Interview – RAC casse la baraque

lundi 17 février 2014, par Joackim Le Goff.

Trois lettres, 22 millions de lectures sur Soundcloud et un EP sorti en octobre écouté plus de 5,5 millions de fois. RAC, pour Remix Artist Collective, sévit dans le monde du remix depuis plusieurs années et fait trembler les charts de Hype M à chaque nouvelle sortie. Désormais, le collectif emmené par André Allen Anjos s’attaque désormais à la composition originale. Bingo, puisque l’EP Don’t Talk To cartonne. Une bonne entrée en matière avant l’album Strangers, dont la première partie sortira en mars avant une seconde en avril.

RAC

Je t’ai personnellement découvert à la fin d’un épisode de How to make it in America, avec le terrible remix de Washed Out, “New Theory”.  Comment est-ce arrivé ?
Par chance, j’avais déjà collaboré avec le superviseur musical de HBO. La première série sur laquelle j’avais placé un morceau, c’était Entourage. Je pense que ce remix a été utilisé sur How to make it in America en raison de mon travail passé avec la chaîne.

Aujourd’hui, beaucoup de jeunes talents se font connaître à travers leurs covers et remixes. Pourquoi as-tu commencé en remixant d’autres artistes ?
Je pense qu’en 2007, lorsque j’ai commencé, il n’y avait pas tant de personnes qui le faisaient. C’est ensuite devenu plus populaire, mais à ce moment la blogosphère et la scène musicale sur Internet étaient encore très neufs et moins impactants. J’ai décidé de multiplier les remixes, parce que ça me semblait être une petite niche dans laquelle je voyais beaucoup de potentiel. En plus, je n’aime pas trop chanter, donc c’était l’opportunité de composer sur d’autres voix.

As-tu déjà eu des avis et retours d’artistes que tu as remixé ? Ils apprécient ton travail en général ?
Oui, je me suis rendu compte que pour faire de ce travail une profession, je devais réaliser des remixes officiels. Ca veut dire qu’il faut obtenir l’autorisation du label et du groupe. Donc naturellement, les artistes écoutaient mes créations et le validaient. Certains artistes sont plus impliqués que d’autres dans ce processus. Quoiqu’il en soit, c’est toujours très agréable d’entendre des avis positifs des artistes.

Le remix dont tu es le plus fier ?
Ah, c’est difficile ! C’est comme choisir son enfant préféré. Mais si je devais en choisir un, je prendrai probablement mon remix de « Home », par Edward Sharpe.

J’imagine qu’il existe une sorte de competition entre les specialists du remix. Vous vous challengez entre vous ?
Bien sûr ! On est tous super compétitifs. On est tous potes, mais c’est une sacrée compétition.

Pour toi, qui est le meilleur dans ce domaine ?
J’adore tous les projets remix de Cornelius. CM1, CM2, CM3, CM4.

Qu’est ce qui t’as convaincu de franchir la ligne entre le remix et la composition originale ?
J’ai senti que c’était le bon moment. J’ai créé des remixes pendant longtemps et je me suis fais quelques amis dans le secteur musical. J’ai commencé à demander à certains artistes que j’avais remixé de poser sur mes propres compositions, ça s’est calé très naturellement.

Retravailler sur une base existante et imaginer un morceau depuis le début restent deux choses particulières. L’approche artistique est-elle différente ?
Ils son perçus différemment par le public, mais l’approche est en réalité assez similaire. Personnellement, c’est juste un point de départ différent. Au final, ça reste de la musique, donc je me sens à l’aise avec ces deux approches.

Le morceau que tu rêverais de remixer, mais que tu n’as pas encore osé toucher ?
Ah ! Je pensais que je ne remixerai jamais Bob Marley, mais on m’a approché à propos d’un projet d’album remix et j’étais super excité. J’ai bossé vraiment super dur pour proposer quelque chose à la hauteur. Rien ne pourra égaler l’original, mais c’est fun d’essayer des choses différentes.

Je ne t’ai pas encore vu jouer en live, mais il paraît que tu es particulièrement impliqué dans l’approche visuelle de tes prestations. Quelles sont tes inspirations et comment souhaiterais-tu que tes live soient perçus par l’audience ?
J’adore l’idée de mettre en place un « show ». Une performance excitante et divertissante, que le public quitte heureux à la fin. D’un autre côté, ça reste mon « art », donc il faut équilibrer les deux aspects. La plupart du temps ça fonctionne bien ensemble. L’approche visuelle ici est très influencée par 2001 l’Odyssée de L’Espace, un de mes films préférés. Comme on ne peut pas avoir tous les chanteurs en tournée avec nous, ça m’a paru sensé d’élaborer des éléments visuels qui les représentent symboliquement. Ca évolue et change de couleur de manière dynamique au fur et à mesure des morceaux, un peu comme une intelligence artificielle.

L’organisation a reçu une demande d’invitation de Jaden Smith. C’était étrange, car nous n’avions aucune connexion avec lui. Apparemment, ses agents auraient demandé qu’il soit présent sur scène.

 

Pour terminer, peux-tu nous raconter une ou deux anecdotes surprenantes qui te sont arrivées sur scène ?
Bon, je ne sais pas si cette demande était vraie, mais à Washington, l’organisation a reçu une demande d’invitation de … Jaden Smith. C’était étrange, car nous n’avions aucune connexion avec lui. Apparemment, ses agents auraient demandé qu’il soit présent sur scène pendant qu’on jouait et ils voulaient qu’on fasse un shout-out à Jaden. C’était vraiment bizarre, je ne sais toujours pas si c’était une requête officielle ou si quelqu’un se foutait de nous, mais en tout cas il ne s’est jamais pointé !

Tiens, une autre histoire, à  Mendoza en Argentine. Après la fin du show, beaucoup de gens sont venus nous voir. Genre BEAUCOUP de gens. On pouvait même plus bouger, on était presque piégé. Un de ces moments où tu te sens complètement impuissant. Rien de grave n’est arrivé bien entendu, mais c’était un peu fou !

Albums : Strangers Part 1 – sortie prévue le 4 mars / Strangers Part 2 – sortie prévue le 1er avril.

Big up à Nina pour l’interview.

cover album

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