Quand Jay-Z clashe Google, YouTube et l’Amérique blanche

mercredi 20 mai 2015, par Olivier Cheravola.

Dans l’affaire opposant Shawn « Jay-Z » Carter Vs Le Monde Entier, il est fort à parier que le dernier concert délivré par le propriétaire de Tidal fasse fortement pencher la balance. On avoue avoir été inquiets au sujet de la santé mentale de Hov lors du rachat de la plateforme de streaming, et les semaines qui ont suivi on a bien ri sous cape devant les attaques des internets. Honte à nous.

Car plutôt que de se draper dans sa dignité et pleurer sur l’épaule de DaftPunk et Alicia Keys en buvant du champagne, Jay-Z a réagi avec les armes qui lui vont finalement le mieux : un micro et un beat. Il avait promis un contenu exclusif aux abonnés de Tidal. Le rappeur/entrepreneur a tenu sa promesse en délivrant deux heures de show privé uniquement composé de B-Sides (comprendre des morceaux de son répertoire connus mais peu exposés commercialement).

C’est donc un Jay-Z frondeur, sûr de lui, qui déboule sur la scène du Terminal 5 à New York. Un Jay-Z qui dés les premières mesures de « Young, gifted & black » prévient la foule amassée devant lui, un peu trop occupée à balancer des signes Illuminati : « I’m America’s worst nightmare  I’m young, black, and holding my nuts like « yea! » (Je suis le cauchemar de l’Amérique / je suis jeune, noir et je porte mes c******s.)

Pour filer la métaphore, on peut avouer que Jay Z tient effectivement la barre de son navire de façon remarquable. Seul au micro jusqu’aux apparitions de Beanie Siegel, Freeway ou Jay Eletronica entre autres, le mari de Beyoncé assène une véritable leçon de rap. Une setlist impeccablement huilée, qui glisse dans les conduits auditifs comme une feuille de basilic sur une tranche de Mozzarella un soir d’été. Et puis, soudain, le coup de grâce.

Un peu avant d’entamer « Politics as usual » Jay-Z se fend d’un 16 mesures a capella aux airs de règlement de compte. Et YouTube, Apple, Nike, et de façon plus large l’Amérique blanche conservatrice de se prendre une rafale de pruneaux verbale bien sentie.

« Pour moi Youtube est le plus gros truand / Ces renois te payent un dixième de ce qu’ils sont supposés / Tu sais que certains renois sont mort pour l’égalité ok? C’est plus la vieille époque, tu sais que quand je taffe je ne suis pas ton esclave ok?  » déclare t’il avant de faire une référence aux morts tragiques de Freddie Gray et Michael Brown et d’érafler au passage Phil Knight et Steve Jobs.

Shawn Carter aka Jay-Guevarra dans le rôle de David contre Goliath… Si l’on est loin d’être dupes de la manoeuvre, on est tout de même amusés de voir Hova revêtir son costume de sniper le temps d’un clash. Et soulagés de le retrouver micro en main avec le charisme qu’on lui a connu. Google n’a pour le moment pas pas réagi en supprimant l’ensemble des vidéos de la chaîne YouTube de Tidal.

Pendant ce temps là, à Cannes, une partie du rap français clashait Marion Cotillard. On a les adversaires qu’on mérite, après tout.

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