Interview // Cults

mercredi 2 novembre 2011, par Julie Green.

Si Sofia Coppola avait un alter-ego musical, il s’appellerait certainement Cults. Fraîchement débarqués de Bandcamp (énième plateforme musicale), Brian et Madeline traînent désormais leurs cheveux longs parfaitement peignés et leur sourires timides de villes en villes pour répandre leur pop music intense et juvénile. Sous une apparence de girl next door classique, Madeline Follin et sa voix cristalline, accompagnée de Brian Oblivion, pendant masculin et petit ami, transportent tout le désordre du monde adolescent sur leurs frêles épaules. Sexuels et troublants, les deux chanteurs de Cults signent un album d’une légèreté presque dérangeante, toujours entre détresse et euphorie; sur le fil du rasoir, et touchent juste là ou l’éphémère se consume. Un classique.

Rencontre.

SURL : Alors, comment se passe la tournée?
Brian :
Très bien. Hier on était à Rouen, on a fini dans un carnaval, ce soir on est à Amiens, demain je crois qu’on sera à Caen avec Yelle, on est super excité, Toulouse arrive, puis Paris vendredi…On va commencer à jouer avec James Blake. Tout se passe vraiment bien. On est fatigué mais on en profite à fond.

SURL : Vous tournez depuis combien de temps?
Madeline :
C’est sans fin. Depuis un an et demi, presque deux ans sur cet album.

 SURL : Ce soir, vous jouez dans une toute petite salle, La Lune des Pirates. Vous pensez que ce genre de lieux est plus approprié à votre musique?
Madeline :
C’est toujours plus amusant. En réalité, je ne pense pas que ça compte vraiment, où on joue…ce qui compte, c’est à quel point le public a bu!
Brian : Non, vraiment, cet endroit est super. Ce qui est génial avec les concerts plus intimistes comme ça, c’est qu’on retrouve un certain esprit de communauté…tout le monde se connait, c’est convivial, à échelle humaine.

SURL : Parlons de l’album : votre morceau préféré?
Madeline :
Je ne sais pas. Mes chansons préférées changent un peu tous les jours, ça dépend de celles qui ont été les meilleures pendant le dernier concert! (rires)
Brian : En ce moment, on tourne la vidéo de You Know What I Mean, on est super excité, donc moi je dirais celui ci. Mais souvent, on les joue, ou alors on les entend, et là on se dit « ah, tiens, elle est quand même cool celle-ci…! »

 SURL : On retrouve beaucoup de sonorités 60s dans l’album. C’est quelque chose que vous écoutiez beaucoup quand vous enregistriez l’album, ou simplement une coïncidence?
Madeline :
Oui, on en écoute beaucoup. Pas nécessairement pendant l’enregistrement, mais oui, ça fait clairement parti de nos influences à tous les deux. On adore les sixties, les groupes de filles : Sangri Las, Leslie Gore, toute l’écurie Phil Spector…

SURL : D’ailleurs, vous étiez quel genre d’adolescents?
Madeline :
Brian était un hippie. Il ne mettait pas de chaussures.
Brian : Non, j’étais pas un hippie, j’étais juste un freak! La plupart des hippies ne m’aimaient pas… Elle (en désignant Madeline) essayait d’être une punk. On l’appelait Mad Dog. Puis Nathan était gothique. Marc était un nerd. Il passait sa vie, même pendant le déjeuner, à jouer de la batterie dans sa chambre, c’est tout juste s’il avait des amis. Et Gab, notre claviériste, c’est le seul qui était vraiment cool au lycée. C’est d’ailleurs pour ça qu’il ne l’est tellement plus maintenant! (rires)

SURL : Vos chansons ont l’air naïve, inoffensive, mais quand on se penche sur les paroles, la plupart parlent surtout des déceptions adolescentes, la difficulté de l’amour…On dit qu’il est plus simple d’écrire quand on est triste, or vous êtes non seulement heureux, mais aussi amoureux. Comment vous parvenez-vous à écrire de telles chansons?  
Madeline : Les chansons ne parlent pas tant en réalité d’histoires d’amour. Elles ne s’arrêtent pas sur une personne spécifique, elles concernent le monde entier! Il n’y a pas cette démarche de dire « voilà, j’étais dans cette relation, c’était nul », on parle des gens en général. C’est plus un miroir de la société que de nos histoires personnelles. On essaye d’être universels : comme l’amour, et comme l’adolescence.
Brian : Abducted parle d’amour mais c’est la seule en réalité, même You Know What I Mean n’en parle pas réellement. On est heureux maintenant, parce qu’on a enfin la vie qu’on a toujours voulu vivre, mais avant c’était loin d’être le cas!

 SURL : Avant, la musique était un réel engagement, parfois même davantage un combat qu’un réel plaisir. Et maintenant, grâce ou à cause d’Internet, des centaines de groupes deviennent célèbres, sans particulièrement travailler ni même le désirer. Comment vous placez vous face à cette « déshumanisation » de la musique? Pensez-vous être investis?

Brian : C’est une question difficile. Le processus de création, ça peut être n’importe quoi. Nous, on peut rester des mois sur une chanson, les modifier au fil du temps, alors que d’autres vont venir naturellement, être complètement immédiates. C’est difficile de rationaliser ça. Une chose est sure, c’est que oui, on est investi. C’est le sujet de l’album : la plaisir de faire de la musique. On adore composer, on adore jouer. Ce disque, c’est à la fois la meilleure et la plus importante des choses que j’ai fais de ma vie.

SURL : Enfin, pour nos lecteurs : c’est quoi votre morceau de rap préféré?
Madeline (sans hésiter) : Juicy!
Brian : Accordian de MF Doom.

 

Cults seront en concert vendredi 4 Novembre à La Boule Noire (Paris), accompagnés de James Blake, Laura Marling et Singtank, à l’occasion du Festival Les Inrocks Black XS.

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