On avait décrypté le premier album de Rapsody, The Idea Of Beautiful, sorti en mai 2012. Un opus de bonne qualité qui laissait présager le meilleur pour la suite de sa carrière. Quinze mois plus tard, où en est notre female emcee préférée ? Elle prend le temps de préparer son deuxième EP tout en cumulant énormément de lives pour son album mais également pour Jamla Records, label de son mentor 9th Wonder. Le producteur, son Pygmalion qui l’avait fait décoller en solo, la signant sur sa maison de disque et produisant une majorité de ses titres.
Un projet aussi travaillé qu’un shoot de Jesus Shuttlesworth
En attendant le prochain album, l’ancienne membre du collectif Kooley High a sorti en début de semaine She Got Game. Mais quand on connait ses précédentes cassettes telles « Thank H.E.R. Now, doutez-vous qu’il s’agit d’un projet aussi travaillé qu’un shoot de Jesus Shuttlesworth, blindé de pistes solides et d’invités renommés. On retrouve assez logiquement à la production 9th Wonder, Khrysis mais aussi un DJ Premier qui lui a fait l’honneur de fournir l’instru de « Kingship ». Ces beatmakers se mettent au diapason de l’artiste, grande amatrice de sample jazz et soul pour un rendu qui frôle la perfection.
On tient l’une des toutes meilleurs mixtapes de 2013 pour deux raisons. La première, c’est que la emcee a encore progressé : un flow toujours plus vif et percutant, qui régale l’auditeur à chaque morceau. La seconde, la qualité des featurings. Rapsody a convié des artistes qui collent à son univers musical. Une belle liste qui mêle ancienne et nouvelle génération. On retrouve Raekwon, Common, Jay Electronica, Wale, le prodige Chance The Rapper et même ce sacré farceur Mac Miller, auréolé des critiques positives autour de son surprenant Watching Movies with the Sound Off. D’ailleurs, le duo sur « Generation » fonctionne à merveille. Parmi les autres pépites, impossible de ne pas citer « Complacent » ou encore « Special Way ». Pour le moment, trois singles ont étés mis en ligne : « Dark Knights », « Jedi Code » et « Never Know ». Une promotion légère car aucun clip n’a été dévoilé pour faire le buzz autour de ce projet.
Les gens prennent souvent des raccourcis avec les artistes étiquetés « underground », ceux qui feraient du son seulement par amour du hip-hop plutôt que pour amasser des billets de toutes les couleurs. Si ce discours nostalgique manque clairement de jugeote, la posture de Rapsody semble vraiment sincère et passionnée par l’esprit old school. Dans une récente interview pour XXL, elle parlait ainsi de sa vision de la musique « Tu ne fais pas de la musique pour les radios, mais pour les gens, pour les toucher. Et c’est comme ça que vous gagnez ». Malgré son succès, elle garde ses principes et ne semble pas vouloir sauter le pas du mainstream, pour notre plus grand plaisir.
Bien loin d’une Nicky Minaj, Rapsody est l’un des seules artistes qui arrivent en 2013 à faire ressortir l’amour qu’elle a pour ce hip-hop qui sent l’odeur des samples et des sessions freestyles dans les MJC. Poussiéreux pour certains, authentiques comme d’autres. L’originaire de Caroline du Nord arrive au sommet de son art : il risque d’être difficile pour elle de faire encore mieux, mais de rester à ce niveau serait déjà une belle victoire.
As a female, don’t put me in this box….I can run with the fellas.
Elle l’annonce elle-même, Rapsody veut s’installer pour longtemps dans ce milieu underground encore bien trop masculin. Un pari est en passe d’être réussi, normal, Rapsody’s got game.