Interview – Is Tropical

mercredi 24 avril 2013, par Julie Green.

Après une trop courte nuit, on enfile nos Marcels avec une hâte non dissimulée pour rejoindre les mecs d’Is Tropical dans les locaux de Kitsune. Dans la rue d’à coté, des mecs se battent jusqu’au sang en pleine journée. Well, pourquoi pas. Panini tiède en poche, on branche immédiatement le microphone pour ne surtout pas rater une miette de cette interview gueule de bois d’anthologie.

(ils commencent) Salut, enchantés. Vous avez fait quoi hier soir ?

SURL : On était au Baron. Et chez Carmen. 
Is Tropical : Hey mais on connait Carmen ! On a fait un DJ set là bas il y a quelques mois. Avec Total Warr, ils sortaient leur EP « Loisy ».

Ah, y’avait Total Warr hier justement. 
Ah mais ouais il m’a dit ! Ils viennent ce soir nous voir au Social. C’était cool hier ?

Ouais c’était cool. Mais là on est pas bien. Vous vivez toujours à East London ? 
Ouais.

Vous pouvez nous raconter un peu à quoi ressemble la vie là bas ? Est-ce que le quartier, les gens qui y vivent vous influencent, est-ce que vivre là bas, ça change d’une manière ou d’une autre votre rapport à la musique ? 
Tous les groupes finissent par venir y vivre. En Angleterre en tout cas. Des potes viennent d’arriver de Birmingham là, d’autres d’Ecosse. East London, c’est un peu toujours les vacances. Tu as ce club où tout le monde se retrouve à la fin de la semaine, c’est une sorte de communauté. Les gens vont, viennent… on vit un peu dans des espèces de bulles. Et puis chaque semaine elles s’élargissent, machin te présente un mec, qui t’en présente un autre, qui au final connait untel du premier groupe…on revient toujours au cercle de départ. Et quasiment tout le monde est dans un groupe. Du coup, c’est toujours un peu pareil, t’arrives chez un mec, tu prends un peu de drogue, ou tu te mets une race, et puis voilà, tu chopes une guitare et c’est parti, ça joue, et ainsi de suite. On a tous les mêmes emplois du temps au final ! Et puis quand on tourne…on se retrouve dans les festivals, et quand on rentre à Londres, on remet ça, on retrouve tout le monde et on se marre. Mais pour revenir à la question des influences… on chope quasiment tout sur la route, en tournée, grave aux nouvelles cultures, aux nouveau paysages, pas à Londres.

[highlight] »Kitsune, ce truc de l’image, ça nous plait. On est ouverts sur leurs propositions. »[/highlight]

On connait Kitsune pour donner quasiment autant d’importance à l’image qu’à la musique. Signer là bas, c’était une évidence pour vous ? 
C’était sur notre liste. On avait une liste avec quelques labels, et clairement Kitsune en faisait parti. Dès le début, on les sentaient super bien. Là on savait qu’on allait être libres. Tu sais, avec toutes les histoires qu’on avait entendu sur les labels qui te filent beaucoup d’argent et au final empiètent sur ta marge de création… Et ouais, ce truc de l’image, ça nous plait. On est ouverts sur leurs propositions. Et puis Kitsune, c’est vraiment une famille. C’est pas un label comme les autres. Quand ils sont à Londres où quand on est à Paris, on s’appelle, on sort ensemble. On travaille quand il le faut, mais on sait aussi s’amuser. Et puis plus globalement…en Angleterre, les groupes signent sur des labels anglais, et ils ne tournent qu’en Angleterre . Ils atteignent un niveau incroyable sans même s’en rendre compte sans jamais sortir du territoire. Nous grâce à Kitsune, pour nos premiers shows on était déjà au Japon ! On a fait que quelques tournées, mais on a vraiment voyagé. Dernière chose : chez nous, on te file 5£ pour aller t’acheter à manger, tu te débrouilles. Là on arrive, la cuisine est mortelle, on a du vin, du whisky, on est là putain mais « fuck touring in England » ! La France, c’est génial pour ça. L’Allemagne, moins par contre. (rire)

Je suis un grand fan du 1er album. On a écoute le deuxième hier soir, et vous vous êtes vraiment calmés. Vous avez laché la batterie électronique…
T’as entendu notre EP d’avant [ndlr, Flags] ?

Ouais ouais, carrément. 
En fait on voulait faire un truc séparés. Au début on avait ces deux morceaux [ndlr, « Venezuela » et « Oi Peru »], et le reste de l’album. On voulait tout mettre dessus, et puis on s’est dit…franchement, autant séparer, l’écart était trop grand. Et on a bien fait parce que personne n’a aimé l’EP !

Moi je l’ai aimé. Je l’adore. 
Ah ouais ? Putain cool ! Nos potes en Angleterre, et des potes de Vancouver l’aimaient bien. C’est marrant parce que l’interview qu’on a fait juste avant, le mec nous dit « J’adore le rock, j’ai écouté votre EP, j’ai détesté ! ». Mais c’est super excitant de pouvoir faire plusieurs trucs différents. Quoiqu’on enregistre, on est contents de le faire. D’une manière positive, tout est unique. Et cette fois, on voulait juste changer un peu.

C’est vachement mélodique. Avant, avec toute la batterie, on la percevait à peine. 
C’est pour cette raison qu’on a jamais fait de sessions acoustiques avant, parce qu’on pouvait pas avec notre musique !  Et Luke… il a ce coté très pop. Et c’est aussi un énorme nerd. Si tu as une idée, il va te la concrétiser. Sur le premier album, on travaillait autrement, on étayait davantage les sons. Maintenant, d’une certaine manière, on a gardé cette méthode, parce que c’est devenu notre marque de fabrique, mais Luke est vraiment fort pour réussir à aller de manière directe vers une idée. A la place d’être une espèce d’illusion faite de mélanges, c’est la pureté, directement. C’est plus clair. Et quand les chansons sont construites pas à pas, à moins que tu puisses écouter, par exemple juste la basse isolée, c’est difficile de ressentir l’énergie générale…

[highlight] »Le truc, c’est juste faire ressentir aux gens ce qu’ils ressentent pendant le moment précis où ils écoutent ta musique. »[/highlight]

Du coup vous allez faire comment pour les concerts, pour jongler entre les deux albums ? 
Ca fonctionne. On a déjà fait quelques concerts avec les deux albums mélangés. Avec le 1er, c’est plus lourd, plus rapide. Mais en fait, quand tu joues avec d’autres groupes, où selon les endroits… tu t’adaptes. On peut carrément adapter. Comme tu le disais tout à l’heure, il ne faut pas que la mélodie se perde dans le bruit. Donc on travaille plus sur la performance. Moins théâtral, plus dans l’émotion. Quand on joue, comme je te disais, selon l’endroit on adapte le set. Maintenant, on a 26 morceaux. Ca veut dire qu’on peut aussi bien se permettre de choisir dix chansons moins électroniques que dix chansons super rock. Et avec les nouvelles, c’est clair qu’on est plus dans un mode « daytime » qu’avec l’album précédent.

Quand les gens entendent votre musique, c’est quoi le plus important, il faut les faire danser, où leur évoquer des choses ? On est plus dans l’expérience physique ou mentale ? 
C’est difficile de faire de la musique qui n’évoque rien. Même si c’est juste de la colère ou un « c’est de la merde »…  le truc, c’est juste faire ressentir aux gens ce qu’ils ressentent pendant le moment précis où ils écoutent ta musique. Pas seulement… (nous sommes obligés de nous interrompre car derrière, les garçons discutent et jouent « Lies » à la guitare. Après quelques minutes de pause, l’interview reprend progressivement)

… Au début, quand on a enregistré ce morceau [« Lies' »]… tout le monde était là à nous dire « Allez joue le ! ».

Mais c’est quoi d’ailleurs, c’est une chanson d’amour ? 
Non, c’est une anti-chanson d’amour. C’est sur le fait qu’on ait pas besoin de se marier pour tous coucher ensemble.

Le clip est extraordinaire. 
Ouais on l’adore aussi.

C’est même pas un réalisateur si ? 
Non non c’est un photographe. On a un nouveau clip là [ndlr, « Dancing Anymore », sorti cette semaine]. Il est incroyable. Comment on peut t’expliquer ? Glossy ? Erotique ? C’est MEGAFORCE encore. C’est sur un mec de 18 ans qui se masturbe, et qui commence à penser à des trucs pas possibles… on adore ce clip. Les gens vont devenir fous.

Ouais les gens vont un peu flipper. On adore MEGAFORCE. Quand ils ont fait « The Greeks », ils ont eu plein d’opportunités, ils ont fait de plus en plus de clips, pour MIA, plein de monde. Ils ont toujours des idées incroyables. Mais les gens les brident, ils sont toujours là, « non tu peux pas faire ça », « non ça va trop loin ». Nous on s’en fout. Tu vois cette fille dont tu jettes jamais le numéro parce que tu sais qu’elle fera toujours tout ce que tu veux ? C’est genre tu sais, il y a la fille que tu prends pour tes dates, un peu boring, un peu trop gentille, et ce moment où tu te dis allez, fuck off, j’appelle l’autre. Et bien c’est ça, c’est ce qu’on est pour MEGAFORCE ! On est la liberté. Je pense qu’ils étaient ravis de revenir vers nous et cette liberté totale après avoir fait des trucs plus commerciaux.

Pourquoi vous avez appelé une chanson Toulouse ? 
Parce qu’on l’a écrite à Toulouse.

Pourquoi vous donnez toujours des noms de villes ou de pays à vos chansons ? 
Parce qu’on écrit toujours en tournée. Depuis le premier, on est toujours en tournée. Quand tu commences à écrire, tu ne sais pas à quoi ressemblera la version finale, et encore moins quel sera le titre. C’est assez naturel comme démarche finalement. Bon, j’ai essayé d’en nommer une après mon ex mais elle m’a viré de la maison après ! (rires) je pense que la chanson devait pas être assez bien ! Toulouse c’est vrai que c’est bizarre. Les gens nous demandent souvent. C’est vrai que ça fait pas très romantique…

[highlight] »Tu vois cette fille dont tu jettes jamais le numéro parce que tu sais qu’elle fera toujours tout ce que tu veux ? C’est nous. »[/highlight]

Bien sur que si, c’est la ville rose ! 
Ah ouais ?? Ah on savait même pas. J’ai jamais fait attention. On est jamais allés dans la ville en fait, on est resté au Bikini ! C’est une salle géniale. Il y a une piscine mec ! Le son est mortel, la bouffe est incroyable. On adore cet endroit. Il faut que vous veniez ! C’est loin de Paris ?

Non ça va, en avion ça va vite. Bon et sinon, quelle est la nature de votre relation avec Crystal Fighters ? 
On a pas mal tourné avec eux. On est super potes. Quand on se retrouve, on chill, on fait des BBQ, on kiffe. Et puis Graham [ndlr, Dickson, guitariste du groupe], il est devenu super spirituel récemment. Il a vu un documentaire sur l’Egypte et ça l’a retourné ! Là il va s’acheter une énorme parcelle dans les terres de NY et construire une communauté. Les gens pourront construire leurs maisons, faire pousser leurs légumes. Ca devrait être prêt d’ici deux ans. On mettra un studio, un skate park… on pourra tout faire.

Ok génial. On peut venir ? 
Evidemment, c’est fait pour ça ! Par contre c’est loin de Toulouse !

Interview réalisée conjointement avec Antonin Romeuf-Collin. Merci également à Julien Pédron et à Mathieu Pinaud.

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