Drake à Bercy, show plein d’emo-tion

mardi 25 février 2014, par Joackim Le Goff.

Started from the bottom now he’s here. Un peu moins de deux ans après un premier passage à Bercy, Aubrey Drake Graham se présente à nouveau devant le public parisien. Entre temps, sa notoriété a encore gonflé plus vite qu’une action Google : cette fois, le rappeur s’offre deux concerts consécutifs, dont la première date à guichets fermés. Logique, puisque auréolé d’un troisième opus Nothing Was The Same certifié platine. Le Canadien se classe plus que jamais dans la liste restreinte des rappeurs au succès mondial et grand public, quoiqu’en pense Kendrick. Vu l’émeute causée quelques heures plus tôt chez Colette par sa présentation de la collection OVO, on pouvait s’attendre à des montées de décibels assez violents dans les aigus. Would You Like a Tour ? On a accepté d’en prendre une dose.

 

Une prestation très propre, parfois un peu trop mielleuse mais finalement assez bien équilibrée

 

Toronto oblige, son compère The Weeknd ouvre le bal et libère déjà la fragilité ambiante. Une première partie assez molle : une voix souvent couverte par ses musiciens et ses derniers titres se démarquent nettement moins qu’un « High for This » ou un « Wicked Games ». Le chanteur reviendra un peu plus tard pour une combinaison XO-OVO plus convaincante sur « Crew Love ».

Drake a bossé sa mise en scène, plus aboutie qu’à sa tournée précédente. Un décor spatial qui rappelle un peu un certain Glow in the Dark Tour et un Drizzy qui débarque All White Everything pour un soyeux « Tuscan Leather ». Montée d’adrénaline sur le toujours efficace « Headlines », avant de retomber dans une ambiance cajolante : luminosité réduite, plus écran géant qui projette des séquences de conduite nocturne pendant « Furthest Thing », un grand moment de sensibilité. Heureusement, Drake pousse bien la voix, même lorsqu’il chantonne « je vous aime beaucoup » en français pendant « Too Much ». Il pousse le concept R&B encore plus loin qu’avant, presque trop, pour le grand bonheur de son public féminin. T’as quand même envie de te marrer à certains moments, surtout lorsqu’il ramène une spectatrice sur scène pour lui chanter les yeux dans les yeux. Emo-tion.

Les fous furieux qui attentent des bangers pour sauter dans tous les sens se rattrapent sur un bon medley : « Pop That », « No New Friends », « No Lie » et un « Versace » qui fait rêver d’un live des Migos avec un repeat d’une heure du track, façon « Niggas in Paris ». Encore plus que d’autres rappeurs, Drake s’appuie sur beaucoup d’extraits dont il n’a qu’un featutring pour remuer la foule; c’est malin et finalement bien enchaîné.  Pas de « 5 AM in Toronto », tristesse, mais un placement inattendu de « Trophies » qui casse quelques dents, Hits since 87.

La rumeur d’une apparition de Rihanna sur scène n’a pas dépassé ce stade, la belle se la coulait douce en loge, laissant le soin à Jhene Aiko de jouer le rôle de la chanteuse guest. Pas la même prestance ni le même body, mais on s’en contentera. La dernière partie du concert monte d’un cran : « Hold On, We’re Going Home » et « Worst Behavior » cartonnent en live, « Fuckin Problem » aussi. Si Drizzy n’a pas joué masse de ses anciens titres, il nous a réservé un festif « HYFR » avant un finish pyrotechnique sur l’incontournable « Started from the Bottom ». Toujours une sacrée boucherie ce morceau, maîtrisé par coeur par l’audience, ce qui n’est pas toujours le cas des spectateurs français. Ca donne une idée du succès.

Ce spectacle de Drake ? Une prestation très propre, parfois un peu trop mielleuse pour les auditeurs de rap dur, mais finalement assez bien équilibrée. Pas de back, quelques passages a cappella et une voix qui tient la route, ça témoigne du professionnalisme du monsieur. Peu de moments chelous à signaler, si ce n’est le medley de ses anciens morceaux (« Over », « Successful », « Best I Ever Had » and co) joués par le DJ … pendant que l’artiste se changeait en coulisse. Dommage. Ah oui, son habituelle séance de dédicace, depuis une installation suspendue au-dessus de la fosse, traîne franchement en longueur.

On en reprendra bien une part la prochaine fois, en attendant thank you now.

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My name is Paula Abu and I’m a 20 year old self-taught photographer born in Nigeria and raised in South London. I grew up loving everything to do with films…

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