[Chronique] 3 albums oubliés en 2011

vendredi 30 décembre 2011, par Sylvain Caillé.

En cette fin d’année 2011, SURL a fait le bilan avec ses Awards. Mais quelque chose me tracasse : certains albums ont été involontairement oubliés au cours de cette année. C’est pourquoi SURL passe ses rattrapages en proposant aujourd’hui une triple chronique sur Kendrick Lamar, Das Racist et Childish Gambino. En y regardant de plus près, ce sont trois premiers albums de trois artistes (groupe pour Das Racist) prometteurs. (Re)Découverte en quelques phrases:

Kendrick Lamar – Section.80

Kendrick, le futur du rap westcoast ? Si on en suit les dires du Docteur et de son acolyte Snoop, on peut en conclure que oui. Cet album a régénéré le genre du rap californien, un peu à la peine ces derniers temps. La fraîcheur de Section.80 n’a d’égale que la jeunesse de Kendrick Lamar. A seulement 24 ans, il possède une vision du monde bien définie et une ambition décelable dès la première écoute. Les paroles tranchantes et en même temps matures mettent en exergue cet effet de confort dont Kendrick fait preuve en s’installant dans le fauteuil du rap game comme si il y avait toujours été. Par exemple sur l’excellentissime « HiiPower » produit par J. Cole: « Who said a black man in Illuminati?/Last time I checked that was the biggest racist party« . Ce single étonnant se trouve en plus à la fin de l’album, après l’outro. Une position bien singulière et peu habituelle pour un single.

Les instrus font la différence avec des sonorités jazz comme en témoigne le très très bon « Rigamortis « , morceau court contenant un petit sample de cuivres mélangé à des drums démentiels. L’introduction soignée « Fuck Your Ethnicity » remplit son rôle à merveille. Elle nous plonge dans un monde dirigé par un piano hyper présent qui retient notre attention du début jusqu’à la fin. C’est la force de Kendrick Lamar. S’appuyer sur des productions accessibles et de bonne qualité pour en exploiter le potentiel jusqu’à arriver à ce qui ressemble le plus à un très bon album de rap, le tout en captivant l’auditeur. Sans m’étaler davantage, je vous recommande vivement d’y jeter un oeil. Thug life.

Das Racist – Relax

Avec un nom aussi spéculateur, impossible de passer à côté de ce groupe qui semble si « différent ». Déjà rien qu’en voyant les trois têtes pas vraiment fraîche des membres de Das Racist, il est légitime de s’interroger sur leur capacité à créer un concept audible. Il en résulte un album totalement cohérent dans l’incohérence: Relax. Des samples sortis d’on ne sait ou, des clips bizarroïdes au possible, un ensemble étrangement bon qui explore les entrailles du rap pour présenter un contenu inédit. En résumé, du rap comme vous n’en avez jamais vu.

Tout commence avec le single « Michael Jackson « . Un début ultra violent, un beat infernal et un clip qui parodie une chanson du vrai Michael Jackson. Pour être sincère, j’ai failli mettre ce titre pour le SURL award du meilleur morceau. Il faut avouer que la dextérité de la production couplé avec le flow des cinglés donne un rendu vraiment cool et rondement bien mené. Ca fait beaucoup pour un seul titre. Alors imaginez le reste du LP. A noter la présence de Rostam Batmanglij – des Vampire Weekend – à la production du morceau le plus abouti et le plus accessible de l’album: « The Trick « . A écouter également le subtile « Rainbow In The Dark « , titre un peu plus électro sur l’instru qui sonne comme une balade en voiture un jour de dimanche. Bref, un album novateur qui semble être du grand n’importe quoi (cf « Punjabi Song « ) alors qu’en fait pas du tout. C’est travaillé, c’est recherché, c’est bon.

Childish Gambino – Camp

Saviez vous que le pseudonyme Childish Gambino – Donald Glover de son vrai nom – venait d’un générateur de nom du Wu-Tang ? Cette anecdote semble invraisemblable et pourtant elle est bien réelle. Un peu comme la carrière du bonhomme qui avait commencé à la télévision pour poursuivre son chemin vers la musique, à l’inverse d’un certain Kid Cudi par exemple. Un beau destin pour l’acteur/rappeur de 28 ans qui nous livre là son premier album studio sans aucuns featuring et rien que pour ça le MC force le respect.

Un LP vraiment solide et surtout accessible au public – malgré un single bien agressif – avec une bonne utilisation des instruments. Je pense notamment au violon qui berce parfaitement le superbe morceau « All The Shine « . Dans l’ère du temps, Donald Glover lâche même un « Heartbeat » à la production bien électro/club introduit par un doux refrain. Pas si mal au final. A part cet écart, l’album reste relativement uniforme et l’on s’y retrouve dans chaque chansons. Pareillement, la rythmique est bien travaillée dans l’ensemble comme sur « Sunrise « , un track qui vous mettra la patate quelle que soit la situation. En résumé Camp n’est certainement pas le LP de l’année, mais cela reste un très bon album de rap qui satisfera tout les amateurs du genre. Well done Donald.

Faisons le bilan de cette triple chronique: les rattrapages se sont plutôt bien passé, SURL peut désormais passer en année supérieure. Une année 2012 à vos côtés qui, on l’espère, sera encore meilleure que la précédente.

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