Mais qui est vraiment Azizi Gibson ?

lundi 5 janvier 2015, par Vincent Tonnerre.

« MUSIC WOMAN & NINTENDO ». Voilà les premiers mots que l’on trouve en s’attardant sur le compte Twitter d’Azizi Gibson. Sans connaître le gars, j’aurais parié sur un teenager geek à lunette habillé façon premier de la classe, fantasmant sur des photos de Kaley Cuoco de The Big Bang Theory en écoutant de la zik 8-bit. Seulement, les apparences sont trompeuses car récemment, un fan a tweeté cette phrase sur sa page : « Azizi Gibson might be the only person alive who can pull of writing about manga fans video games and still sound like a straight thug ». Et ouais, Azizi n’est pas celui qu’on ne croit… Focus.

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Azizi Gibson est ce qu’on pourrait appeler un globe-trotter. Né sur une base militaire américaine en Allemagne, il vécut au Zaïre, à Singapour avant de partir pour la Thaïlande pour finalement atterrir dans le Maryland, USA. Le rap, c’est à l’âge de 3 ans qu’il y goûte pour la première fois : « I’ve seen videos of me when I was three years old rapping, like freestyling ». Et d’après son entourage : « Gibson’s flow is one of the most polished (raffiné, NDLR) you’ll hear from someone his age ». Comme quoi, rap et bonnes manières peuvent faire bon ménage.

Sans en devenir un rêve, sa volonté d’être rappeur va s’installer au crédit de sa plus grande inspiration musicale, Eminem : « Slim Shady is the reason why I became a rapper », explique-t-il. Après avoir fini le lycée, il plaque tout et s’envole pour Cali, avec 2000$ en poche et son ordi. Il va y mener une vie de gypsy qui va le guider par chance vers le Saint Graal, sa rencontre avec le fondateur de la maison de disque Brainfeeder, Steven Ellison, aka Flying Lotus, dans la salle de sport de son bâtiment : « Je lui ai dit que j’étais musicien, mais en vrai j’étais juste super excité de rencontrer Flying Lotus […] J’avais son putain d’e-mail. Et j’allais pouvoir lui envoyer tous mes trucs ». C’est le début de leur collaboration.

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Après avoir fait quelques scènes dans des clubs de L.A., Gibson est signé sur le label Brainfeeder, tout comme The Underachievers, et il y sort son tout premier projet studio, Ghost in the Shell, entièrement réalisé par deux gars de son équipe, Millz et Jonathan Lowell du preHISTORIC Crew. Le retour du g-funk sauce Azizi fait mouche. La mixtape, bien accueillie par la critique, lui fait passer un cap et lui ouvre les portes des tournées européennes. Avec la valise remplie de dope tracks, il va partager la scène avec The Underachievers durant le Anime Panties and Trees European Tour avec ses collègues du preHISTORIC Crew. Outre atlantique, Z ne chaume pas. Durant la tournée, il annonce la sortie prochaine d’un nouvel EP pour la période estivale.

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De retour au pays, Azizi Gibson sort Backward Books dans les bacs. Même recette que pour son EP précédent, Z convoque le preHISTORIC Crew et les beatmakers (Kamandi, The Injuns) qui ont fait sa réussite depuis quelques mois. On y retrouve Millz sur 4 des 9 sons. L’engouement autour de l’artiste est extrêmement lié à sa dernière tournée commune avec The Underachievers, grâce à laquelle la fan base de Gibson s’est considérablement développée. Musicalement de plus en plus entraînant, il provoque son talent avec un flow qui ne laissera pas les amateurs du genre sans avis.

Pour ses thèmes, il fait dans ce qu’il connaît le mieux : drogue, bitchies, musique et mangas. Autant dire que les cendriers ne vont pas désemplir. Les 31 minutes de l’EP sont calibrées pour garder les têtes high, même si des titres comme Sailor Moon s’ouvrent davantage au grand public moins fan du mélange drogue/musique. Avec ce nouveau projet, Azizi Gibson monte encore d’un niveau dans la qualité de ses projets. Son ampleur est de plus en grande chez Brainfeeder et son nom prend du poids quotidiennement sur la toile comme sur scène. Avec un flow et une musicalité bien à lui, l’artiste s’est créé un univers unique et inégalable.


Le plus important reste à venir. En effet, Z veut créer son propre animé. En regardant la pochette de son dernier projet, on voit que la culture manga est très présente dans sa vie. L’intrigue ? Un gamin, au temps de la préhistoire, reçoit d’un météorite un virus qui va lui donner des pouvoirs spéciaux. C’est ambitieux de la part de l’artiste de s’orienter vers un tout autre registre artistique, même si toutefois, ceci ne reste encore qu’un projet. Le talent est là donc souhaitons lui d’aller au bout de ses envies.

Azizi Gibson est un rappeur pas comme les autres, il est différent, atypique, versatile. Son univers multi-culturel est sa force, et ça, il l’a bien compris. Le poulain de Flylo est déjà en train de préparer la suite avec la sortie prochaine d’un nouvel EP, avec son tout nouveau beatmaker Kamandi, rencontré en Nouvelle-Zélande. Azizi Gibson va t-il à nouveau passer un cap ? En tant que rappeur ou créateur de manga ? La réponse très prochainement.

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