Dom Kennedy, California cool

mardi 22 octobre 2013, par Joackim Le Goff.

« Yo girl got a cute face, her friend got a nice body ; They just wanna have fun, this my type of party ». Eté 2012, un son aussi ensoleillé et posé qu’une journée à Los Angeles percute mes tympans : tranquillement, Dom Kennedy vient de signer l’hymne absolu des soirées vacances. « My Type of Party », un morceau en or extrait d’un projet pas moins brillant, normal il s’intitule The Yellow Album. Un électrochoc doré pour une partie des auditeurs de hip-hop, mais juste une confirmation pour les initiés : ça fait cinq ans que le Dom incarne la californian way of life fantasmée de tous, celle qui profite de la vie sans se prendre la tête. En portant un jersey des Dodgers, s’il te plaît.

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L’indispensable Urban Dictionary – on cite des vraies références béton – définit l’expression « california cool » de la manière suivante : « having that laid back, chill swagger that all the honeys love. basically not giving a fuck and kicking it with the homies and a lot of pot. » Ok, pas de traduction nécessaire, t’as compris le délire. Un univers relaxé que le rappeur originaire de Leimert Park dépeint avec un vrai talent. Logique, il retranscrit son style de vie, loin des souffrances propres aux gangsters : « there are lots of kids like me to keep the balance between gang shit and just dressing nice and hanging with girls. How am in my music is how I am in real life, so people know it’s real. »

Depuis 25th Hour, son premier projet paru en 2008, Dom Kennedy a toujours baigné dans cette vibe, façon « Watermelon Sundae ». Une mixtape produite, promue et distribuée par ses soins, qui lui a directement attiré une reconnaissance régionale, avant de taper plus loin sur ses sorties suivantes : Future Street / Drug Sounds en dédicace à JT au printemps 2009, Best After Bobby (+ 10 000 téléchargements en quelques heures) ou encore les deux opus de From the Westside with Love en 2011. Autant de succès critiques qui lui prédisaient une signature prochaine en major… Sauf que ça ne l’a jamais intéressé.

 

« I’m not a rapper, i never made no money in music industry »

 

Dom Kennedy n’a jamais cru aux fausses promesses des majors, n’a jamais daigné abandonner son catalogue à des inconnus qui tireront leurs blé dessus. Un coup il refuse de rejoindre son ami Rick Ross, un autre il annonce qu’il ne paragraphera un contrat qu’à 2 millions de dollars minimum. Aujourd’hui encore, il persiste et signe, en vrai fer de lance de cette génération de rappeurs indépendants affirmés. Le parcours de Macklemore & Ryan Lewis ne va pas lui donner tort.

Toutefois, avec son nouveau projet Get Home Safely, le premier distribué physiquement en retail, Dom s’est décidé à franchir un palier et prendre sa musique encore plus au sérieux, au-delà d’une passion sans objectif précis sur le long terme. Un mood plus dark, que ça soit à travers les yeux de ses 17 piges dans le morceau « 17″ – « dad be workin’ hard but he get no promotion », ou les souvenirs d’un de ses meilleurs amis décédé l’an passé, qui a alimenté la conception de cet album. Mais globalement, de « South Central Love » au terrible « Pleeze », Domicic reste le même type décontracté et charmeur : « no introductions, she knows that me, she like my chucks and The way I’m strutting, the way I function ». Ouais, nous aussi on connaît sa manière de fonctionner et on sait qu’on va aimer.

Des hits ambiancés par The Futuristiks – responsables de la majorité des beats – au « Nothing Like Me » forcément minimaliste de DJ Mustard, Dom Kennedy impose son lifestyle sans forcer. Lazy. Il se permet même de chantonner sur la romantique missive « Tryna Find My Way ». Quel flegme.

Loin de la jouer rappeur fragile, artiste mégalo ou people tourmenté, Dom Kennedy donne le smile à travers sa musique, sans fausse note ni prise de risque inconsidérée. Ca tombe bien, c’est tout ce que j’apprécie chez lui.

PS : je peux pas m’empêcher de le remettre, juste pour le plaisir. Bordel ça fait du bien au mois d’octobre.

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