[Chronique] Game – The R.E.D. Album

mercredi 24 août 2011, par Joackim Le Goff.

J’ai toujours eu de l’estime pour la carrière de Game. Au gré de ses incessants clashes, avec ou sans Dre, avec ou sans 50 Cent, le prince du name-dropping nous a gratifié d’un parcours musical quasiment sans faute : pas mal de mixtapes de bonnes factures, dont la très récente Hoodmorning, mais surtout 3 excellents albums : The Documentary, The Doctor’s Advocate et L.A.X. Les choses semblaient pourtant assez mal engagées pour The R.E.D. Album, une mini-chimère reportée à de multiples reprises et qui a souffert de plusieurs leaks, malgré le retour sur Aftermath, le label du Doc. Maintenant qu’on l’a entre les mains, voyons voir …

Après quelques écoutes, le verdict est sans appel : ce R.E.D Album résonne comme le moins bon des LP de Game. Du moins, le moins personnel, celui qui résonne le moins Westcoast. Pas de « Remedy », pas de « Let’s Ride », de « Cali Sunshine » ou même de « State of Emergency ». Des tracks qui nous rappelleraient de temps à autre que le son vient d’abord de Compton. On se tape même un son produit par DJ Premier, le sympatoche « Born in the Trap ». Ok, c’est cool, mais ce n’est pas sur ce genre d’ambiance que j’attendais de Game. On a bien essayé de nous berner avec la caution Dr Dre, aux manettes d’un morceau sans inspiration, « Drug Test ». L’équation Dre + Snoop + drogue ne suffit plus, c’est inodore et incolore. Le Doc aurait-il définitivement perdu son mojo ? Il nous montre au moins ses talents de narrateur durant les interludes …

Pire, l’album est littéralement bouffé par les featurings, ce qui dénature tout. Un couplet de Drake, un refrain de Lil’Wayne, un autre de Rick Ross puis de Jeezy… Attendez, c’est pas fini hein : il faut encore se taper Chris Brown, Mario, Lloyd, Wale et Nelly Furtado. NELLY FURTADO !  Sur un beat des Neptunes, faut-il le préciser. Woooo, on se croirait sur une compile de DJ Khaled, manque juste les ad-lib. Ok, la plupart des invités sont prestigieux, mais ça va trop loin. Sur le sudiste « Paramedics », Jeezy nous balance d’ailleurs un refrain « à la Jeezy » : un décompte « One / Two / Three », un « Snowman » et un ad-lib « Haha ». Marrant d’entendre Game forcer sa voix pour l’érailler, à la manière du MC d’Atlanta. Game qui imite son invité sur son propre album, c’est le monde à l’envers. Symbole de cet album pot-pourri et sans identité : l’imbuvable « Martians vs Goblins », dans lequel Game se prend aussi pour son guest, Tyler (qui sort quand même un bon couplet), et qui ne rime à rien à part s’en prendre à Lil B (Game), Rihanna et Bruno Mars (Tyler). Je parle pas de Weezy, décidément pas en forme.

Heureusement, quelques grands moments sauvent l’album. Un a capella de malade de Kendrick Lamar clôture « The City », peut-être un des rares passages bien estampillé L.A. Kendrick Lamar, l’un des rares invités légitimes avec le combo E-40 / Big Boi sur « Speakers on Blast ». C’est marrant, ça donne deux des meilleurs sons de l’album. « Heavy Artillery » reste aussi super fort, pourtant je ne suis pas fan des StreetRunner. Le banger clippé « Red Nation » fonctionne bien malgré un refrain bizarre de … Lil’Wayne. Pourtant, de loin, le titre du meilleur morceau est remporté par l’incroyable « Ricky ». Une production ouffisime de DJ Khalil, je pèse mes mots. Une instru de taré, l’une des meilleures de l’année, sur laquelle Game se défoule en hommage au mythique Boyz N The Hood. Le comble : le meilleur track de The R.E.D. Album ne comporte aucun featuring… Game, tu n’es pas Wiz Khalifa, tu n’as pas besoin d’invités pour vendre tes disques, ton blaze est déjà suffisament installé. « California Dream » est cool également, malgré un beat lambda, et rattrape une dernière partie d’album totalement formatée radio.

Autre circonstance atténuante : je me dis aussi que les leaks et reports ont littéralement tué la constructioun du projet. Pas de « Big Money », pas de « Ain’t No Doubt About it », le très bon « I’m The King » relégué en bonus… A l’inverse d’un Watch The Throne surprotégé, The R.E.D. Album a pris de plein fouet l’impatience d’Internet. Pas facile de réaliser un album censé avec autant de bâtons dans les roues.

Sincèrement, la plupart des sons pris à part rendent bien. En les écoutant à la suite dans un même projet, on se rend compte rapidement que ça part dans tous les sens, un vrai fourre tout. Rien que pour « Ricky » et quelques autres passages, The R.E.D. Album vaut le coup d’être essayé. Mais, paumé entre trop de feats inutiles et de chansons pour la bande FM, il reste le moins bon cru signé par Jayceon Taylor. Le moins Westcoast.

Les sons à mettre dans l’iPod : « Ricky », « The City », « Speakers on Blast », « Heavy Artillery », « I’m The King » , « California Dream » et … « Ricky ».

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