Grieves – Together / Apart

dimanche 31 juillet 2011, par Joackim Le Goff.

 Together / Apart est déjà sorti depuis un mois, mais il méritait de passer tôt ou tard par la case SURL. En ce dimanche ensoleillé, le nouvel album de Grieves parvient à me mettre d’humeur joyeusement mélancolique. Un oxymore que je vais m’empresser d’expliciter.

Mélancolique, parce qu’à l’instar de ses nouveaux collègues de label Atmosphere, le natif de Seattle donne régulièrement dans l’introspection tout au long des 16 chansons : son passé, ses relations amoureuses et personnelles, le stress de la vie quotidienne, l’incertitude face à l’avenir, ou encore ses addictions diverses. Un milk-shake d’émotions vécues et pas toujours drôles, tantôt nostalgiques tantôt franchement badantes. Ca se ressent à l’écoute, le genre d’écoute qui rend facilement pensif et me plonge dans mes propres souvenirs. Le réalisme, une spécificité made in Rhymesayers.

 Une très belle carrière attend Grieves, mais ça ce n’est pas très surprenant.

Joyeux, tout simplement en raison de la beauté de cet album. Le MC de 27 ans pose un flow serein et touchant sur des chaudes productions extrêmement variées et travaillées, merci à son compère de talent Budo. Beaucoup de mélodies jouées au piano, mais aussi de la batterie, de la guitare, de la trompette ou du violon. Ce LP réserve de grands moments, cela se remarque dès l’intro autobiographique « Light Speed ». Autre morceau renversant, le sombre et mystérieux « Heartbreak Hotel » est relayé par des sons plus rock (« Boogie Man », « Prize Fighter ») ou d’autres nettement plus calmes et poétiques (« Sunny Side of Hell », « Growing Pains »). Un éclectisme rare qui ne résonne à aucun moment « boîte à rythme ».

Joyeux encore, parce que comme dans la vraie vie, on traverse certains passages difficiles, mais ces derniers sont éclipsés par des instants de bonheur et de gaieté. Je citerai « Against the Bottom », un final lumineux qui partage une belle dose d’insouciance et redonne le sourire, sans vraiment que je sache pourquoi.

Déstabilisant, ce troisième essai s’avère franchement réussi, voire juste brillant. Une très belle carrière attend Grieves, mais ça ce n’est pas très surprenant.

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