Art – Jan Fabre et les 600 000 carapaces des Beaux Arts

lundi 9 décembre 2013, par Antoine Laurent.

Journée dédiée à nos voisins d’outre-Quiévrain. Après la publication de notre portrait de Scylla, rappeur de Bruxelles qui secoue l’hexagone, c’est l’art d’une autre figure belge que nous mettons en avant via ce court billet. Depuis le 8 novembre dernier et jusqu’au 10 février prochain, Jan Fabre – le fantasque et célèbre artiste récemment décrié pour ses lancers de chats – gratifie le Palais des Beaux Arts de Lille d’une partie de son oeuvre.

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Une exhibition qui se divise en deux parties. D’un côté, avec Chalcosoma, le natif d’Anvers propose moult sculptures en bronze doré de crânes, cerveaux ailés, scarabées caucasus et défenses d’éléphant. La partie assurément la plus bling bling de l’expo. De l’autre, intitulée « Hommage à Jérôme Bosch au Congo », Jan Fabre présente une bluffante série de tableaux entièrement constitués d’ailes de scarabées.

La première partie de l’exposition, c’est la grandeur de la décadence : chacun des objets présentés attire l’oeil, intrigue, au point qu’on souhaiterait presque s’en approcher pour se contempler dans son reflet mordoré. Voire de s’en saisir. Les 21 œuvres de l’atrium du musée, qui constituent la deuxième partie de l’expo, donnent aux murs une épaisse carapace d’émeraude. Sa complexité se révèle d’ailleurs une fois le nez collé aux différents panneaux, une fois que chaque élytre – le nom donné aux ailes de scarabée – est perceptible indépendamment de l’ensemble qu’il constitue. Chaque panneau est composé de 25 à 30 000 ailes-carapaces. Un hommage aux peintures de Jérôme Bosch, artiste hollandais du 15ème siècle : « Un artiste emblématique« , pour Fabre, « d’un côté, il réalisait des commandes pour les églises et, de l’autre, il dénonçait les moeurs hypocrites des notables et des bourgeois… Au-delà de son aspect burlesque et macabre, l’oeuvre de Bosch est une critique de la folie des hommes qui vivent à l’envers et perdent leurs repères.” Une oeuvre que l’artiste belge a souhaité conjuguer à l’histoire du Congo pour caractériser, à sa manière, le mal commis par les colons en Afrique. Clairement, il est difficile de faire ressortir le lien que Jan Fabre a voulu établir entre Bosch et le Congo de Léopold II ; le côté inaccessible de l’art contemporain, en somme.

L’atrium du Palais des Beaux Arts semble plus imposant que jamais avec les panneaux qui ornent désormais ses quatre murs. Les trois sculpture de scarabée en son centre donne à l’ensemble de l’édifice quelque chose de majestueux ; une sensation accentuée par les nombreux crucifix qui dominent la pièce en exposant un large bestiaire d’animaux-martyrs. Cette complexité et la grande beauté de cette exhibition, simplement, réconcilieront assurément les frustrés de l’art contemporain et les amateurs de belles choses.

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