L’énigme Stromae.

vendredi 9 juillet 2010, par Antoine Laurent.

« Alors on danse ! Blaaaablaablaablaaa ! »
Certains artistes nous cassent la tête. Parfois parce que la perception de leur personnalité véritable impose un brainstorming permanent, ou parfois encore parce que leurs sons entêtants finissent à la longue par nous percer les tympans. Dans le cas de Paul Van Haver, aka Stromae, c’est un peu les deux.
Alors que son nouvel album vient de sortir, Cheese, le natif de Bruxelles intrigue toujours. Génie de la prod ou prétentieux artiste maigrissime ? Avec son premier tube, Alors On Danse, Stromae s’est fait un nom. Mais quel nom ? Celui d’un producteur de sons de club, ou bien celui du porte-étendard d’un nouveau genre musical ? Alors On Danse, c’est un numéro un des charts dans seize pays différents. Est-ce que derrière ce succés l’on doit apercevoir un changement de bord vers un horizon davantage commercial, pour attirer un public plus large ? Parce que Stromae, à l’origine, c’est un rappeur…
… »faut dissocier les imposteurs et les indispensables. » C’est justement ce que l’on se demande. Stromae, imposteur décrédibilisé par un changement de style trop radical ? Ou Stromae indispensable de la nouvelle scène hip-hop/électro ?
Le bonhomme, derrière son visage anorexiquement innocent, parait tout sympathique au premier abord, aux premières écoutes de ses fameuses leçons qui ont fait de lui une star d’Internet avant d’être une star tout court. C’est peut-être ça en vérité, l’artiste moderne. L’artiste qui se popularise via les nouveaux médias avant d’envahir les ondes au grand plaisir d’un public déjà conquis. Mais est-ce que cet artiste en quête de gloire doit indéniablement se prostituer pour se rapprocher des courants qui plaisent, au risque de perdre son identité musicale originelle.
A l’écoute de Cheese, beaucoup d’éléments de réponse s’offrent à nous. A travers le refrain mielleux de Dodo, l’arrogance de Silence, et le côté surréaliste d’House’llelujah, Stromae dégoute. Pire, lorsqu’il se met à imiter Jacques Brel, notamment dans Te Quiero – le nom de Brel figure d’ailleurs dans les tags Youtube du clip officiel ! Arrogance, quand tu nous tiens – ça en devient franchement ridicule. Alors oui, parfois on sent que la mayonnaise prend et que sa création musicale hybride entre l’électro et le hip-hop peut ressembler à quelque chose, à la manière du style d’un Kid CuDi. C’est notamment le cas de Je Cours, seul son savoureux dans ce marasme indigeste. Mais lorsque l’on s’y penche de plus prêt, on s’aperçoit que le mae-Stro a conçu ce morceau très tôt dans sa jeune carrière, lors de la deuxième leçon. Comme quoi, l’évolution n’est pas bénéfique pour tout le monde.

Mais n’est-ce pas trop peu ? N’est-ce pas trop peu de la part d’un bonhomme bourré de talent, et de la part de qui on attend (beaucoup) trop. Le sourire angélique qu’il nous offre sur la pochette de son album, mêlé à une posture pleine de satisfaction, sont là pour nous narguer. Comme pour nous dire : « Merci d’avoir n**** 15€ pour ces onze petits morceaux que j’ai gentiment bâclés pour vous. » Ce n’est heureusement pas mon cas.

Le succés ne réussit apparemment pas à tout le monde.


« Et là tu te dis que c’est fini car pire que ça ce serait la mort.« 

Article recommandés

Be Ready : l’album « Bandana » de Freddie Gibbs et Madlib sera l’album de l’année
On dit souvent que les ventes ne reflètent pas la qualité générale d’un album. Ou d’un artiste. En ce qui concerne Cocaine Pinãta, première collaboration long format entre le rappeur…
Paula Abu, ce que Londres a de mieux en réserve.
My name is Paula Abu and I’m a 20 year old self-taught photographer born in Nigeria and raised in South London. I grew up loving everything to do with films…

les plus populaires