciable. Le bougre ne bénéficie pas d’une hype extraordinaire, pourtant son talent n’est pas feint. Il est ce qu’on appelle de façon connotée un « blog rapper », c’est-à-dire qu’il n’accède à la médiatisation uniquement sur internet et plus particulièrement sur certains blogs spécialisés.

Le jeune MC est originaire de Charlotte en Caroline du Nord, un état qui n’est pas autant associé à un style de son hip-hop que d’autres régions. Ca permet à l’auditeur d’éviter les a priori, et apporte plus de liberté pour l’artiste qui n’a pas l’obligation de respecter la tradition sonore de son quartier.

Il nous délivre une mixtape de 15 titres, dont 2 bonus, sur lesquels il rappe avec une facilité déconcertante. Les instrus, souvent assez dark et vaporeuses, sont pour les meilleures dignes d’un Clams Casino. Pourtant, la majorité de ses producteurs ne sont même pas vraiment reconnus, hormis le talentueux Ryan Hemsworth et le duo de producteur Friendzone (qui à déjà collaboré avec Main Attrakionz et A$ap Rocky). La plupart des beatmakers conviés sur son projet ont par contre déjà collaboré avec Mister Farrar et lui permettent de se sublimer. Côté vocal, son timbre grave renforce ce petit coté obscur à limite d’un Bun B et de l’ancien G-Unit Young Buck. Ca c’est pour la comparaison perso.

Deniro est rappeur gangsta, mais là ou les autres tendront vers la misogynie et la violence, lui mettra en lumière  sa déprime et les problèmes du quotidien auquel il fait face. Bien sûr vous dire qu’il ne fait que ça serait vous mentir, mais parler à longueur de temps de ses dernières conquêtes et de ce qui passe dans ses poumons n’est pas vraiment dans ses habitudes.

Dans « Thug Til I die » Il fait preuve d’une telle sagacité “Makin’ millions sellin’ grams, that shit ain’t realistic/ It’s either death or prison, that other shit television.” Son frère fait actuellement face des poursuites pour meurtres, sa peine est palpable dans le refrain autotuné, un effet qui le rend encore plus sensible et torturé.

« Big Tookie » est probablement la piste que j’ai le plus écouté, peut être la référence à Tookie Williams, ancien membre de gang condamné à mort et exécuté  mais c’est certainement la production de Ryan Hemsworth qui fait la différence. Bizarrement le clavier fait contraste ,et ça rend vraiment bien, lorsque Deniro lâche ses mesures assez dures, il ne glorifie pas la violence. “What’s murder to a n***a doin’ homicide« . Il dépeint la rue telle qu’elle est, affreusement violente.

Vous l’aurez compris, cette mixtape se révèle être un petit bijou : les productions sont soignées, les lyrics sensés, c’est bien construit, … Bref,  je ne sais pas ce que Deniro prépare en 2013 mais cela ne peut être que positif. A suivre avec attention.

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