Common – The Dreamer / The Believer

lundi 2 janvier 2012, par Joackim Le Goff.

Du banger street « Ghetto Dreams » au positivisme magnétique de « Blue Sky », ma fin d’année 2011 a été bercée par les vibes du The Dreamer/The Believer, le neuvième album de Common. Une sortie qui a globalement plu aux critiques professionnels outre-atlantique, suffit de vérifier quelques notes de XXL, AllHipHop et consorts, mais qui a reçu des échos plus partagés du public : « chiant », « inégal », des termes pas glorieux qui côtoient d’autres qualificatifs nettement plus élogieux. En ce qui me concerne, j’ai bien mis les pieds dans le plat en le plaçant directement dans mon palmarès de l’année, juste à côté de Lykke Li. Maintenant que j’ai choisi mon camp, celui des fanatiques, voici comment j’ai vécu cet album.

Vous vous réveillez le matin, des rêves encore plein la tête (« The Dreamer »). Sauf que c’est déjà l’heure du taff, faut tracer la route. Dans le métro, vous comatez tranquillement posé contre la « Windows ». Moment nostalgie pendant que le paysage défileA la sortie de la station, vous marquez un arrêt de quelques instants devant la statue de Jordan au United Center (« Blue Sky »). Putain, Derrick Rose le vit, son rêve, vous auriez aimé réussir comme lui. Arrivé au coin de rue (« Ghetto Dreams »), vous tentez de ramasser un peu de thunes. A la fin de la journée, vous vous rendez compte que la carte « Gold » sera pour une autre fois. Vous êtes crevé, mais vous avez besoin de vous défouler pour évacuer le stress : un détour par un local de battle underground s’impose. Vous balancez un sacré taquet à tous ces chanteurs de pacotille qui cartonnent, tel Drake (« Sweet »). Pas par méchanceté hein : c’est le jeu, tout simplement. Puis vous en remettez une couche, juste parce que vous kiffez quand le public est « Raw ». Les têtes se secouent, le DJ enchaîne les effets sonores. Un déchaînement que vous décidez de quitter, pour aller boire un verre de whisky dans votre club feutré préféré. Un peu de solitude et de musique apaisante (« Lovin i Lost ») qui vous détend. La paix, l’alcool aide à oublier vos amours perdus. Une heure plus tard, votre meilleur pote vous appelle : il vient d’être informé d’une grosse soirée pour fêter le 31 dans un loft. Merde, c’est déjà la fin de l’année, elle a défilé plus vite que la lumière. Vous vieillissez, mais vous croyez toujours à votre future réussite (« The Believer »). La roue finit toujours par tourner. Vous décidez d’y passer, mais vous aviez d’abord promis de rendre visite à votre père (« Pops Belief »). La nuit tombe, vous vous sappez avec classe (« Cloth ») et partez vers l’appart situé en centre ville. Champagne, filles, musique, un excellent plan. Le compte à rebours avant 2012 est lancé. Il est minuit : let’s « Celebrate »

Une superbe visite guidée de Chicago orchestrée par No ID et racontée par un Common tellement charismatique au micro. Musicalement, les partitions soulfoul incarnent l’âme de la ville. Un retour aux sources autant qu’un retour dans le droit chemin, tellement Universal Mind Control avait divisé. Ce LP était extrêmement attendu parce qu’il marquait la réunification de la paire Common / No ID. La combinaison des deux patrons de Chitown n’a rien à envier au duo Jay-Z / Kanye West, Yeezy étant lui-même originaire de cette ville magique. Ok, parfois ça peut manquer de peps, parfois Common se laisse aller sur des textes un poil superficiels ou naïfs, mais je m’en fous, je me suis évadé dans leur imaginaire. Son meilleur solo depuis Be.

Au fait, je n’ai jamais été à Chicago de ma vie.

Trois sons à mettre dans l’iPod :
Ghetto Dreams
Blue Sky
Cloth

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