Interview // Housse De Racket

dimanche 9 octobre 2011, par SURL.

Vendredi 23 septembre, tout Clermont est aux aguets. Le label Kitsuné fait un détour par l’Auvergne pour une soirée labellisée. Is Tropical était attendu mais ce sont les banlieusards parisiens d’Housse De Racket qui ont assuré le show. L’emballement reste toujours le même. Nous avons décidé d’aller à leur rencontre après une petite heure de show privé pendant les balances. On a découvert un duo ultra sympa et ambitieux à quelques minutes de monter sur scène.

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SURL : Avez vous eu le temps de visiter la ville ? C’est votre première fois à Clermont ?
Housse De Racket :
Non on a déjà joué ici à la Coopérative de Mai à Clermont. On a fait la première partie du groupe anglais Razorlight en 2009 et malheureusement on a vu autant de la ville que la dernière fois, autrement dit rien. Si, la rue Serge Gainsgourg et le Polydôme et un bout de square. Et à chaque fois ça nous frustre de ne pas visiter les villes, à part quand il y a un day off le lendemain sinon on ne voit jamais rien.

SURL : Vous êtes originaires d’où ?
HDR :
On est nés à Paris mais on a grandi en banlieue.

SURL : Comment vous êtes-vous rencontrés ?
HDR :
On s’est connu au conservatoire. Victor portait un magnifique tee shirt Pearl Jam, c’était en 94 il me semble. Et ensemble, on parlait de Nirvana tout le temps en fait c’était un peu le première rencontre non officielle. On était dans l’orchestre de notre banlieue et celui du conservatoire et des années plus tard on s’est retrouvés pour faire de la musique. On s’est mis sérieusement à Housse de Racket en 2004.

SURL : Comment vous définiriez votre musique ? Parce que beaucoup ont du mal à la classer dans un genre particulier.
HDR :
Nous, sur ce disque on a essayé de faire un album de pop moderne un peu futuriste, un peu apocalyptique, un peu moderne. Après il y a du français, des influences new wave… Beaucoup de gens parlent de similitudes avec Phoenix et compagnie, après nous on essaye de s’en détacher au maximum. Une part de notre musique est assez psychédélique et assez progressive en fait et voilà y’a toujours un coté épique qui revient. Parfois il y a eu un amalgame avec la chanson « Oh yeah » qui est une chanson qu’on adore mais qu’on a pu être classé un peu baby rocker ou je sais pas des choses qui nous correspondaient pas vraiment. On a tendance a dire que « Oh Yeah » c’était un peu la partie visible de l’iceberg. Mais au final je crois qu’on est les moins bien placés pour définir notre musique en termes marketing.

SURL : Pourquoi ce choix de chanter beaucoup plus en anglais sur ce deuxième album alors que le français dominait sur le premier ?
HDR :
C’est vraiment une initiative personnelle. Pour le premier album, on chantait à 99 % en français mais on a quand même eu la chance de jouer dans le monde ailleurs qu’en France et d’être accepté avec notre langue donc nous, on voulait s’accrocher à ça mais pour ce deuxième album on a arrêté de se mettre des barrières et notamment celle de la langue anglaise. Le premier morceau qu’on a fait en anglais c’était « Château » même si le refrain est en français. C’était existant pour nous parce que c’était nouveau et c’est sûr que l’anglais reste la langue universelle de la pop, mais on quand même envie de garder notre part de français et notre producteur nous a encouragé à mort dans ce sens.
Le français qu’on recherche c’est un français très international avec des formules très simples que chacun peu s’approprier en fait. C’est important pour nous la liberté d’interprétation des morceaux.

 

[highlight]On est un groupe rock qui a racketté la housse[/highlight]

 

SURL : D’où vient votre nom HDR même si c’est une question qu’on doit souvent vous poser ?
HDR :
Alors on a commencé après la première période french touch vraiment liée à la housse qui était en fait une musique électronique qui venait de la maison et nous on a un peu retranscrit ce concept là avec un groupe de rock et après on voulait racketter la housse tout simplement. Peut-être la pire idée qu’on ait jamais eu…

SURL : Vous avez signé en 2011 sous le label Kitsuné. Comment cela s’est-il passé ?
HDR:
En fait Gildas Loec avait entendu parlé qu’on travaillait avec Philippe Zdar et ça l’a intéressé, il a écouté le morceau « Château » entre autre et il nous a proposé de le mettre sur la compilation Kitsuné Maison 10 et voilà on était ravis. Suite à ça, il nous a booké sur une soirée Kitsuné Maison à Paris à la Maroquinerie et tout s’est enchainé. On a été très content de signer sous ce label et on l’est toujours.

SURL: Pour vous c’est une fierté ?
HDR:
On est très très content et très très fier de travailler avec eux. Pour nous c’est un casting qui est idéal; à nous d’assurer maintenant partout en concert etc. Au final il n’y a pas beaucoup d’artistes vraiment liés à Kitsuné, il doit y en avoir environ 5 qui ont des albums.

SURL : Que pensez-vous de la scène électro française actuelle ?
HDR:
Elle est très très vivace, il y a vraiment beaucoup de groupes. Tout cet automne et cet hiver on va faire pas mal de festivals, donc on va partager pas mal de scènes. Il se passe beaucoup de choses vraiment excitantes, les Phoenix, les Air et avant les Daft Punk ont vraiment creusé un sillon et ouvert une voie ; ce qui est positif c’est qu’il y a un appel d’air pour beaucoup de groupes français à l’étranger même si nous on est très fier d’être en France et à Clermont Ferrand, ville des lumières et du Polydôme. (rires)

SURL: Quels sont vos chouchous ?
HDR:
On aime bien Logo avec qui on va partager la scène ce soir. Sans que ce soit un truc consensuel Kitsuné hein ! Puis on en a partager pas mal avec Quadricolor avant qui sont hyper prometteurs pour nous. Ils ont un vrai potentiel et représentent l’originalité française.

SURL: Et s’il y avait un artiste, un seul avec qui vous aimeriez collaborer ?
HDR:
Stevie Wonder ! Si on pouvait être en studio avec Stevie Wonder, tous les trois, ça pourrait être pas mal ouais… pour faire des synthés et tout ça pourrait être cool ! (rires) On est des gros gros fans de lui, même si ça se ressent pas forcément dans notre musique.

SURL: Justement, en parlant de synthés, vous utilisez plus de l’analogique ou vous tapez dans le « vieux » ?
HDR:
Plutôt que des vieux a priori… Même si on a pas envie de tomber dans le fétichisme vintage ! Mais justement, ce qui nous intéressait sur « Alesia » c’était d’utiliser un orgue qu’un pote à nous nous a prêté. Ce qui nous plaisait, c’était d’actualiser et de moderniser ce son et d’arriver à un truc assez intemporel. Mais dans l’ensemble on est très, très, très branché vieux synthés même si on s’est beaucoup calmé au niveau des achats ! Pour vous dire, le truc le plus récent qu’on a, il doit dater de 1985 quoi. On a une assez grande collection, d’ailleurs on a fait un morceau sur le premier album qui s’appelle « Synthétiseur ».

 

[highlight]Le but c’est de complètement sortir de cette « hype » et d’être un groupe reconnu[/highlight]

 

SURL: Vous pensez quoi de l’étiquette du groupe « hype » du moment que l’on vous colle ?
HRD:
Alors « hype », ça veut un peu rien dire déjà et en plus ça peut faire extrêmement superficiel et prétentieux alors que nous on est avant tout des amoureux de musique, passionnés d’harmonie et de matériel etc. Donc tant mieux si ça rend le truc un peu intriguant et intéressant, après nous on sait qu’on est là pour longtemps et on espère qu’on sortira « inchallah » le plus de disques possible quoi. Une discographie ça se construit et une carrière c’est long.
Mais « hype » ça peut aussi vouloir dire que voilà, c’est pas connu du grand public et que c’est réservé un à petit nombre de connaisseurs; c’est un peu l’histoire de tous les groupes à leur commencement au final. Le but justement, c’est de complètement sortir de cette « hype » et d’être juste un groupe reconnu.

SURL: Mais c’est difficile d’en sortir quand on signe avec un label comme Kitsuné…
HDR:
Mais c’est sûr, c’est sûr. Et c’est ce qui nous intéressait avec l’image de marque du label dans le monde. On s’en est rendu compte. On a fait une tournée en Allemagne il y a quelques jours et les gens venaient, parce que la soirée était labellisée Kitsuné et d’ailleurs, y’a un groupe qui faisait notre première partie là-bas qui nous a dit qu’ils voulaient faire parvenir des démos de leur album à Kitsuné. Mais on est fier de ça, de porter leurs couleurs. Mais au-delà de cette image de marque, c’est un label qui est résolument tourné vers le monde et même si on est très content de jouer en France, c’est une opportunité pour notre travail que de pouvoir faire voyager le plus possible notre musique. On a été plusieurs fois au Japon par exemple et c’était incroyable !
Deux banlieusards de Paris qui vont jouer leurs musiques à Tokyo, c’est ouf !

SURL: Hormis les voyages, quelles sont vos influences ?
HDR:
Ben pour cet album, on a décidé de s’inspirer de tout sauf de musique. On était vraiment curieux sur à peu près tout. On a maté beaucoup beaucoup de films et on s’est tourné vers l’art, l’architecture etc. Cet album reprend deux thématiques importantes, l’Homme et son environnement. C’est un peu pompeux, mais c’est un peu ça. Genre le Polydôme de Clermont wahou quoi !

SURL: Et vos ambitions pour le future ?
HDR:
Euh… jouer partout où les gens veulent bien de Housse De Racket et j’espère aller aux Etats-Unis (plutôt côte Est) et pleins de bonnes choses pour 2012, savoir évoluer et écrire pleins pleins pleins de morceaux…

SURL: Pour finir, notre question habituelle. Si votre musique était un plat ?
HDR: J’crois qu’il y’aurait des frites dedans, ou un couscous. Un truc qui pique quoi. Un espèce de mélange entre frites et Sushis (USA et Japon). Ou un bonne tartine de foie gras, parce que c’est un peu lourd et assez fin à la fois, c’est un peu nous quoi !

SURL Magazine remercie le label Kitsuné, Housse De Racket et La Coopérative de Mai pour leur sympathie et leur générosité.

Par Thomas Bringold et Thomas Viallon

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