Liqid : « Redonner de l’humanité à la vie des Syriens »

lundi 25 janvier 2016, par Cathy Hamad. .

Liqid, rappeur franco-syrien au sein du collectif Mutant Ninja, nous parle d’Amal, projet qui réunit 21 beatmakers français sur un seul et même disque. Le récit vibrant d’une initiative sonore qui vise à contrer le silence ambiant autour de la situation du peuple syrien. L’histoire d’un album instrumental qui souhaite redonner un peu à ceux qui ont tout perdu.

Une bonne grosse dose d’espoir. Voilà ce dont on avait bien besoin pour démarrer l’année 2016. Le projet Amal (espoir en arabe) réunit la crème des beatmakers français – 21 d’entre eux, au total – pour la bonne cause. 20Syl, Al’Tarba, GUTS, Nikkfurie (La Caution), les Scratch Bandits Crew, Asagaya, Oster Lapwass, les membres du label Mutant Ninja, à l’origine du projet, et beaucoup d’autres ont chacun créé une instru inédite pour soutenir une initiative pleine d’humanité : parler du peuple syrien, coincé entre le fanatisme meurtrier de Daesh et la répression des forces de Bachar el-Assad et poussé sur la route de l’exil.

Tues par les médias, les voix de ces millions de personnes sont aujourd’hui entendues. Liqid, rappeur de Mutant Ninja d’origine syrienne, a enregistré à Damas en 2005, avant la guerre, les mots d’un peuple et l’ambiance d’une ville vivante, quelques années avant qu’elle ne connaisse la mort. Dans Amal, ces voix lient les morceaux ultra qualitatifs proposés par tous les producteurs du projet pour raconter une histoire. La finalité de celle-ci ? Imposer une trêve dans l’horreur, remettre la vie au premier plan et, surtout, générer des revenus qui seront reversés à une association indépendante, A Syrian Dream. Cette dernière a la volonté de former des enseignants et de continuer à donner des cours aux jeunes Syriens dans les camps à la frontière turque.

Liqid, Tarafa de son prénom, nous parle de l’oeuvre la plus importante de sa vie d’artiste. Franco-syrien, il a vécu l’effroi à travers sa famille et ses proches dont certains ont réussi à fuir quand d’autres (sur)vivent encore sur place. Bien qu’il ne livre aucun morceau sur cet album où ne figure aucun rappeur, il demeure, pour des raisons évidentes, le ciment de ce superbe projet humain.

liqid 1

Ta famille vit à Damas ?
Mes parents sont en France. Je suis né en France aussi mais j’ai la double nationalité : je suis né syrien et je suis devenu français quand j’avais six ans, à peu près. Tout le reste de ma famille est en Syrie. J’y allais souvent ; tous les étés puis un été sur deux. La dernière fois que j’y suis allé c’était en 2009 ou 2010. Donc un ou deux ans avant la révolution qui a démarré en mars 2011. Maintenant c’est impensable d’y aller, c’est impossible d’y retourner. Techniquement et même pour des raisons politiques.

Ta famille sur place est à l’abri ?
C’est un peu compliqué. Ma famille est à Damas et à Homs, deux des plus grosses villes syriennes. Et ça dépend. Je vis vraiment la situation, les différentes étapes et la façon dont ça s’est dégradé, à travers le prisme de ma famille. Une partie d’entre eux a tout perdu. C’est à dire plus de maison, plus de travail, dans l’obligation de reconstruire une vie de bricolage, s’entraider entres voisins. Ils se retrouvent les uns sur les autres dans des tout petits appartements qui coûtent extrêmement cher. Dans certains quartiers, c’est impossible d’avoir des médicaments, le prix de la bouffe a explosé. Et encore ils ne sont pas dans les pires coins. Je ne dirais pas qu’ils sont dans des coins préservés parce qu’ils sont pilonnés par le régime, mais ils sont moyennement à l’abri. Ce n’est pas les plus à plaindre des Syriens mais ils ont tout perdu ! Après, une grosse partie des jeunes garçons de ma famille, tous mes cousins en gros qui ont entre 25 et 30 ans, sont quasiment tous partis du pays. Ils sont arrivés en Allemagne y a deux, trois mois, ils étaient dans le flot de réfugiés qu’on a connu à la fin de l’été dernier au moment où c’était la folie. J’ai suivi leurs aventures en Turquie : quand ils essayaient de trouver un passeur, un bateau pour aller en Grèce, quand ils se sont fait arrêter deux fois par les gardes-côte et qu’ils ont été obligés de retourner en Turquie, un jour de prison par-ci, un jour de prison par-là… Ils m’envoyaient des photos via Whatsapp, ils dormaient dans la rue… C’était une épopée incroyable. Après avoir passé la Hongrie et compagnie, ils ont finalement réussi à atterrir en Allemagne. L’Allemagne devient un peu la nouvelle Syrie par ailleurs : je me retrouve à avoir plein de cousins, cousines, des potes, des potes de mes parents ! C’est assez marrant.

Ils seraient plus d’un million et demi en Allemagne aujourd’hui.
Non mais c’est de la folie. Je me suis d’ailleurs rendu compte à travers cette aventure personnelle que la France n’est absolument pas une destination voulue par ces mecs-là.

Elle ne l’est pas ou ne l’est plus ?
Je ne sais pas si elle l’a un jour été, dans une autre ère. La France a une super mauvaise image pour les réfugiés. On le voit à la manière dont ils sont traités, ils sont laissés sous des ponts là où les Allemands ont vraiment développé un dispositif : on leur donne un petit pécule, on leur donne des cours d’Allemand, c’est hyper bien organisé. Après, c’est dans leur intérêt aussi hein, ils ont une population vieillissante et là ils ont de la main d’œuvre qui débarque en masse – c’est super ! Ça arrange tout le monde. J’ai découvert, grâce à mes cousins, qu’il y a un groupe privé sur Facebook qui regroupe 100 000 personnes. C’est un groupe tout en arabe pour les voyageurs syriens. En gros, ils s’échangent les bons plans, les bons passeurs dans les villes de Turquie : « Attention passez pas par là en ce moment, il y a les keufs ! Passez plutôt par telle côte de la frontière macédonienne ! » Ça a énormément servi le flot de réfugiés d’il y a quelques mois.

Des aspirants rappeurs en profitent pour y poster leurs mixtapes ?

Franchement on pourrait totalement s’en servir comme moyen de promo ! Non mais en vrai, ce qui est marrant c’est que tu as plein de vidéos de mecs sur les bateaux qui débarquent en étant trop contents, des familles, des appels à l’aide, des chaînes de solidarité incroyable. C’est sur ce groupe que j’ai réalisé que l’Allemagne, c’était vraiment l’Eldorado dans leurs esprits. Tu y trouves des photos d’Angela Merkel dans un cœur en mode hyper kitch, à l’ancienne, avec écrit « On t’aime » en arabe. C’est trop marrant. Mes cousins me racontaient qu’en arrivant à la gare de Munich où ils sont censés dispatcher les migrants dans les bus vers l’Allemagne et dans d’autres pays européens, les bus qui sont censés amener les gens en France étaient vides. Il n’y avait personne dedans.

Toi, franco-syrien, tu vis cette épopée à travers leurs yeux. C’est ce qui te donne envie de faire Amal avec Mutant Ninja ?
Tout à fait. Ça nous a donné envie avec Mutant de faire un truc. Je situe le point de départ assez précisément mais en réalité, c’est un processus qui remonte au début du conflit avec des questionnements un peu philosophiques. « Est-ce qu’en tant qu’artiste, pas particulièrement politisé, c’est de mon ressort ? Est-ce que c’est mon rôle ? Est-ce que je suis légitime à monter des projets pour des causes qui me sont chères ? » Et là dessus, je n’ai pas eu la réponse tout de suite. Après, j’ai toujours peur de détourner une cause noble pour ma vanité ou mon buzz perso, ce que je trouve horrible. Tout ça m’a freiné pendant longtemps. Mais il s’est passé certaines choses avec ma famille, notamment le début des déplacements à l’intérieur du pays, des potes qui me racontaient l’explosion d’un magasin de disques que j’adorais à Yarmouk, à côté de Damas… Le bâtiment a complètement explosé par un baril tombé du ciel. C’est là qu’on s’est dit, début 2015, qu’il fallait vraiment faire quelque chose. Par ailleurs, ma mère est partie en Turquie avec l’association A Syrian Dream pour former des jeunes qui sont dans des camps complètement laissés à l’abandon et dans lesquels il y a plein d’enfants déscolarisés, sans activité, sans rien.

amal tracklist

D’où le choix de cette association pour Amal ?
Ouais ! Cette asso qui s’occupait des enfants a commencé à mettre en place des cours d’arabe, d’histoire, de langue étrangère, des ateliers d’arts. Elle essaie de financer une bibliothèque pour les enfants réfugiés du quartier, de former des enseignants parmi les réfugiés pour que ce ne soit pas juste quelque chose d’éphémère mais que ces personnes-là puissent vraiment bosser par la suite. Ma mère a participé à tout ça et quand elle est revenue, elle m’a raconté tout ce que faisait l’association. C’est une petite asso indépendante qui galère et qui, dans sa vision humanitaire mais aussi dans sa galère financière, me faisait un peu penser à Mutant Ninja, à notre façon de mener nos opérations sans être financé par des grosses majors de l’humanitaire. J’ai été hyper touché et c’est à ce moment-là qu’on a décidé de se lancer.

Toi qui est un rappeur, pourquoi tu as voulu faire un disque instrumental pour faire passer un message si important et si personnel ?
On a tout de suite pensé à faire un album instrumental. On voulait vraiment que ce soit purement humanitaire. On n’avait pas du tout envie de politiser le discours. Il y avait quand même un vrai risque par rapport à ça, surtout si on invitait des rappeurs. Tout le monde a envie de s’exprimer et tout le monde a un avis plus ou moins subjectif avec lequel on sera pas tous d’accord. Avec ce projet, on ne voulait pas parasiter le truc et on voulait pas lui donner une couleur politique. Après, moi j’ai mes convictions et je milite par ailleurs pour ces convictions-là. Mais l’idée de ce projet c’était vraiment d’être sur un truc humanitaire, de solidarité etc. Donc l’instrumental s’y prêtait mieux.

Il n’y a donc volontairement pas de parti pris ?
C’est volontaire. Tout à fait. Après, on a commencé à développer le tracklisting et à contacter tous les beatmakers qu’il y avait autour de nous. Ça s’est hyper bien passé parce que tout le monde était chaud. On n’a vraiment pas galéré.

Comment tu as présenté le projet ?
On leur a présenté comme on vous le présente aujourd’hui. On leur explique le processus qui m’a amené à avoir l’idée du projet, on leur a présenté l’association, on a envoyé des liens sur ce qu’ils font sur place. On leur a expliqué aussi que ce n’était pas politisé, qu’on ne voulait absolument pas faire de truc pour qu’un groupe achète des armes pour se battre sur place. (rire) À la base, on ne savait pas dans quoi l’on s’embarquait. On ne savait pas si on allait se retrouver avec uniquement des artistes de Mutant Ninja ou un meilleur lineup. 99 % des artistes que l’on a contactés ont répondu présent.

Il y a forcément des « oui je vais le faire » et des « oui c’est génial je vais donner tout ce que j’ai » ?
Franchement, j’ai l’impression que personne ne l’a fait à contrecœur, en hésitant ou en ayant juste peur de passer pour un salaud. Tout le monde a été emballé, engagé. Ils jouent tous le jeu, sur la promo, tout le monde relaie tout… C’est ce qui nous donne de la force pour défendre le projet, c’est que tous les artistes qui ont participé, avec une connaissance inégale du projet, de la problématique – ce qui est normal – sont tous à fond.

 

« pas envie de rentrer dans un truc cliché où tout le monde allait sampler de la musique arabe ou syrienne »

 

Ils avaient carte blanche pour les morceaux ?
Ouais totalement. C’était déjà beaucoup de solliciter tous ces artistes, de leur demander un titre inédit, on a donc pas voulu donner de direction artistique. Même, de façon générale on avait envie que chacun donne ce qu’il avait envie de faire. Et puis on avait pas envie de rentrer dans un truc cliché où tout le monde allait sampler de la musique arabe ou syrienne.

Il y en a petit peu quand même dans le morceau de Bonetrips, et même dans les interludes on a parfois l’impression d’entendre George Wassouf.
Oui c’est très possible !

Mais dans leur carte blanche, tu leur as quand même donné les sons d’ambiance ?

Non, ça ne s’est pas fait comme ça. Chaque artiste a mixé dans son studio avec les moyens qu’il avait. Tous nous ont ensuite envoyé leurs titres définitifs. Puis nous sommes partis en studio avec Bonetrips, beatmaker de l’équipe et également ingé son et réalisateur studio attitré du label, pour homogénéiser le tout et construire le tracklisting. À ce moment-là, il me dit : « Tu te rappelles Tarafa, on était partis ensemble en 2005 à Damas, on s’était baladés avec un enregistreur numérique et on enregistrait tout ce qui se passait. » J’avais complètement zappé. On se baladait dans la rue, on allait dans des cafés, on allait dans ma famille et on enregistrait tout ce qui se passait.

Pourquoi ?
Je sais pas. Parce qu’il y avait certainement des projets en cours… À cette époque on bossait sur l’album Trop jeune pour mûrir des Gourmets, donc c’était il y a dix ans.

Donc tu lances le projet sans penser à ces enregistrements ? T’avais pas prévu de lier les morceaux avec ces sons ?
Non ! C’est Bonetrips qui m’a rappelé l’existence de ces bandes une fois en studio. Quoi de mieux que ça pour vraiment donner du sens au tout ! Il a exhumé ce disque dur, on a tout réécouté. C’est hyper émouvant, parce que c’est des sons qui rappellent un pays qui existe plus de cette façon là.

Des sons de la vie, qui servent un album qui donne à voir la guerre.
L’idée c’est justement que l’album soit porteur d’espoir. D’une façon technique même, le fait d’avoir ces ambiances nous a permis de donner une vraie cohérence à l’album, ce qui n’est pas évident quand tu as 21 titres de 21 beatmakers différents. L’ordre dans lequel on a mis les morceaux fait que ça raconte aussi une histoire. Il y a aussi une évolution. T’as un point de départ avec les titres de Tcheep, de Goomar, etc. où l’on part sur un truc un peu smooth, puis tu as vers le milieu de l’album avec une session plus hardcore, même carrément hardcore, avec les sons de I.N.C.H, d’Al’tarba, de Sayem et même de Nikkfurie ou Arom. Ça part dans une session un peu plus violente qui évoque ce qui se passe actuellement. Enfin, avec Bonetrips on a un truc un peu plus aérien, glorieux voire onirique qui, j’espère, représente un futur proche. J’espère que ça raconte le déroulement des événements avec une ouverture sur un avenir qu’on espère assez heureux.

liqid 2

Dans les sons de vie enregistrés à Damas, il y a beaucoup de voix. Mais tu les mets presque en retrait. Tu dirais qu’aujourd’hui, dans les médias, c’est un la même chose ? On les entend peu, pas assez ?
Oui, c’est vrai. Dans les médias, le peuple syrien est toujours oublié. On parle évidemment de Daesh, c’est ce qui fait « fantasmer » tout le monde. On parle un peu du régime, on parle des différents groupes, on parle des Russes mais on parle très peu du peuple. Même quand on parle des migrants, on les déshumanise. On en parle comme d’un collectif. J’ai de centaines d’histoires de personnes avec des histoires d’amour, des rêves, des projets, des aspirations parfois artistiques, des idées de business. Ce sont des gens comme nous tous mais ils sont déshumanisés. Donc effectivement, ces voix, ces ambiances c’est aussi pour donner de l’humanité, du relief concret à la vie des syriens.

La couverture de ton album reflète exactement ton titre : les ruines tristes et ternes derrière et la vie haute en couleur, l’espoir devant.
Ouais ! C’est un photojournaliste syrien qui s’appelle Mohammed al-Kathieb qui vit toujours à Alep. Il fait partie d’un centre de média indépendant qui s’appelle Aleppo Media Center où il s’occupe de relayer l’info de la partie dite « libérée » d’Alep. Parce qu’Alep est maintenant est divisée en deux parties, la partie qui est encore sous contrôle du régime, et la partie qui est au contrôle du parti « rebelle », la Free Syrian Army (FSA). Il y a pas mal de zones qui sont sous contrôle du FSA. Après c’est la guerre : t’as des villages qui sont un jour au FSA, un jour au régime, un jour à Daesh. C’est n’importe quoi. Je caricature un peu mais en gros c’est comme ça que ça se passe depuis quelques années. Bref, il est dans le Alep libéré et il donne des infos régulières sur la situation et sur les combats.

Vous l’avez contacté ?
Ouais. Avant ce projet, au tout début, j’avais trippé sur cette photo qui existait déjà. J’ai toujours trouvé que cette photo géniale ; elle est marrante parce qu’il y a un coté un peu absurde, un peu débile et en même temps elle transpire l’espoir. Le contraste des couleurs et l’histoire que ça raconte… elle est chouette. On a commencé à bosser sur le projet et j’ai retrouvé le contact du mec. Je l’ai rajouté sur Facebook, je lui ai envoyé un mail en arabe écrit par ma mère et il m’a répondu en anglais en disant qu’il était hyper content, qu’il était chaud et qu’il me donnait son accord mais que je devais voir avec l’AFP qui gérait les droits du cliché. On avait peur de rentrer dans une machinerie infernale, mais au final ils ont rapidement accepté.

C’est toi qui a mis les lunettes façon « Deal with it » ?
C’est Tok, notre graphiste. On voulait la pimper un peu la photo, c’est pour le côté rap game. C’était la blague de manière générale .

Il y a un projet similaire au vôtre qui s’appelle For the People de Jakarta Records, tu vois ?
Oui ! En gros c’est une coïncidence, mais c’est aussi devenu un modèle, pour être honnête.

 

« ça change un peu ma perception de mon aventure musicale »

 

Il est sorti au moment ou vous prépariez l’album ?
Ouais, on avait déjà contacté les artistes et on était en train de récolter les trucs. Et là on voit le truc qui sort. D’abord, je suis dégoûté. Après j’étais content parce que c’est une bonne initiative et en plus ça vient d’artistes que j’adore. J’aime vraiment le label Jakarta ; ils ont notamment un groupe qui s’appelle Betty Ford Boys, un trio de beatmakers. Le groupe est composé de Brenk Sinatra, qui est à l’initiative du projet For the People, Suff Daddy qui est un gros beatmaker allemand et un troisième mec dont j’ai oublié le nom [Dexter, ndlr]. En l’occurrence, je pense que c’est vraiment mon groupe de beatmaking préféré depuis quelques années et j’étais content de voir qu’ils étaient derrière ce truc-là.

Tu les connais ?
Je ne les connais pas personnellement mais on les a contacté et a priori, on va faire des release party d’Amal avec eux. Je sais pas si on va réussir à réunir tous les gars mais on va faire au max. On va ramener des gens en tous cas.

Beaucoup soutiennent le projet. Vous vous y attendiez à un tel engouement médiatique ?
Non on s’y attendait pas. Franchement, je n’ai jamais été aussi chaud sur un projet alors que concrètement j’ai pas de véritable implication artistique. Ça change un peu ma perception de mon aventure musicale. C’est très enrichissant de faire des projets qui ont un sens au delà de la musique.

Pour ne pas s’engager davantage avec Mutant Ninja du coup ?
En fait, on est engagé d’une certaine manière. Je trouve qu’on est plus engagé que plein de gens en réalité. On milite plutôt pour une musique originale.

Le fait qu’il n’y ait pas de rappeurs sur le projet, c’est se mettre à l’abri de tout risque de polémique.
Ouais et en plus ça aurait été trop compliqué de faire un truc avec des rappeurs. Déjà parce qu’on est tous à moitié débile, et puis même moi qui suis hyper sensibilisé par le truc je ne sais pas ce que je raconterai dans un morceau sans me prendre au sérieux.

Avant ça, t’appréhendais la réception du projet ?
On ne savait pas trop à quoi s’attendre, mais on était quand même assez confiants parce que l’on sait que c’est un beau projet et que musicalement, ça défonce.

C’est un risque de parler d’un sujet peu abordé et véhicule de beaucoup de paradigmes.
Ouais. À certains moments, je me suis un peu dit : « Oh la la, c’est foutu. » Au moment des événements du 13 novembre, on était en train de finaliser le truc. Je me suis vraiment demandé qui allait avoir envie de parler des Syriens sous cet angle-là alors qu’on venait de retrouver un passeport syrien sur l’un des terroristes, ou plus ou moins. Et au final non et ça c’est assez chouette de façon générale. C’est plutôt bon signe. Bien sûr, t’as des moments de doutes mais franchement on était tellement déterminés que ça devait forcément mener à quelque chose.

Tu ne rappes pas sur Amal mais c’est pourtant la première fois que tu te livres autant dans un projet.
De façon aussi personnelle ouais, carrément.

Et tu le vis comment la sortie d’un disque qui raconte ton histoire ?

C’est une fierté incroyable.

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