Killer Mike : un ticket pour la maison blanche ?

mardi 24 novembre 2015, par Jihane Mriouah.

Grosse semaine pour Killer Mike, moitié de Run The Jewels. Après une conférence à l’Université d’état de Floride où il a parlé de racisme et de droits civiques, Michael Render, de son prénom, a ouvert hier soir le rassemblement de Bernie Sanders à Atlanta. Pour bien souligner l’importance de la présence du rappeur à l’ouverture du discours du candidat aux primaires démocrates, il convient de rappeler quelques faits.

D’abord, Bernie Sanders, c’est la voix d’un socialisme à l’Américaine. Le candidat progressif, qui est placé en tête des démocrates dans une poignée d’états (et les candidats sont encore nombreux à ce stade), a percé chacun des trois débats démocrates qui ont eu lieu jusqu’à présent de remarques qui sont à contre pied total du discours de l’establishment, du bord conservateur comme du bord démocrate. L’Amérique prend une leçon de socialisme avec la présence de Bernie Sanders dans la course à la Maison Blanche. En ces temps troubles, ça résonne chez les activistes. Comme Killer Mike. On vous en parlait au mois de mai, le rappeur d’Atlanta s’illustre par ses interventions dans le paysage Black Live Matters, en plus de son engagement en tant qu’artiste. Il a même songé sérieusement à se lancer lui-même en politique.

Ensuite, si les rappeurs se sont fait entendre à l’encontre du républicain Donald Trump (Raury, en live chez Colbert alors que Trump était reçu, Pusha T dans son dernier titre « Untouchable« ) et que certains, plus timidement, ont commencé à backé la démocrate Hilary Clinton (moins controversée que Sanders), Killer Mike est le seul qui s’est clairement fait entendre avec un megaphone sur son soutien à Sanders.

Enfin, le climat de haine dans la campagne à la Maison Blanche est à son paroxysme en ce moment. Les droits civiques, dont l’importance est devenue critique, sont mis de côté par les attentats de Paris, ce qui donne du grain à moudre à tous les va-t-en-guerre que la politique Américaine compte. Sans parler de Donald Trump qui est officiellement passé de la catégorie « bonne blague » à celle d’Hitler potentiel – il propose un système d’identification des musulmans aux Etats-Unis et a déclaré vouloir « trouver une solution pour s’en débarasser« . Il y a trois jours, un activiste de Black Lives Matter s’est fait évacuer à coup de savates de son dernier rassemblement, à sa demande.

Dans cette ambiance tendue, une alliance telle que celle de Killer Mike à Bernie Sanders est un symbole fort.

Après leur hang out de quelques heures avec un passage par Busy Bee, enseigne qui représente la communauté noire du Sud des Etats-Unis, c’est donc un acte significatif de la part de l’homme politique que d’avoir invité l’ami Killer Mike pour ouvrir son discours dans la ville natale du rappeur. C’est beau quand le hip-hop a des couilles.

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