Cinq morceaux de rap inoubliables qui samplent feu David Axelrod

jeudi 9 février 2017, par Cedric. .

Le rap doit son histoire à de nombreux hommes de l’ombre. David Axelrod était de ceux-là.  « Il était hip-hop », dixit Questlove, une simple phrase qui en dit long sur l’influence apportée au genre par le musicien. Décédé dimanche dernier, le producteur et arrangeur californien laisse derrière lui un catalogue de samples imposant. On vous propose d’en re-découvrir cinq parmi les plus marquants.

David Axelrod est devenu une référence incontestable pour de nombreux artistes et une source inépuisable de samples pour les beatmakers, après un long passage à vide de la fin des années 70 jusqu’aux milieux des années 90. Imbibée par sa jeunesse passée dans le quartier de South Central à Los Angeles, son inspiration musicale jazzy et soul le conduit dans les années 60 à la rencontre du saxophoniste Cannonball Adderley, pour qui il produit  « Mercy, Mercy, Mercy » et qui sera l’un de ses premiers hits. Alors directeur artistique du prestigieux label Capitol Records, il multiplie les collaborations à succès : avec le crooner Lou Rawls, la diva sud-africaine Letta Mbulu ou encore avec David McCallum dont on retiendra le cultissime « The Edge »  samplé par Dr Dre en 2001 sur le désormais classique « The Next Episode ». Audacieux, David Axelrod consacre en 1968 et 1969 ses deux projets personnels au poète William Blake (Song of Innocence et Songs of Experience ).

C’est avec le groupe rock psychédélique The Electric Prunes qu’il impose sa signature sonore. Mass in F Minor en renferme toute la complexité : une symphonie rythmée par des cordes et une ligne de basse lourde sur un arrangement sombre, tranchant et dramatique qui donnent un ensemble aérien et fluide. Malgré deux décennies riches musicalement, David Axelrod tombe dans l’oubli et sera aux abonnés absents jusqu’au début des années 90.

A l’instar de son compatriote Galt Mc Dermot, Axelrod doit sa renaissance aux rappeurs et beatmakers qui feront de son catalogue d’oeuvres musicales leur terrain de jeu. De Da Beatminerz à De La Soul, des Beatnuts à Kool G, en passant par J Dilla, Mos Def, DJ Shadow, DJ Premier, Dr Dre et plus récemment Lil Wayne, Swizz Beatz et Schoolboy Q, tous se sont réappropriés ses compositions pour en faire des classiques. C’est James Lavelle qui permettra au musicien de revenir sur le devant de la scène en publiant son album éponyme sur son label Mo’Wax, reprenant des compositions avortées du début des années 70. Comme un moyen de rendre hommage à ce talent musical presque haute couture, on vous offre un retour en cinq samples sur l’héritage laissé par le roi David.

Ghostface Killah – Stay True

Parmi tous les titres qui ont forgé la légende de l’album Supreme Clientele de Ghostface Killah, « Stay True » est probablement le morceau le plus anecdotique. 1 minute 40. Pas une seconde de plus. Mais une minute d’une intensité incroyable portée par un couplet pachydermique et sans refrain d’un Ghostface Killah en pleine forme, mais aussi et surtout par une instru à l’ambiance foncièrement crapuleuse. A l’origine de ce sample qui fait la part belle à des notes de piano bien graves ? Vous l’aurez deviné, ce cher David Axelrod et son morceau « Terri’s Tune« .

LOOTPACK – NEW YEAR RESOLUTION

Madlib, sous ses alias de rappeur, producteur ou avec Wildchild et DJ Romes en tant que Lootpack, s’est inspiré de David Axelrod à maintes reprises. C’est en 1999 pour les besoins du premier LP de Lootpack qu’il piocha deux fois dans « Song of Innocence » pour extraire le matériau de l’interlude « B-Boy Theme » et du track « New Year Resolution », à l’origine de nombreux cassages de nuques !

Cypress Hill feat. Barron Ricks & Self Scientific – Rags to Riches

Ce n’est pas un mais deux morceaux de David Axelrod que DJ Muggs a samplé pour produire ce titre qui aurait largement sa place dans la BO d’un bon gros polar. Toute l’ambiance du titre rappé par le groupe Cypress Hill, supporté dans ses oeuvres par Barron Ricks et par le rappeur Self Scientific, est amenée grâce au petit bijou « The Mental Traveler « composé par David Axelrod en 1968, soit 30 ans avant la sortie de l’album du groupe californien. Comme quoi, un sample vieillit bien avec l’âge.

DJ Shadow – Midnight in a Perfect World

Ce n’est un secret pour personne, DJ Shadow voue un amour inconditionnel aux samples. Son premier album studio, Endtroducing….., sorti en 1996, est aussi le tout premier album constitué entièrement de samples. Une performance pour l’époque. Parmi tous les titres qui figurent dans cet album, « Midnight In A Perfect World », un morceau aux notes de piano mélancoliques empruntées à David Axelrod, qui pianotait en 1969 le beau mais aussi triste « Human Abstract ».

The Beatnuts – Hit Me With That

Férus de samples, les deux larrons du groupe The Beatnuts ont trituré les morceaux des plus grands articles pour composer leurs titres et leurs remixes. Avec « Hit Me With That », le second single de leur premier album, The Beatnuts: Street Level, ils revisitent habilement le morceau « Holy Thursday » de tonton David pour un morceau funky à souhait.

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