Que vaut vraiment HS87, l’équipe du phénomène Hit-Boy ?

mardi 12 mai 2015, par HIM.

J’avais hâte. L’apparition du printemps et d’une météo plus ou moins décente sur la région parisienne m’a poussé à réécouter, lors de mes déambulations urbaines, les tracks que j’avais mis de côté durant l’hiver comme un bon ours qui hibernait. L’heure du dégel ayant sonné, je me suis surpris à repasser en boucle toute l’écurie du HS87 (pour « Hits Since ’87 »), l’équipe de fin limiers du prodige Hit-Boy.

Le producteur de « Niggas In Paris »« Clique » (Jay-Z, Kanye West), « Drop the World » (Lil Wayne, Eminem), « 1Train », « Goldie » (A$AP Rocky), « Backseat Freestyle » (Kendrick Lamar) et autres « XO » et « Flawless » de Beyoncé a fait ses preuves en tant que faiseur de hits comme peu l’ont fait de l’histoire de cette musique. Mais celui qui aurait pu se la couler douce et faire des money phone sur Instagram toute la journée est en quête de nouveaux challenges. L’homme ne compte pas sur reposer sur ses lauriers et vendre des tubes à la pelle, loin de là : il créé son label HS87 en janvier 2013, le rattache à Interscope et quitte G.O.O.D Music chez qui son avenir était tout tracé. Aucun nom déjà fait ne compose son équipe, que des profils chez qui il perçoit quelque chose, d’autres avec qui il a grandi et… son père, Big Hit, qui était derrière les barreaux pendant la quasi-totalité de l’existence de son génie de fils.

Plutôt surprenant comme posse. Globalement, l’équipe possède des talents individuels qui ne demandaient qu’à briller mais magie de l’industrie de la musique, personne ne semblait vouloir les mettre dans la lumière. Rien de bien concret ne se passait pour eux, jusqu’à ce qu’Hit-Boy s’en mêle et les introduise à sa manière, il y a près d’un an jour pour jour, avec l’extraordinaire « Grindin’ My Whole Life ».

Oui, « Grindin’ My Whole Life » – le délicieux sample de « Le silence n’est pas un oubli » de Lunatic, hum – est l’introduction véritable du projet d’Hit-Boy. Il y a certes la mixtape All I’ve Ever Dreamed Of sortie près d’un an auparavant, en mars 2013, mais le crew n’était alors composé que d’Audio Push, K. Roosevelt et Hit-Boy lui-même. Non, les choses sérieuses commencent avec « Grindin My Whole Life » et l’album qui l’accompagne, We The Plug. Depuis, le gang fait son bout de chemin et nous, on décidé que c’était l’heure du conseil de classe. Que vaut vraiment le crew d’Hit-Boy ? C’est parti, suivez le guide.

Hit-Boy

Le head honcho du label est très clairement la tête d’affiche que vous devez connaître le mieux. Depuis la fondation de son label, Hit-Boy reste très actif niveau production : ses beats qui se vendent toujours aussi bien (« Trophies » de Drake, « Bow Down » de Beyoncé, la liste est interminable) et on imagine que le boss ne peut pas s’arrêter de produire s’il veut continuer à faire vivre tout ce beau monde. Du coté de sa propre carrière de rappeur, tout ne tourne pas forcément comme il le voudrait. Après le très bon HITstory (2012) qui commence à quand même à dater un peu, rien d’autre a se mettre sous la dent. Toutefois, tout n’est pas perdu : depuis quelques semaines, l’artiste sort sur Soundcloud des titres qu’il accompagne de vidéos toujours très bien réalisées mais qui n’annoncent, pour l’instant, rien de bien nouveau. Lui-même n’a pas communiqué sur ses projets futurs.

Kent M$ney

Un as, réellement. Probablement celui qui a le plus sérieux potentiel de carrière – en dehors peut-être d’Audio Push – parmi tous les membres d’HS87. Les détails sur sa signature sont plus que flous, a contrario de son talent qu’il a pu exposer dans ses différents projets notamment, Eyes Wide Shut (2013) ou plus récemment Crowned (2014). Les deux mixtapes sont en or et serties de diamants 90 carats. Versatile au micro, l’homme ne surfe pas sur les mêmes beats ou flow encore et encore et démontre son talent à chaque nouvelle sortie.

K. Roosevelt

Snobé bien souvent quand il s’agit de parler des membres les plus importants du label, il n’en reste pas un redoutable musicien et un bon chanteur. Sa voix a d’ailleurs déjà envoûté The Game puisqu’il figure dans son dernier album, Jesus Piece. Bien que figurant souvent dans la liste des featurings pour d’autres artistes, le garçon n’a quand même pas chômé en solo en sortant deux EP, RoseGold (2013) et J O U R N E Y (2014). Clairement un artiste dans le sens propre du terme, capable de tout faire, sa place au soleil ne devrait pas tarder.

Audio Push

Après Hit-Boy, clairement les ambassadeurs les plus côtés du label. Depuis leur apparition en 2009 avec le hit « Teach Me How To Jerk », le duo à sorti dix mixtapes, imposant un rythme de croisière faussement impressionnant. Cela fait bien trois ans qu’ils ont signé sur HS87 – ils étaient amis d’Hit-Boy auparavant, c’est lui qui est à l’origine de la création du groupe – et on attend toujours un album digne de ce nom. Des tracks gratuits c’est cool, mais il faudrait penser à monétiser un peu tout cela et nous donner un contenu solide. En attendant, vous pouvez vous délecter de leur dernière galette, The Good Vibe Tribe.

N.no

On va être honnête : originaire de la Nouvelle Orléans, N.no est quelqu’un de mystérieux. Il n’y a pas grand chose à dire de lui, sauf qu’il est très régulièrement dans la liste interminable des featurings sans avoir sortit un seul projet. Oui oui, zéro pointé. Pour un rappeur, ça commence à devenir fâcheux.

B-Mac The Queen

La caution féminine du label. Elle ne fait pas dans les faux-semblants puisque non seulement elle rappe, mais elle est également capable d’écrire pour les autres, notamment Teyana Taylor. N’ayant pas encore sorti de projet solo, on se demande si elle a réellement de la matière micro en main. Un plan marketing obscur qui est censé montrer que le label teste la parité au sein de ses troupes ? Na : B-Mac découpe ses collègues à chacune de ses apparitions derrière un micro, et ce n’est pas Sway qui dira le contraire. Elle est bien présente sur l’album et la mixtape du label, sans pour autant remporter la palme d’or car n’ayant pas de tracks en solo, nageant encore une fois dans une flopée de featurings. Dommage.

En ce qui concerne le padre, Big Hit, il serait, d’après nos recherches, juste associé à HS87 et non signé comme les autres. Nul doute que son siège est au chaud et que celui qui accompagne son fils sur tous les plateaux TV et émissions de radio l’occupera en temps et en heure. Mais pour l’instant, l’homme est discret. Un clip circule depuis quelques mois sur le web, « G’z Don’t Cry », qui est loin d’être mauvais. En dehors de ça, six tracks avec quelques centaines de vues traînent sur un Souncloud, deux petites apparitions sur We The Plug, mais rien de plus. Le mystère reste entier.

Place maintenant aux producteurs.

B. Carr

Producteur mais également rappeur, il est entré dans le groupe dans un premier temps car le boss était son meilleur ami. Ça aide dans la vie. En tant que producteur il est plutôt au point : souvenez vous de « Hopes And Dreams » qui se trouvait sur Rolling Papers de Wiz Khalifa. Depuis, il faut le noter, le garçon travaille dans sa caverne fournissant essentiellement les membres du label en beats et cherchant peut-être encore un nouveau hit. Mais son passage sur « Grindin’ My Whole Life » (0’40’ à 0’57’) est le préféré des internautes. C’est déjà ça.

Rey Real & Haze Banga

les principaux producteurs de l’album de l’album We The plug (2014). Quelques fois, on descend en flèche les artistes pour leur manque cruel d’inspiration, autant dans le fond que dans la forme. Cette fois-ci nous allons nous contenter de porter fictivement au bûcher les producteurs de ce projet – j’insiste sur le mot fictif. La direction prise par les deux beatmakers laisse réellement à désirer, ce qui est quand même dommage et pénalisant, surtout pour ceux et celles qui se devaient de briller sur cet album de famille. On peut le dire maintenant : les deux lascars ont clairement manqué le coche dans cet opus. Toutefois Rey Real a coproduit « Trophies » avec son boss et « Flawless » de Beyoncé, donc il se rattrape pas mal.

S.dot

Producteur, fournisseur des membres du label en beats de tout genre. Oui, on a l’impression de se répéter un peu mais les beatmakers sont souvent des hommes de l’ombre, des vampires qui rejettent la lumière. C’était du moins le cas il y a quelques années. On peut reconnaître une qualité à S.Dot, à savoir celle d’être diablement discret quand il s’agit de savoir sur quoi ou avec qui il a travaillé jusque là. Mais bon, la famille reste la famille et tant qu’Hit-Boy a la côte auprès des plus fortunés, tout ce petit monde continuera à vivre à son crochet.

 

Auteur : HIM
Éditeur : Antoine Laurent

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