‘Laissez les murs propres’, le livre sur les tags du quotidien

mardi 5 janvier 2016, par Olivier Cheravola.

Le livre « Laissez les murs propres » regroupe le meilleur du vandalisme mural, ces petites griffes et autres mots d’humeur que chacun croise tous les jours en sortant dans les rues du monde. Une oeuvre de 200 pages de messages foutraques, de dessins naïfs, de slogans et de punchlines qui provoquent le dégoût des grand-mères et des prioritaires mais qui font marrer les autres.

« Si je traîne en bas de chez toi j’fais baisser le prix de l’immobilier. » Cette punchline du Duczer pourrait aussi s’étendre aux graffiti médiocres qu’on peut croiser chaque jour dans nos villes, pour peu que l’on soit insensible à l’humour d’un mec bourré qui inscrit « Mimi La Pute » au marqueur Veleda sur un abribus. Ce n’est pas l’avis de Benjamin Villemagne et Pitr (moitié du duo Ella&Pitr), deux trentenaires fascinés par le graff et les cultures populaires qui ont décidé il y a quelques années de publier les meilleurs clichés de tags et autres ignorant graffiti sur leur Tumblr « Laissez les murs propres ».

Les deux compères se rencontrent à Saint-Etienne. L’un est bon en graff, l’autre fait du théâtre. Avec d’autres complices, ils créent le crew KnX, spécialisé dans le vandalisme et le collage. L’aventure ne s’arrête pas là puisque les deux acolytes se retrouvent sur un spectacle de la Quincaillerie Moderne, la compagnie de Benjamin. Le Vernissage est une performance théâtrale et visuelle ayant pour particularité de n’avoir que deux peintres-graffeurs comme seuls protagonistes sur scène. Elle remporte tous les suffrages et leur donne l’idée de prolonger l’aventure « Laissez les murs propres » en éditant un livre regroupant le meilleur du vandalisme mural. On croise au détour des 200 pages du bouquin des messages foutraques, dessins naïfs, slogans et punchlines la plupart du temps drôlissimes regroupés par thèmes, avec comme mot d’ordre la simplicité du trait. Puristes du graffiti, passez votre chemin. Pour les autres, on a posé des questions à Benjamin Villemagne entre deux sessions collages.

SURL : Comment t’est venue l’idée de faire ce livre ?
Benjamin Villemagne :
L’idée de faire le livre était de conserver un best of des photos du blog sur un support concret : le papier. Ça fait quelque temps que ça nous trotte dans la caboche avec Pitr. On a demandé à Totipotente, qui joue dans Le Vernissage, de nous aider à le réaliser. Je suis assez fétichiste de bouquins de photos et d’art, alors pouvoir faire le mien c’est un peu un rêve qui se réalise. Marquer un truc dans le temps, pour pouvoir passer à autre chose. Les photos qu’on nous envoie ou que l’on prend, sont des photos de tags plus ou moins pourris et pas destinés à rester sur les murs, alors les mettre dans un livre c’est aussi essayer de capturer l’éphémère de la rue et de lui rendre hommage.

Une anecdote de collage dans la rue ?
Un soir, avec quelques tapinos nous étions en train de faire une sortie affichage à Lyon pour la défense du « no kill » un mode de pêche ou on ne tue pas le poisson mais on le relâche après l’avoir sortit de l’eau, et aussi pour défendre les couleurs de notre crew chéri le KnX. La soirée se déroulait au poil, alliant franche camaraderie et bière bon marché, lorsque sur une des passerelles qui enjambe le Rhône, nous fîmes une rencontre avec quelques gaillards prêts à en découdre. Pas vraiment entrainés aux bagarres de rue, nous nous sommes fait rosser tels des débutants pour une raison encore inconnue à ce jour. Ils étaient inférieurs en nombre mais accompagné d’un golgoth qui n’avait rien à envier à André le Géant et qui distribuait à chacun d’entre nous des gifles comme Obelix aux romains.

Pendant la rixe, l’un de nous, tentant d’esquiver un bourre pif, à jugé bon de jeter intégralement le contenu du seau de colle sur l’un de nos adversaires. Ce qui n’a pas apaisé leur envie de nous fracasser la gueule. Après une capitulation bien compréhensible, quelques coquards et un nez cassé, nous en avons tiré la conclusion suivante: ce soir là nous n’avons pas perdu, oh non, bien au contraire : nous avons gagné de nombreux points de crédibilité de rue, mais également une très belle casquette de la marque au crocodile, que nous avons réussi à subtiliser à nos assaillants durant l’échauffourée.

 

Le livre « Laissez les murs propres » est dispo ici. Quand Benjamin Villemagne ne porte pas des casquettes Lacoste volées, il écoute Booba et fait des gifs ici.

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