Découverte – Martin $ky is the limit

vendredi 30 août 2013, par Cedric.

Chicago est un vivier pour le hip-hop US. Un peu comme la Masia du FC Barcelone pour le football. C’est vrai, comptez le nombre de rappeurs que l’ex capitale du crime a mis en lumière ces dernières années : Twista, Common, Lupe Fiasco, Kanye West et plus récemment Chief Keef. Ils ont tous à un moment représenté leur ville aux yeux de toute l’Amérique. Cette fois, c’est Martin $ky qui pourrait incarner l’avenir de la scène locale, déjà sécurisé par le seul Chance The Rapper. Celui qui devrait prendre le relais lorsque les aînés arrêteront pour de bon la musique pour s’occuper de leur jardin. Celui qui devrait occuper la Une des magazines. Celui qu’on devrait inviter pour des freestyles d’anthologie dans les radios nationales. Tout un programme, qui nécessite avant de se faire un nom. Présentation.

Martin-sky

Quand on est un jeune vivant dans une ville réputée difficile, les possibilités de s’en sortir ne sont pas nombreuses. Certaines écoles ne sont plus des lieux d’apprentissage, mais des spots de rassemblement pour les gangs, on apprend plus les maths mais la vente de stups, on manie mieux le 9mm que le stylo à plume… Pour ne pas partir en vrille, il ne reste que peu de véritables solutions : le sport, le labeur et la musique. Martin $ky s’est dirigé vers la musique. Il a peine 13 piges lorsqu’il compose ses premiers beats. Ah, Fruity Loops…Très vite, le jeune Martin met provisoirement de côté les instrus pour se focaliser sur le rap, quelque chose qu’il aime plus encore que faire des prods. « Je pense que c’est en entendant un morceau de MF Doom que j’ai décidé de rapper, juste comme ça, pour le fun ». Ce qui ne l’empêche pas de le faire bien. Très bien même.

Il n’a fallu que quelques morceaux diffusés savamment en ligne et dans les oreilles de ses potes pour que le jeune $ky(walker) se fasse un nom dans le milieu, et se constitue une bonne petite fan base. Depuis, le kid n’arrête pas de martyriser le microphone, s’inspirant d’artistes issus de divers univers : le fumeur de weed au flow indolent Curren$y, le beatmaker de génie diagnostiqué bipolaire Flying Lotus, le truculent Tyler, The Creator, le rappeur gonflé à l’hélium Quasimoto, ou encore le regretté J. Dilla.

 Je pense que c’est en entendant un morceau de MF Doom que j’ai décidé de rapper, juste comme ça, pour le fun.

Dans le flow du gamin, on perçoit immédiatement l’influence de Curren$y. Cette nonchalance qui laisse croire que le kid lâche ses rimes allongé sur un divan affublé d’un pyjama Bugs Bunny. Bizarrement, cette mollesse, cette monotonie dans le flow n’est pas plus agaçante que ça. A ce titre, on pourrait le comparer à Earl Sweatshirt. Beaucoup ont raillé le MC d’Odd Future pour son flow monotone. Beaucoup aussi s’en foutent et prennent leur pied avec son dernier album, Doris. Mais revenons à nos moutons. Sa nonchalance, Martin $ky l’a trimballe sur des prods de FlyLo, Madlib ou Knxledge. Autant dire qu’on touche aux cimes de l’art. Qu’on soit ou non réfractaire à son flow, on ne peut pas nier qu’il colle parfaitement aux instrus. Jugez vous-même.

martinsky

Sans véritables thèmes, ses textes sont l’écho de sa vie, de ses ambitions et de ses passions, écrits avec un style que bien des artistes de son âge devraient lui envier. Il joue avec les mots avec une facilité déconcertante, tout en prenant soin d’avoir des textes bien ficelés. Sachant que la plupart des rappeurs d’aujourd’hui privilégient le flow à la plume, on peut légitimement penser qu’il a plus d’avenir qu’un rappeur qui limite son vocabulaire à « gun » « fuck » et « pu$$y ». En tout cas c’est ce qu’on lui souhaite, et de toute façon, on verra bien où en est sa progression avec son album timeLESS, qui devrait sortir début septembre.

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