Interview // Yuksek

vendredi 18 mai 2012, par Julie Green.

Difficile cette année de passer à coté de Yuksek, tant les festivals du monde entier le réclament, lui et son groupe. Après un Bourges plus qu’agité ou nous l’avions manqué, il répond aujourd’hui à toutes nos questions sur sa tournée bien entamée mais aussi sur la Reims Academy, dont on a tant parlé qu’elle en est presque devenue agaçante, son implication dans le festival Elektricity, le sucre, l’Amérique et son regard sur la musique d’aujourd’hui. Tout ça dans le désordre.

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SURL: Hello Pierre, alors, la tournée se passe bien ?
Oui, très bien, on rentre des US et c’était excellent, de très bons concerts et un beau voyage. En fait les grosses dates, genre NY et Los Angeles étaient comme on l’espérait mais même les dates un peu moins évidentes comme Washington ou Seattle des mardis et mercredi étaient mortelles, les salles n’étaient pas forcément pleines mais les gens connaissaient les morceaux et étaient super réactifs. Et on était vraiment vraiment seul avec juste une première partie, ça me rassure sur le petit chemin que mon album prend là-bas en ce moment, il est sorti très récemment.

Deux musiciens t’ont rejoint sur scène…Peux tu nous parler de ta nouvelle formation scénique ?
Comme tu le dis nous sommes trois, la fantastique, belle et flamboyante Léonie Pernet qui joue de la batterie debout, des pads et qui chante certaines parties en lead et des choeurs, le non-moins flamboyant et inénarrable Clément Daquin (ALB) qui joue de la basse, du clavier et qui fait des choeurs également et moi, clavier et lead vocal.

Votre meilleur souvenir à trois ?
Une histoire de seau d’eau…

Sur ce nouvel album, et c’est surement ce qui justifie ton choix de passer aux format live avec des musiciens, on ressent la volonté de se tourner un peu plus vers la pop, de mettre en avant la voix, de nouvelles sonorités…y a-t-il d’autres courants musicaux auxquels tu songes t’attaquer ?
Je n’en ai pas la moindre idée, contrairement à d’autres je ne fais pas d’études de marché quand je commence un disque, je passe mille heures dans mon studio et il en ressort un disque, plus ou moins dans l’air du temps, plus au moins attractif…donc je ne peux pas moi-même te dire ce que sera le prochain. Mon seul projet est de bosser à nouveau avec d’autres musiciens, chanteurs, chanteuses… j’en ai très envie et j’ai d’ailleurs fait plusieurs journées de studio avec différentes personnes à NY et Los Angeles pendant notre tournée et j’ai adoré, ça faisait longtemps, et il y a plein de gens qui m’inspirent et avec lesquels j’ai envie de collaborer.

Parlons un peu de toi. Des morceaux comme On a Train  comportent une facette réellement sombre, le texte est assez tragique, la musique presque menaçante…et on retrouvait déjà cette particularité dans Away From The Sea : derrière l’euphorie apparente, l’extrême pessimisme du texte…Y a-t-il chez toi, dans ta personnalité, cette même dualité ?
Oui je pense, et c’est l’intérêt de la musique et peut-être de l’art en général que d’arriver à véhiculer des sentiments variés dans la même pièce. Je n’ai pas envie de dire « pleurez, cette chanson est triste », aller dans le pathos et les nappes tristos avec un mec qui chuchotte ou au contraire « trop cool, on s’amuse, on danse c’est la fête » et aller dans l’hédonisme pur. Et je suis gémeaux et gaucher…

 

[highlight]Je suis gémeaux, et gaucher…[/highlight]

 

Peux tu nous détailler un peu ton parcours musical depuis le conservatoire ?
Globalement je n’ai jamais rien fait d’autre que de la musique, j’ai eu la chance de rencontrer des gens qui m’ont aiguillé, aidé, influencé ou avec les lesquels j’ai collaboré… j’ai joué dans des groupes de rock de lycée, j’ai fait de la techno bourrin, de la pop. En fait je ne suis pas un geek d’un type de musique en particulier et toutes ces expériences m’ont permis d’avancer aussi en tant que producteur, j’ai toujours enregistré et produit ma musique et même si du coup il y a eu des ratés ça m’a permis d’avancer et de ne pas être coincé dans une routine. J’ai produit le second album des Birdy, celui des Bewitched, co-produit le premier disque de Alb, les morceaux et remixs de Brodi jusqu’à l’année dernière, tous les morceaux et remixs de The Magician, filé un petit coup de main à The Shoes, et en ce moment je fais de la prod pour un chanteur Japonais et Oh land…sans compter les remixs très variés que j’ai réalisé et d’autres projets de prod pour cette année. L’éventail est large et c’est ça qui m’intéresse.

Bon, et la Reims Academy, elle en est où ? Vous avez toujours le temps de collaborer les uns avec les autres ou bien ce temps est-il révolu ? As-tu le sentiment que quelque chose s’est éteint ?
Pour être franc j’ai l’impression d’avoir été le moteur d’un truc sans particulièrement m’en rendre compte, je suis le premier pour qui ça a marché et on en a parlé plusieurs fois notamment avec Anthonin des Bewitched qui disait que le fait d’entendre dire que je jouais un peu partout dans le monde, que je sortais des disques et que je vivais de tout ça alors qu’il me voyait prendre le café dans le bar du coin le matin à Reims lui a décoincé un truc, lui a fait réaliser que c’était possible de sortir de sa chambre… Après on a tous collaboré, pour ma part j’ai eu conscience de cette l’existence d’une réelle scène et de l’intérêt qu’elle suscitait très tard, à la différence d’autre groupes qui ont pu le comprendre très vite et en tirer parti, pour finalement la renier au final, mais c’est le jeu j’imagine…
En tout cas on tourne avec Clément, de nouveaux groupes comme About The Girl ou We Are Knights arrivent, tout le monde fait sa petite histoire et on garde tous de bons rapports. On refera sûrement de la musique les uns avec les autres quand on aura le temps.

 

[highlight]A Reims, on refera sûrement de la musique les uns avec les autres quand on aura le temps.[/highlight]

 

Tu as fondé le festival Elektricity avec Guilhem Simbille en 2003, participes tu toujours à son organisation ?
Pas officiellement mais on se réunit toujours pour parler de la programmation et du cadre général du festival, et j’essaie d’y jouer chaque année avec l’un de mes différents projets, cette année je vais juste prendre la programmation d’une sorte d’after dans un lieu très beau et jamais utilisé comme tel.

A propos, il me semble que lors de la journée d’ouverture, a été projeté le documentaire Looking for Yuksek, réalisé par Yvonne Debeaumarché. Peux-tu nous en dire un peu plus ? Quand les fans pourront ils le visualiser ?
Oui, c’est un documentaire sur la création d’un disque, sur les doutes, les bons moments, les looses… je pense que ça me dépasse un peu, et heureusement, le film est vraiment plus sur le processus créatif que sur ma petite personne, et dans ce sens il est très réussi, comme tous les documentaires d’Yvonne quel qu’en soit le sujet. Pour la diffusion web je ne sais pas, on en parle.

Hormis la musique, as-tu d’autres projets ?
Le projet #1 était d’arrêter de fumer, j’y ai été contraint, le projet #2 était d’apprendre à marcher sur les mains mais je n’ai toujours pas réussi.

Si ta musique était un aliment, lequel serait il ?
Le sucre, tous les soirs je me dis que pour ma santé (mentale pour la musique) faudrait que j’arrête mais tous les matins je recommence et j’aime ça plus que tout.

Ton morceau préféré en ce moment ?
J ‘aime beaucoup Juveniles en ce moment, le seul groupe français qui n’a pas l’air d’un groupe français, je viens d’ailleurs de finir un remix pour eux.

Yuksek cet été : Benicàssim (12 juillet), Musilac (13 juillet), Big Festival (19 juillet)…

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