[Chronique] Future – Pluto

dimanche 22 avril 2012, par Joackim Le Goff.

« Tony Montana, Tony Montana, Check up out my ears, Tony Montana ». Une énième chanson de rap sur Scarface, un énième refrain à la gloire du personnage joué par papa Al Pach’. Sauf que ce « Tony Montana », en plus d’être un banger codéiné tellement haut que Drake a ramené ses miaulement dessus, a placé Future sur la mapmonde 2011 du hip-hop. Dernière sensation made in Atlanta, Future a suivi le chemin classique du jeune padawan avant de proclamer son talent au grand public : rapprochement auprès d’un collectif influent du coin – la Dungeon Family -,  collaborations avec les tauliers locaux genre Luda ou Gucci, puis tsunami de mixtapes qui amadouent les radios et les clubs de la ville. Une quête du Graal, ici signer un gros deal chez Epic. La voie de la reconnaissance nationale et des impôts sur la fortune. Tout en gérant son propre label indépendant pour sortir ses petits du hood, Free Bandz.

Le premier album constitue toujours un challenge périlleux pour un représentant de la trap music, puisqu’il doit séduire un auditoire bien plus large et nettement moins spécialiste du genre, tout en conservant au mieux l’essence qui caractérise sa musique, voire sa crédibilité dans les coins de rue. Ce n’est pas un hasard si Radric Davis n’a jamais totalement convaincu en dehors de son territoire de chasse et de ses cassettes maison.

 

« Si vous cherchez à vous évader sur une autre planète, Pluto est une bonne terre d’accueil. En plus c’est moins nocif qu’un cocktail à base de Prométhazine. »

 

Future respire le pur produit ATL, vous savez la capitale planétaire du hip-hop, mais ça ne lui suffit pas. Pluto veut conquérir le système solaire de son auteur, pas seulement les 49 Etats voisins. Dans cette optique, on lui pardonnera l’écart de conduite « Parachute » d’entrée de jeu. Un « That’s that » du pauvre qui veut faire l’amour à Skyrock. En parlant de Snoop, je me permets une parenthèse sur l’excellent « Homicide », sur lequel le pape du 4/20 pose un couplet très, très frais.

Si vous n’êtes pas coutumier du style de Future, le choix d’un titre intergalactique comme Pluto ne définit pas seulement sa zone de distribution. Il caractérise également son rap, hautement sizzurpé, tantôt électronisé (le plus souvent les deux) et complété par quelques doses de chant. Un choix qui peut carrément rebuter ou agréablement surprendre. Des sonorités futuristes qui plairont aux supporters d’un Gorilla Zoe (surtout sur « Truth Gonna Hurt You« ), autre figure d’Atlanta, ou d’un Mala côté hexagone. C’est d’ailleurs marrant, puisque ce projet m’a rappelé dans une certaine mesure celui du pote de Booba, le méconnu Himalaya. « Im Trippin », « Astronaut Chick » et le démoniaque « Straight Up » vous embarquent dans un voyage spatial où les étoiles se parent de robes purple. Si vous n’avez pas le mal de l’air, vous atteindrez même le nirvana de la robotisation sonore sur « Turn On the Lights ». Mike Will s’est lâché sur cette prod.

Volontairement différent, ce projet contient malgré tout des trucs lourdingues qui plairont à une base plus large, tel le MMGesque « Same Damn Time », ou l’excellent single « Magic ». Un track plus accessible mais qui ne trahit pas l’ambiance globale de cet album. Inutile de discuter très longtemps lyrics ou flow, c’est pas sur ces critères que vous prendrez votre pied. Par contre, si vous cherchez à vous évader sur une autre planète, Pluto est une bonne terre d’accueil. Ca vaut le coup d’essayer et c’est moins nocif qu’un cocktail à base de Prométhazine.

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