5 Pointz : l’autel du graff new yorkais n’est plus

jeudi 21 novembre 2013, par Marine Cagniet.

Ce qui devait arriver arriva : 5 Pointz n’est plus. Le 10 octobre dernier, le conseil de la ville de New York a voté en faveur de la démolition de cette usine de 20 000m², transformée en studio d’artistes. Nous y avions même été, en avril 2012, et avions publié nos clichés.

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Créée en 1993 dans le cadre du projet « Graffiti Terminators » pour lutter contre le vandalisme, 5 Pointz s’est imposée comme une réelle institution permettant aux artistes des 5 Boroughs de New York de se retrouver et de créer en toute liberté. Depuis plus d’un mois, le gérant des lieux Meres One, les artistes, les habitants du quartier ou de simple admirateurs ont apportés leur soutient afin de contrer la démolition de l’usine. Lors de sa résidence à New York, l’artiste Britannique Bansky a même appeler à la sauvegarde du lieu. En vain, dans la nuit du 19 novembre, les murs de 5 Pointz ont été recouvert en blanc, effaçant ainsi plus de 1500 murales. Sans New York, le graffiti ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui, c’est toute une communauté internationale qui se désole voyant ainsi une partie de l’histoire du hip-hop effacée en une nuit. Tout ça pour quoi ? Je te le donne en mille …

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Des putains de condos haut de gamme. Malheureusement, la gentrification est plus forte que l’art : plus de 200 artistes ont ainsi été expulsé afin de créer des appartements de luxe. Triste histoire, quand on pense que les futurs habitants seront probablement le genre de personne qui aiment se promener dans des galeries commerciales se voulant « street-art », pour acheter une « toile de graffiti ». En vingt ans d’existence, 5Pointz aura marqué l’histoire du graffiti; il n’est pas étonnant qu’en la détruisant ainsi, des représailles de la part des artistes suivent. Où vont-ils bosser, maintenant que leur espace leur a été condamné ?

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Les artistes ont lancé une demande de protection d’oeuvres d’art à la justice. En repassant les murs de 5 Pointz, la ville et la justice ont clairement annoncé leur position face au graffiti. Il semble alors qu’un graffiteur ne soit pas à même de jouir d’une protection liée à la propriété intellectuelle, au même titre qu’un artiste classique. Certes, la base même du graffiti est d’être éphémère, mais 5 Pointz représentait bien plus qu’un mur de tags. C’était un espace éducatifs où les gamins new-yorkais ont pu apprendre à exercer leur art intelligemment et en toute sécurité.

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La fin de 5 Pointz marque un retour inévitable au vandalisme des années 80, avec des jeunes risquant leur vie en taggant nos rues et nos trains, tout en fuyant les autorités. Pour nous autres, amateurs de rap, il ne nous restera qu’Internet pour profiter de ces représentations mythiques de Nas, Rakim et consorts… RIP 5 Pointz.

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