[Mixtapes] Fashawn x French Montana x Fabolous

jeudi 29 novembre 2012, par Joackim Le Goff.

Cette semaine a été bien garnie en mixtapes, au point qu’on a pas pu toutes les caser dans nos #sonsfrais journaliers. Pas grave, j’ai profité de mon dimanche après-midi pour rattraper le coup, plutôt que de mater La France a un Incroyable Talent en mode couch potato.

Focus sur trois grosses sorties hip-hop US, que j’aurais pu intituler Triple F : Fashawn, French Montana et Fabolous.

Fashawn – Champagne & Styrofoam Cups

J’aurais pu laisser Florian s’occuper de ce projet, mais je pense qu’on aurait été encore moins objectifs que d’habitude, tellement il kiffe sur le rappeur californien. Labellisé Freshman XXL en 2010, Fash n’a pas vraiment vu sa visibilité dopée depuis, malgré des relations haut de gamme : Evidence, Planet Asia, Murs, The Alchemist mais surtout Exile, qui avait intégralement produit son super Boy Meets World en 2009. Son deuxième album The Ecology se fait toujours attendre, alors on se rabat sur sa onzième tape. Champagne & Styrofoam Cups s’appuie sur la dualité préférée des rappeurs à succès : le champ pour la vie festive et la célébrité, le gobelet en plastoc pour la pauvreté et la débrouille qui a précédé cette réussite.  On a l’originalité qu’on mérite.

Santiago soigne toujours autant ses entrées. Petite ambiance latino sur « Hola Santiago ». La suite manque un peu de peps, que ça soit « Coogi » avec le Muthafuckin eXquire, ou « Worldwide ». Sympatoche, sans plus. La première partie, bien que correctement ficelée, m’endort un peu. Trop plat. Heureusement, la suite gagne en intensité : « In Love with a lie » prend un tournant plus obscur bienvenue, puis Fashwan s’énerve un peu sur « Living to die ». « Medecine Man » avec Wiz Khalifa gère bien, avant de retomber dans un rythme plus planant sur la fin. Le très beau refrain de « Heaven » boucle tranquillement la lecture.

Plus abouti qu’une banale mixtape, Champagne & Cups repose par son ambiance posée et son côté timeless, qui se dégage des sonorités actuelles. Plaisant, mais s’il fallait juger ce projet comme un album, perso ça manque un peu de peps, de charisme. Fash réserve surement ses plus belles pièces pour la suite.

French Montana – Mac & Cheese 3

Surfant sur une dynamique beaucoup plus mainstream que son collègue Fashawn, le Montana français s’est ouvert l’autoroute du dollar depuis qu’il a signé un deal avec le MMG de Rozay et le Bad Boys Puffy. J’ai eu du mal à m’acclimater à son style et son timbre de voix, je l’ai souvent trouvé banal en featuring, mais j’avais pris une claque lors de sa collab avec l’équipe de Memphis sur Cocaine Mafia.

21 morceaux, du name-dropping à gogo dans les featurings : la troisième édition Mac & Cheese brille. Ca bangue d’entrée sur le nouveau blaze de Chad « Ocho Cinco » Johnson avec la team Bad Boy (Puff, Red Cafe, MGK). Mieux vaut aimer, sinon le reste risque de déplaire. On circule dans du rap de masse, aussi efficace que sans originalité. « Dance move » ressemble à ce qu’on écoute 10 fois par jour. Montana pompe aussi le style de Future sur « Tic Toc », mais bon comme il l’a invité sur « Yayo », c’est sans rancune. « Hatin on a Youngin » ou « Devil Want My Soul » surfent sur la vague Drill music sans atteindre la même hargne. Heureusement, le buzz permet aussi de profiter de putains d’instrus. « Sanctuary » sample ingénieusement la bande-son du jeu vidéo « Kingdom Hearts 2 ». tandis que « No Sunshine » gagne un peu plus de profondeur. « Hip Hop » et « State of Mind » montrent que French Montana se soucie un peu du style eastcoast, dont il est originaire. Ah oui, le seul mérite de « Triple Double » consiste à rappeler qu’il faut écouter « It was a good day » d’Ice Cube chaque été.

Cette tape bien formatée n’est qu’une mise en bouche avant un Excuse My French qui frappera sûrement fort, mais pour l’instant je n’arrive pas à percevoir un talent particulier chez French Montana. Dommage, je crois qu’au final les deux meilleurs sons de ce projet sont les deux premiers.

Fabolous – The Soul Tape 2

Un rappeur qui tente de grimper les échelons, un second qui est au bord de l’explosion mondiale. Le troisième, Fabolous, a déjà connu tout ça, mais glisse de plus en plus vers la retraite, voire l’oubli. J’ai toujours adoré Fabo, malgré ses penchants pour les sons girly ou la facilité. Sérieux, derrière cette façade superficielle, ce type kicke comme un dingue. Son cadeau de Thanksgiving ? Une Soul Tape 2 à la cover magnifique. 12 morceaux censés rappeler qu’il peut fumer n’importe quelle prod. On le remarque d’entrée, lorsqu’il reprend à son compte le « Transformation » de Jay Electronica. Bingo. « I’m old enough to know better, young enough to not give a fuck / Rather hold my head high and die than live and duck ».

Loin de renier les vibes plus R&B et matérialistes (« Louis Vuitton » avec J Cole), Loso nous gâte de quelques tueries : « For The Love » produit par Streetrunner, ou la pièce maîtresse « Beauty » concoctée par araabmuzik en compagnie de Wale. Le pitché « Life is so exciting » avec Pusha T m’a aussi plu, mais avait le potentiel pour être bien plus fou, notamment au refrain. Enfin, « We Get High » atteint un registre plus poétique et très posé, qu’on pourrait presque diffuser dans un cabaret de Brooklyn.

Un projet homogène, sans déchet et gratuit. Fabolous maîtrise l’art de la mixtape, pour mieux nous servir de la soupe moyen de gamme sur ses albums. « Un pour les puristes, un pour le grand public », comment se disent les acteurs à Hollywood.

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