Virus Syndicate, ambassadeurs du grime

mardi 6 mai 2014, par Vincent Tonnerre.

La plupart du temps dans le hip hop, les ricains tiennent le haut du pavé. Normal. Mais aujourd’hui, des sensibilités différentes émergent enfin outre-Atlantique : les Anglais ont réussi à réaliser ce que les rappeurs Français cherchent à faire depuis longtemps, à savoir créer leur propre rap, le grime. Virus Syndicate est un peu le symbole de ça. Dans le game depuis plus de dix piges, ce crew atypique mancunien, décomplexé et sauvage, surfe sur l’explosion du grime londonien, alliant dubstep et phrasé rythmé. Portrait sur les boss de la rime made in UK.

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Créé en 2005, Virus Syndicate est un collectif composé de MRK1, DJ/producteur, et des emcees Nika D, Goldfinger et JSD. Originaires de Manchester, ils ont commencé leur carrière sur les sidewinder CD’s (enregistrements live vendus sous forme de coffrets) et sur les ondes de la plus importante radio pirate de Londres, Rinse FM. C’est sur cette même radio que le phénomène « grime » a été lancé. Né à Bow (quartier Est de Londres) au début des années 2000, il est le descendant du UK Garage et prend son inspiration dans tout ce que propose le hip hop, le dancehall et le drum & bass. Le genre s’est rapidement développé et a littéralement explosé grâce aux fantasques Dizzee Rascal et Wiley. Avec le succès commercial de leurs albums respectifs, Boy in da Corner et Treddin’ on Thin Ice, valant au premier le « 2003 Mercury Music Prize », les deux précurseurs de ce genre nouveau ont su attirer le regard des médias de la BBC Radio ou de Channel U. Conséquence : la scène électronique britannique a changé de visage, de même que le grime qui a évolué avec l’apparition de nouveaux styles musicaux venus d’Afrique et des Amériques et de différents aspects culturels émergeant. Du pain béni pour les jadis débutants de Virus Syndicate : en débarquant dans un univers en pleine expansion, qui aurait cru que ce collectif, sorti des quartiers pauvres de « Gunchester » allait tout déchirer, surclassant aujourd’hui encore leurs compatriotes britanniques.

« Our first video « Slow Down » went into top ten on MTV Base and the song was all over the radiowe knew then that this was going to be way more than what any of us had ever dreamed it would be »

Précurseurs du genre, les quatre trublions de Virus Syndicate ne sont pas du genre à faire des concessions pour s’assurer l’attrait des médias. Mais leur premier projet frappe très fort et plus personne n’a le choix : le clip de « Slow Down » intègre le top 10 d’MTV Base tout en faisant la couv’ entière des stations de radio. L’engouement qui entoure le groupe, porte-drapeau d’un genre nouveau, leur a assure deux sorties d’album sur le label de renommée internationale Planet Mu. The Work Related Illness et Sick Pay sortent respectivement en 2006 et 2008, tous deux recevant des critiques élogieuses des médias anglais.

Le grime buzze. Les sorties du syndicat mancunien associées à celles de la légende Dizzee Rascal, notamment de son troisième album Maths + English, nominé au « Mercury Music Prize et acclamé par les médias internationaux, propulse le genre sur le devant de la scène musicale mondiale.

MRK1, Nika D, Goldfinger et JSD écument les grands festivals européens et partagent la scène avec les plus grands. L’année 2010 a vu sortir leur troisième album, The Breakout Trilogy, acclamé par DJ Mag, Mag Mix jusqu’à l’ATM Blues & Soul et autre Q Magazine. De quoi lancer une première tournée américaine et en 2012, le groupe décide de s’émanciper et de créer son propre label, Midication. Ils vont alors produire une série de collaborations de haut vol : le titre « Like This » avec Skism évince les Skrillex, Knife Party and co et occupe le haut du Beatport Chart Dubstep pour un bon nombre de semaines.

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En mars dernier, le collectif – faisait son grand retour avec leur dernier album, The Swarm. Au programme , 17 titres ravageurs ambiancés par un casting de rêve : DJ Muggs (Cypress Hill), Buku, Savant, Grems et Son of Kick. Leur son hybride met une fois de plus en avant leur savoir-faire évident : le résultat est là et ce nouvel opus est d’ores et déjà un album indispensable à tous les amateurs de rap.

Débarquant en tant que rookie dans l’univers impitoyable de la musique où le succès est obligatoire, Virus Syndicate a su tirer son épingle du jeu en s’imposant grâce à un univers musical innovant et créatif. Malgré leur popularité grandissante, les Mancuniens ne se sont jamais fait broyer par la machine commerciale et, restent toujours aussi underground et, surtout, made in UK.

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