Chronique – Saigon – TGSNT

samedi 26 février 2011, par Joackim Le Goff.

La page Wikipédia de The Greatest Story Never Told a été créée courant juin 2006, quand Zidane jouait au foot. Autant annoncer que l’album rookie de Saigon avait intégré la catégorie Detox des projets qui risquaient de ne jamais voir le jour. Empêtré dans des embrouilles en tous genres, à commencer par des problèmes de label, le protégé de Just Blaze sombrait peu à peu dans les espoirs déchus du rap US, menaçant de quitter le rap par la petite porte.

Un LP du Roc, je vous dis, marqué au fer rouge de l’empreinte de Just Blaze.

Sauf le mouvement s’est accéléré fin 2010, une fois que le rappeur libéra son LP des griffes d’Atlantic. Quelques morceaux prometteurs, une vraie date de sortie – le 15 février 2011 – puis une place de #1 dans les ventes iTunes. Sans oublier des critiques très positives de la presse. Pas mal non ? D’ailleurs, comme me l’a justement twitté Ammofr, « il est connu et reconnu que lorsque la musique est bonne, quelque soit le genre, elle passe le test du temps ». Reste à savoir ce qu’on pense de cet album ici, sur SURL.

Il fallait s’y attendre, en zieutant la tracklist puis en écoutant les 17 morceaux plus un track bonus, il y a pas mal de sons qui ont déjà tourné. A commencer par le gros banger co-produit par Blaze et Swizzy, « Come on Baby », qui a bien dû être clippé il y a 3 ans, easy. Au moins, on nous a servi la version featuring Jay-Z, dont le couplet sur un beat rock me rappelle le Black Album. Surtout que ça tape fort dans les oreilles. On retrouve aussi le sympatoche et auto-tuné « Believe it » qui était sur la décevante tape Warning Shot 2. Sans compter les récents leaks. TGSNT, déjà un best of ?

En fait, je pourrais comparer TGSNT à une bonne sortie du Roc-A-Fella, belle période. Blaze livre ce qu’il fait de mieux. Une instru gospel / triomphante sur l’emphatique « Clap », ou encore une tuerie un brin samplée qui se révèle être le meilleur son de l’album – « The Invitation » avec Q-Tip. Idem, TGSNT nous balance une prod old school soulful de Kanye West, « It’s Alright », sur lequel Saigon rend hommage aux mamans isolées. Un LP du Roc, je vous dis, marqué au fer rouge de l’empreinte de Just Blaze. Et vous n’avez pas écouté « Preacher », vous comprendrez alors l’ambiance.

Rassurez-vous, Le Yardfather n’a rien perdu de son flow et surtout de sa capacité à rapper sur tous les thèmes. Les mamans, les jeunes (« Believe it »), sa propre story (« TGSNT », une autre boucherie by ‘Blaze) et j’en passe. On notera quelques ratés, apparentés à des mauvaises tentatives radio : le RNB sirupeux « Give it to Me », ou le BOB-esque « Bring me Down Pt 2 ».

Clairement un album réussi, le duo Saigon / Blaze mériterait une récompense tellement la bataille fut rude pour le sortir. Malheureusement, seulement 11 000 ventes physiques ont été enregistrées la 1ere semaine, le manque de buzz ne pardonne pas en 2011. Le nombre d’exemplaires écoulés aurait sûrement été multiplié par 10 si TGSNT était sorti 2 ans auparavant.

Article recommandés

Du rap au soleil : les meilleures photos du Fresh Island Festival
Cet été, tu ne sais que faire. Tu hésites : d’un côté, tu te ferais bien un gros festival hip-hop avec une flopée de noms clinquants ; de l’autre, tu…

les plus populaires