Le cerveau d’Eminem analysé par un neuroscientifique

jeudi 12 mars 2015, par Antoine Laurent.

À en croire le psychologue et écrivain Scott Barry Kaufman, notamment réputé pour ses écrits sur les notions d’intelligence et de créativité, les cerveaux des génies créatifs et ceux des schizophrènes sont similaires en de nombreux points. Tous auraient un précuneus – la partie du cerveau liée à la rêverie et à la libre association – très actif. Une différence, tout de même : contrairement aux schizophrènes, les génies créatifs savent distinguer rêve et réalité.

C’est au cours de l’évènement « Seven Days of Genius », organisé par l’institution culturelle 92nd Street Y, à New York, que Kaufman, l’étrange rappeur Baba Brinkam (auteur du Rap Guide to Evolution, un album hommage aux théories de Darwin, oui oui) et le neuroscientifique Heather Berlin se sont amusés à explorer les bases neurologiques de l’improvisation et de la notion de créativité. Ils en sont venus à parler d’Eminem et de ce qui se passe dans son cerveau quand il freestyle et, à l’inverse, quand il récite ses phases, comme le relate le New York Magazine.

« Il est évident qu’il a des connections nerveuses très développées dans les parties de son cerveau liées au langage. Au fil du temps, quand tu t’entraînes à faire quelque chose de particulier, que ça soit cognitif ou lié à la motricité, tu stimules des connections. Je suis sûr que son cerveau est un peu différent de la normale« , explique le neuroscientifique. « Il est probable que son cortex préfrontaldorsolatéral [région impliquée dans un réseau qui permet l’élaboration de processus cognitifs, merci Wiki, ndlr] soit plus petit que le normal. C’est la partie du cerveau qui filtre les insultes », détaille Kaufman sur le cas Marshall Mathers.

« Le cortex préfrontal est beaucoup plus stimulé quand les rappeurs improvisent, contrairement à lorsqu’ils récitent. C’est lié au fait de générer de nouvelles idées. Le cortex préfrontaldorsolatéral, qui gère la notion de perception de soi, à l’inverse, est moins mis à contribution. Quand cette partie du cerveau est moins stimulé, tu perds le filtre qui te force à te conformer aux normes sociales, ce qui permet de s’exprimer d’une manière beaucoup plus libre. C’est une bonne chose pour les rappeurs, notamment lorsqu’ils se retrouvent sur scène face à des milliers de personnes », conclue Berlin.

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