[Chronique] Shabazz Palaces – Black Up

jeudi 30 juin 2011, par SURL.

Par Sylvain Caillé

Shabazz Palaces est un groupe mystique. La conception de la musique par Ishmael Butler aka Palaceer Lazaro, un des membres du crew, est bien étrange. Black Up est un OMDNI – Objet Musicalement Déroutant Non Identifié – sorti de nulle part.

Mais avant de discuter de l’album, situons un peu Shabazz Palaces. Deux EP déjà sorti (Shabazz Palaces et Of Light), et une-sous médiatisation assez déconcertante. En effet, pas de Myspace, pas de Twitter, pas de page Wikipédia. Un choix bien culotté à l’ère du buzz éphémère et des pseudo experts en « social marketing ». Seulement un Facebook avec pas plus de 2000 fans, plus un site web époustouflant par son esthétisme, qui nous dépayse totalement de ce que l’on peut voir aujourd’hui. Simple et efficace. Dernière anecdote, Black Up est sorti sous le label indépendant Sub Pop plutôt réputé pour sortir des artistes Pop/Rock (Nirvana, The Beach Boys, Fleet Foxes, The Shins,…). De quoi susciter l’intérêt.

Black Up, c’est un projet psychédélique et totalement dément. C’est un premier album surprenant et totalement décalé. C’est tout simplement un LP original qu’on a du mal à couper une fois lancé. Après une première écoute difficile, on rentre dans cet univers où tout est lent et répétitif. L’excellent « An Echo From the Hosts that Profess Infinitum » confirme cette impression de ralenti qui n’est point du tout synonyme de médiocrité. Les rythmes évoluent au cours des tracks : on est plus dans le schéma traditionnel de la chanson avec couplet/refrain/couplet. Non, les Shabazz Palaces ont totalement changé cela pour un modèle avec une introduction, un développement, et une conclusion. Cette évolution musicale se traduit par une maturité remarquable dans les productions comme sur « Recollections of the Wraith », un track envoutant grâce à un excellent sample vocal en fond sonore. De plus, le flow discret et planant d’Ishmael Butler s’adapte parfaitement au beat, ce qui donne une raison de plus d’apprécier cet album. Dans les tracks à retenir on notera aussi « Are You… Can You… Were You ? (Felt) » avec ses notes de piano et son instru double face. « Swerve… The Reeping of All that is Worthwhile (Noir not Withstanding) » clôt le projet de la plus belle des manières, par une production captivante et ensorcelante. A la fin, on a envie que d’une chose, recommencer l’écoute pour saisir le moindre détail délivré dans les chansons.

Je tire donc mon chapeau à ce groupe qui m’a impressionné du début jusqu’à la fin. Ce premier album est une réussite. Très peu de déchets, des productions au top, du très bon rap underground. Ne passez pas à côté !

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