Monstr et la passion de l’échafaud

vendredi 27 septembre 2013, par Marine Cagniet.

Il y a quelques années, alors que je me baladais sur la rue Victor Hugo à Lyon, je tombe un collage cool : d’un échafaudage sur la façade d’un magasin de chaussures. Aucuns signe d’identification de l’artiste, tant pis, je prends une photo de mauvaise qualité avec mon vieux Blackberry – bientôt une pièce rare – et continue mon chemin.

Juillet 2013, alors que je visite la galerie montréalaise Fresh Paint, arrive Monstr, artiste franco-canadien appelé pour réaliser une fresque dans l’entrée de l’espace. Originaire d’Annecy, Monstr fait connaissance avec le street art, à travers la culture de la board. Encore gamin, il traîné dans les skates park et s’essaie au graffiti pour se rendre compte qu’il préfère finalement le dessin. Il part alors rejoindre une école d’art parisienne, sauf qu’insatisfait par l’éducation donnée, il quitte son école après un an et s’envole pour Montréal.

1

On pourrait diviser le travail de Monstr en deux parties. D’abord, il réalise ses échafaudages, sortes d’échelles bancales, sur bois, papier, carton, qu’il colle sur les façades de nos rues, afin de modifier un environnement déjà existant. Il construit, toujours sans dessins préparatoires, ses échelles en fonction du mur, choisi pour sa visibilité du public et pour l’opportunité de création qu’il offre. Pour réaliser ses échafaudages, Monstr laisse aller sa main, il procède avec une technique de pleins et de vides, sans utiliser de couleurs.

Dans un  autre style, l’artiste réalise des personnages fictifs, qui une fois assemblés deviennent les héros d’une histoire qu’on se raconte. La forme allongée de ces figures maigrelette rappelle la fragilité des échelles. Évoluant dans un espace vide, les personnages de Monstr semblent se balader tout en lévitant.

Alors qu’on peut observer plus facilement les échafaudages de l’artiste dans la rue, on retrouve plus souvent ses personnages sur les planches de skate qu’il réalise pour le collectif « C’est beau« . N’empêche que le bonhomme est sacrément doué.

Capture d’écran 2013-09-27 à 19.57.19

Bien que l’artiste ne considère pas son travail comme politisé, et que ses personnages soient plus souvent issus du monde dans lequel il évolue (skateurs, musiciens), on retrouve parfois des illustrations faisant échos à l’actualité, tel le dessin de la Pussy Riot qui poignarde une bible sur laquelle on peut lire « Poutine ».

Crédits photo cover : Kevin Millet

tags: ,

Article recommandés

Bobby Dollar, l’uzi au bout du feutre
La rubrique #VIEW de SURL vise à mettre en lumière le travail de certains artistes, photographes et autres graffiteurs. Les images parlent d’elles-même et ne nécessitent, le plus souvent, que…
Photos : Philadelphie, le vrai berceau du graffiti
À mi-chemin entre New York et Washington DC, Philadelphie souffre aujourd’hui de l’ombre de ses voisines. Véritable bible historique de la constitution des Etats-Unis, Philadelphie, la capitale des Amish, n’a pourtant…