Hommage : cinq morceaux de rap samplant le soulman Charles Bradley

mardi 26 septembre 2017, par Elodie Sophie.

Trop longtemps resté dans l’ombre, le chanteur soul Charles Bradley n’a connu la lumière des projecteurs que pendant de trop courtes années. Né à Gainesville en Floride en 1948, celui qui arrive à New York à l’âge de 8 ans et grandit à Brooklyn y est mort ce samedi 23 septembre 2017. Hommage en cinq morceaux de rap le samplant. 

« Why is it so hard ? » C’est à chaque fois au bord des larmes que Charles Bradley interprétait cette chanson qui résume parfaitement la difficulté de son parcours. SDF à 14 ans, il parcourt alors les Etats-Unis en auto-stop enchaînant les petits boulots et les concerts pendant lesquels il imitait son idole James Brown, qu’il avait découvert au mythique Apollo Theater de la grosse pomme. C’est le label Daptone Records qui le repère dans un club new-yorkais dans les années 2000 et lui permet d’enregistrer un premier album en 2011 (No Time for Dreaming), puis un second en 2013 (Victim of Love). Son dernier disque, Changes, sorti en 2016 lui a permis de figurer sur la liste des « meilleurs albums de l’année 2016 » de nombreux magazines spécialisés.

Après l’avoir vaincu une première fois, le cancer l’emporte finalement à l’âge de 68 ans. La musique de l’âme n’a jamais trouvé un aussi beau représentant que celui qu’on a fini par surnommer « The Screaming Eagle of Soul ». Hommage en cinq morceaux de rap samplant son oeuvre.

Jay Z – Open Letter

« Open Letter » restera sans doute le morceau le plus remarqué pour avoir samplé Bradley. Fruit d’une production de Timbaland et Swizz Beatz sur l’album Magna Carta Holy Grail, c’est sur un loop du titre « I Believe In Your Love », sorti en 2011 avec le groupe soul de Brooklyn The Menahan Street Band, qu’Hova en profite pour répondre à ses détracteurs.

Kendrick Lamar – Faith

Présent sur l’EP éponyme sorti en 2009 de celui qui était surnommé jusque-là K. Dot, « Faith » est un morceau intense mêlant différentes histoires de vie bousculant la foi des personnes impliquées. Si le refrain chanté par BJ The Chicago Kid sublime sans aucun doute l’ensemble, c’est surtout la douce mélodie de « Tired of Fighting » (sorti en 2008 sur le premier album du Menahan Street Band puis repris par Bradley sur « The Telephone Song ») qui donne cette atmosphère profonde au morceau.

Busta Rhymes X Q-Tip – The Abstract and the Dragon (Intro)

Prélude d’un énorme projet sorti en 2013 rassemblant des pointures du rap US (Raekwon, A Tribe Called Quest, Kanye West, Lil Wayne, Big Daddy Kane, Talib Kweli, Missy Elliott, Leaders of the New School…), cette intro de deux minutes pose les bases des 27 tracks à suivre, dont l’ambiance n’est pas sans rappeler certains morceaux du collectif Native Tongues. Éloge à 20 ans d’amitié entre Busta et Q-Tip, ce premier morceau permet de faire les présentations (mais sont-elles vraiment nécessaires ?) sur un sample du morceau « How Long », figurant sur le premier album de Bradley.

 CyHi The Prynce – Huey

Les New-Yorkais n’auront pas été les seuls à reprendre ce sample de « How Long » Février 2014, Black History Month : le rappeur d’Atlanta CyHi The Prynce décide de rendre hommage au cofondateur du Black Panther Party, Huey P. Newton, sur le titre éponyme « Huey ». Figurant sur la mixtape Black Hystori Project sortie sur G.O.O.D. Music, le morceau repose sur une construction identique à « Where I’m From » de Jay Z.

Stalley – Petrin Hill Peonies

Extrait de sa mixtape Savage Journey to the American Dream sortie à l’été 2012 chez Maybach Music, « Petrin Hill Peonies » expose la vision de Stalley sur des thèmes qui paraissent être vagues et banals : la vie et l’amour. Mais l’enchaînement de métaphores et le flow décontracté du rappeur de l’Ohio se marient parfaitement sur un sample de « The World (Is Going Up in Flames) » pour rendre le morceau moins lisse qu’il n’y parait.

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