[Chronique] Game – California Republic

lundi 9 avril 2012, par Joackim Le Goff.

Entre deux chocolats de Pâques, les Célébration auront ma peau, je me suis décidé à écouter California Republic. En regardant la cover de cette nouvelle mixtape de Game, j’aurais peut-être mieux fait de m’entourer de weed plutôt que de cacao. Si son R.E.D. Album ne m’a pas laissé un souvenir inoubliable, une nouvelle cassette du rappeur de Compton constitue quand même un petit évènement. Jayceon se fout rarement de notre gueule sur ce support, voir les Purp & Patron ou plus récemment Hood Morning. Comme d’habitude, le projet est hébergé par son pote DJ Skee.

Si la tracklist régale les pupilles, derrière certains titres de chansons se cachent en vérité de simples freestyles. « Red Bottom Boss » avec Rick Ross et Just Blaze n’est en réalité qu’une face B honnête du « Lord Knows » de Drake.  Logique dans ce type de projet, mais d’entrée ça casse un peu le plaisir. Heureusement, Game se rattrape par la suite. Ses producteurs favoris Cool & Dre lui offrent ainsi plusieurs beats inédits vraiment cool : « The Drill » avec un Ace Hood bien affûté et Meek Mill ou un « Mean Muggin » bien dark avec les inépuisables 2 Chainz et French Montana. Leur meilleure contribution revient au victorieux « Greystone », un son jazzy sur lequel j’ai le plaisir de réentendre Fat Joe. Rick Ross apporte même un vrai featuring sur le dispensable « Now That I’m Paid ».

Côtés inédits toujours, Lex Luger fournit le heavy « Death Penalty » accompagné de Fabolous et Slim Thug. Très très méchant. Les Neptunes font du pur Neptunes sur « When My Niggas Come Home » puis « It Must Be Tough ». Les deux (bons) morceaux les plus radio-friendly du CD avec « She Want to Have my Baby ». A titre perso, je ne trouve pas que Game soit vraiment taillé pour ce genre d’ambiance, je le préfère sur des sonorités plus Ouest ou obscures. D’ailleurs, Pharrell produit et participe à deux autres morceaux plus marquants :  « They Don’t Want None » marqué par la présence d’un Shyne qui espère toujours retrouver de la visibilité, puis le morceau westcoast-écolo « Roll My Shit » avec un Snoop dans son élément. Si je regrette l’absence de Kendrick Lamar, Nipsey Hussle apporte son style bien cool sur le laidback « Bills is Paid ». Faudrait passer ce morceau à Sarkozy pour le détendre sur les impôts, tiens.

Au milieu de cette vingtaine de pistes, Kobe m’éblouit encore avec sa voix de dingue sur « Cats & Dogs ». Décidément, je ne l’entends pas assez ce type. Drake confirme qu’il participe à tous les bons coups en se ramenant sur l’inspiration « Come Up » signée Boi 1Da. Enfin, « Skate On » avait squatté les #sonsfrais, ce n’est pas pour rien : ce terrible morceau avec Lupe Fiasco emporte la palme du « must listen » de ce projet. 4 minutes de folie, Game « kills that shit » en rappant avec une rage et une aisance qui ne m’avaient pas autant choquées depuis « Dope Boys ». C’est dit. « Made some rookie mistakes, but so did Kyrie Irving ». Au fait, Lupe balance une métaphore filée de Cendrillon complètement hallucinante sur le premier couplet.

Malgré quelques passages moins intenses, logique sur une mixtape qui tape quasiment les 25 morceaux, California Republic s’installe dans le top du mois d’avril sans trop de difficulté. On le savait déjà, mais Game s’est débarrassé de ses problèmes de name-dropping incessants – quelques réminiscences, mais c’est une marque de fabrique plus qu’un handicap – et développe son flow avec sérénité.

Après l’avoir proclamé avec arrogance pendant des années, aurait-il enfin raison de se clamer « King of L.A. » ?

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