Ce rappeur qui a fait tuer sa mère pour 90 000$

jeudi 1 janvier 2015, par Cedric.

Bien que la scène rap de Chicago soit en pleine ébullition, il y a un rappeur dont vous n’entendrez probablement pas un seul morceau cette année. Ni l’année prochaine d’ailleurs. Par contre, à l’inverse de ses (rares) sons que vous n’avez jamais écoutés et que vous n’écouterez jamais, vous allez bientôt retenir son nom, lui qui vous était jusqu’à présent complètement inconnu. Pour cause : Young QC est en prison. La raison ? Rien de bien grave, il a simplement orchestré le meurtre de sa mère, en septembre 2012, pour pouvoir récupérer les 90 000$ de son compte en banque et bénéficier de ses deux contrats d’assurance-vie. Damn, son.

Pour ça, lui et ses deux comparses vont passer les prochaines années de leurs vies en prison à éviter de faire tomber la savonnette. Ou pas : Young QC (ou Nick QC, on ne sait pas trop) est une énigme. Un peu gay, un peu stupide, un peu acteur, un peu rappeur. Une sorte de Swagg Man chicagohan, en somme. Bien que son acte soit impardonnable, il nous semblait quand même un peu nécessaire de lui accorder un peu de lumière, puisqu’il risque de passer le reste de sa vie à l’ombre.

Untitled-3

Il y a une chose qu’on peut reconnaitre au succès de Chief Keef : mérité ou pas mérité, il nous permis d’ouvrir les yeux sur une réalité qui était loin d’être évidente ou criante pour de nombreux terriens. La ville de Chicago est pleine de misère. Le dreadeu lui-même est le symbole de cette jeunesse qui part en couilles, adeptes de la sainte trinité drogues, viols et gunshots. Le seul point commun à tout ça est clairement la poursuite du billet vert, le messie qui te permet d’entrevoir la lumière. Plusieurs voies sont possibles : l’école, la musique, l’art, ou le crime.

A la manière d’un Lil B, Nick – son prénom – s’est bati une réputation sur internet à grand coup de vidéos balancées sur les réseaux sociaux. Son but ? Devenir célèbre et, bien évidement, attraper à son tour son billet. Young QC pouvait compter sur ses multiples talents pour pouvoir poursuivre sa quête. Le premier d’entre eux : la danse. Avec quelques de ses amis, il crée la « Heatsquad » une team capable de battre toutes les autres, comme dans Street Dancer. Malheureusement pour lui, ses qualités dans ce domaine laissent à désirer et sa team a plus une allure de bras cassés qu’autre chose.

Pas découragé pour autant, Young QC délaisse le hip hop pour se consacrer à la danse du ventre.

Le problème, à partir de là, c’est qu’on ne sait pas qui est le public visé, ni le but poursuivi. Taper dans l’oeil des chorégraphes de Rihanna ? Lancer une nouvelle vague de pole dance masculin ? Quand on voit la suite de sa carrière, on devine bien que les choses n’ont pas évolué dans ce sens. Mais il l’avait lui même prédit et c’est pour ça qu’il s’est dirigé vers la chanson : avec deux titres à son actif, on ne peut pas dire qu’il soit quelqu’un de très productif. C’est plutôt dommage, on pouvait penser qu’il avait enfin trouvé sa voie. Mais fort d’une volonté de diversifier ses activités, Young QC décide de devenir acteur. Ambitieux, il va créer sa propre web-série – sobrement intitulée The Nick Story. Sur un ton dramatique, il va raconter les péripéties de sa famille durant neuf douloureux épisodes. L’acting, ça le connait. Le mec se fera quand même interviewer par les médias locaux à l’occasion de l’enterrement de sa madre dont il a encore le sang sur les mains.

On y retrouve toutes les conneries que l’on retrouve dans pas mal d’autres trucs du genre : disputes, trahisons, histoire de coeur/de cul… Si elle arrive à captiver le téléspectateur, c’est parce qu’elle est intrinsèquement très drôle, faut bien l’avouer. Bien qu’elle soit pensée pour faire chialer les minettes des projects de Chicago. La performance des acteurs, les scènes cocasses, le montage… Il y a assurément quelque chose. A ce jour, sa plus grande réussite, sans aucun doute. Ca y est, le mec a enfin trouvé sa voie. Un hic subsiste : ça ne résout toujours pas son problème pécunier…

Quand on y repense, c’est avec l’argent volé sur le compte de sa mère qu’il a pu réaliser ses vidéos. Il avait probablement déjà l’idée en tête quand il a convié ses deux comparses à s’introduire dans la maison de sa mère pour lui mettre une bastos en plein milieu du front et lui mettre plusieurs coups de couteau. Elle qui était appréciée par tout le monde dans le tiéquar, c’est triste. Une star locale cette Yolanda Holmes, propriétaire d’un salon de beauté à succès dans l’uptown de la Windy City. Il a fallu que son ingrat de fils engage deux potes pour la tuer. Tout ça pour quoi ? Pour pouvoir bénéficier des deux assurance-vies auxquelles sa mère avait souscrites et des 90 000$ qui se trouvaient sur son compte. Il aurait été plus judicieux de demander à sa génitrice d’investir dans sa web-serie. Ou bien d’utiliser Kickstarters. Mais non, il a fallu qu’il fasse le con.

Le pire dans cette histoire, c’est que le bonhomme a fait tuer sa mère en septembre 2012. Pendant toute une année, jusqu’à son arrestation en décembre 2013, Nick n’a pas réussi à faire profil bas : son compte Instagram le montre en permanence entouré de l’argent sale braqué à sa tendre mère. « Just to show people I’m on a whole different level« , se permet-il même de lancer dans la vidéo ci-dessus alors qu’il s’apprête à retirer 20 000$ en liquide pour les balancer à ses « fans ». Une autre conception du deuil qui n’aura alerté personne au sein de sa fanbase, mais qui aura évidemment attiré les autorités.

Article recommandés

Adamn Killa, poison rose bonbon
Le rap semble être devenu un genre à nombreux tiroirs que les définitions historiques pourraient ne plus correctement décrire. Nombreux sont les artistes qui tirent désormais le genre dans une direction…

les plus populaires