Vice Shorts : La nouvelle vitrine du court-métrage

samedi 2 mars 2013, par Valentin.
Le court-métrage a toujours eu des difficultés à obtenir une véritable popularité, que ce soit dans les colonnes des magazines de cinéma ou dans les magazines culturels en général. Certains attribuent cela avant tout au format. On se fait rarement des soirées court-métrages entre potes, et on se pose rarement devant un court-métrage de 30 minutes sur internet, en tout cas plus difficilement que devant une vidéo d’un koala qui éternue.

 « Entre les hipsters en mal de reconnaissance qui pensent essentiel le fait de filmer leur chat dans différents endroits de leur cuisine et les réfugiés bosniaques qui veulent transmettre le désarroi de leur déracinement par un plan d’un bon quart d’heure sur une petite fille qui marche seule dans le désert, un tri se doit d’être fait. »

Mais n’oublions pas que les plus grands sont passés par les petits formats pour se faire connaître, de Lynch à Kubrick en passant par Spike Lee ou Luc Besson. Le court-métrage permet aux réalisateurs en herbe de mettre toutes leurs folies en forme sans forcément liquider tout leur PEL. Evidemment, si vous ne comptez pas passer tout votre temps dans les festivals de court-métrages ou sur les sites d’amateurs, il vous sera compliqué de trouver le prochain Spielberg dans la jungle numérique. Car oui, cette jungle est dense. Entre les hipsters en mal de reconnaissance qui pensent essentiel le fait de filmer leur chat dans différents endroits de leur cuisine et les réfugiés bosniaques qui veulent transmettre le désarroi de leur déracinement par un plan d’un bon quart d’heure sur une petite fille qui marche seule dans le désert, un tri se doit d’être fait.

C’est dans cette visée que le magazine Vice a lancé les VICE Shorts. Le support alternatif se veut en effet de promouvoir des courts-métrages de réalisateurs plus ou moins connus. Toujours en adéquation avec leur ligne éditoriale, les courts-métrages ne font pas dans la dentelle. Les styles diffèrent, les univers aussi mais chacun de ces «shorts» laisse assurément sa petite empreinte dans notre mémoire.

Dan Sully – The Ellington Kid

Pitch  :
Deux types discutent dans un kebab londonien, l’un d’eux évoque une histoire s’étant déroulé non loin d’ici. Un jeune mec d’Ellington (Banlieue londonienne) s’était fait poignardé par un gang, mais il ne meurt pas sur le coup, il déambule se vidant progressivement de son sang. Il arrive jusqu’au Kebab, toujours poursuivi par ses agresseurs. Ils entrent, ayant pour intention de finir le travail, mais apparemment les restaurateurs présents ne l’entendent pas de cette oreille…

Critique :
On retrouve dans ce court métrage tout les codes du clip musical, des plans très courts, hachés qui se succèdent et qui prennent du sens progressivement. Une esthétique très urbaine où on se surprend à retrouver des images des clips de Pace Won ou de Professor Green. Le contraste est saisissant entre le blanc aseptisé du kebab et les images sombres des rues. Dan Sully nous transporte du fait divers à la légende urbaine complètement glauque avec brio. Il tire habilement les ficelles de ce court-métrage malsain et modifierait presque nos habitudes alimentaires. Finalement l’histoire du cheval dans les lasagnes, c’est assez soft.

Nash Edgerton – Bear

Pitch :
Emelie part de la maison, histoire de se dégourdir quelque peu les jambes, de profiter de la forêt voisine pour se raffermir quelque peu les cuissots. Mais alors, son petit filou de conjoint l’observe s’éloigner du foyer avec la ferme intention de se livrer à une petite farce. Quelle bonne idée de se déguiser en ours pour l’effrayer en forêt.

Critique :
Ah les petites blagues conjugales ! On a tous un jour remplacer le sel par le sucre, dévisser de manière perfide le couvercle d’un bocal ou encore appliqué du film transparent sur la cuvette des toilettes ! (Non ? Bien c’est assez drôle …). Mais la notre petit Jack pousse la plaisanterie dans ses retranchements et cela pour notre plus grand plaisir. Nash Egerton, déjà connu en tant que cascadeur dans des films tel que : «I Am Number Four» ou Zero Dark Thirty» nous livre un court-métrage plutôt inspiré. Il n’est pas transcendant de par son esthétique ou sa profondeur , mais il est assez irréprochable de par sa mise en scène. Il met en relief l’histoire crescendo jusqu’à une  violente chute (Littérale et métaphorique). Car oui, une bonne blague c’est avant tout une bonne chute.

Spencer Susser – I love Sarah Jane

Pitch :
Toi aussi tu aimais gambader dans les prés et dans les fourrés après les dessins animés le mercredi après midi, toi aussi tu prenais ton paquet de BN et tu allais voir tes voisins pour faire une partie de foot… Mais quand les zombies s’ajoutent à l’équation, ce sont des autres occupations qui se mettent en place, les règles du jeu changent légèrement. Ce court-métrage nous plonge en effet dans le quotidien d’adolescents à la routine altéré par la venue de morts vivant dans leurs banlieue paisible. Alors à quoi ressemble une journée type lorsque les passes de balle et les constructions de cabane sont remplacés par le déglingage de zombie ?

Critique :
Dans le monde du long comme du court-métrage, les films de zombie sont légions. Le court ayant plus facilement tendance à impliquer ces singuliers personnages dans un quotidien qui n’a été que partiellement modifié par l’arrivé de ces mangeurs de cervelles. Spencer Susser qui a réaliser par la suite «Hesher» (Film qui est passé quasiment inaperçu en France, mais que je vous recommande néanmoins) nous amène un court-métrage qui parvient à apporter une certaine fraîcheur dans le film de zombie. Insuffler une pointe de «Paranoid Park» dans une univers post-apocalyptique s’avère une bonne idée et les prestations des jeunes acteurs est assez remarquable. L’absence de règle qu’amène cette société nous fait ressentir une sensation de liberté infinie, qui amène ces jeunes freluquets à dériver allègrement. Voilà une belle prise de recul effectuée sur un genre désormais classique, habilement menée par une photographie irréprochable. On se plaira donc à admirer cette fresque sortie de la cervelle du réalisateur, avec délectation.

Vice

Tout ces courts-métrages, malgré leur légitime imperfection sur certains points, annoncent donc de bonnes choses pour la suite. Si vous affectionnez particulièrement les courts-métrages mais ne parvenez pas forcément à en trouver sur la toile, je vous conseille de vous diriger vers d’anciennes programmation du festival de Manhattan ou de celui de Londres, vous trouverez sans doute votre bonheur. On espère donc que Vice pour notre plus grand plaisir parviendra à dégoter de nouveau réalisateurs avec de la suite dans les idées.

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