Little Simz s’apprête à faire trembler la France

mercredi 18 mars 2015, par Florian Berger.

J’ai toujours eu un faible pour le rap féminin, de Queen Latifah à Rapsody en passant par Missy Elliott. Dans un milieu rempli de testostérone où l’image de la femme-objet prévaut, de multitudes d’artistes à seins bravent les idées reçues et se réapproprient le rap. Little Simz fait partie de celles-ci. Alors forcément, quand son nom s’est ajouté aux affiches de nombreux événements du printemps et de l’été en France, j’ai joui sans retenue. L’Anglaise de 21 ans monte les échelons à vive allure et a réussi à se faire un vrai nom dans l’industrie en moins de deux ans. Et pendant les beaux jours, elle vient remuer les cuisses des frogs.

Septembre 2013. Avec une première mixtape (officiellement) à son actif qui contient son plus grand hit encore aujourd’hui, « Marilyn Monroe », la jeune Londonienne passe en force avec « Black Canvas », produit notamment par Dizzee Rascal, poids lourd de la musique outre-Manche. Sur sa rencontre avec la légende du Grime, Simz dira, lors d’une interview pour Redbull, que « Dizzee [lui] a donné des conseils et de l’amour« , comme un passage de relais. « J’ai dit beaucoup de fois ‘waw’ et ‘merci.’ » Avec cette cassette, Little Simz se fait remarquer au point d’être relayée sur Life+Times, le média d’un certain-Jay-Z. De là, l’artiste sorte de l’ombre et gagne en visibilité comme jamais. C’est le début de l’ascension pour la newcomer anglaise ; s’enchaînera ensuite, début 2014, une nouvelle mixtape « E.D.G.E. » qui connaîtra un succès semblable à sa précédente sortie.

Pourtant, le style change : exit les productions jazzy, bienvenue les instrumentales minimalistes, électroniques aux ambiances sombres. Simz a le goût du risque et demande aux producteurs de lui envoyer leurs trucs les plus bizarres. « Je sais que ce sont les choses que les gens refusent souvent. Ils ne les comprennent pas, il se concentrent sur les trucs faciles pour l’oreille. Moi, j’aime me lancer des défis et voir ce que je peux transformer. »

Forte de ses succès, elle est choisie pour faire la première partie de la tournée de SchoolBoy Q et Isaiah Rashad. Cette influence des membres de la TDE est présente de manière claire dans ses nouvelles compositions : « TDE m’inspire clairement, j’ai l’avantage de voir Kendrick Lamar en studio, échanger avec lui, forcément cela aide beaucoup. » Une succession de coups de pouces qui fait office de revanche pour elle qui a essuyé pas mal de revers à ses débuts. Tout est relatif pour quelqu’un quia réussi à produire Stratosphere, sa première mixtape (officieuse), à 16 ans. Une suite de revers qu’elle juge aujourd’hui comme une force. Avec son collectif The Space Age, composés d’amis qui baignent eux-aussi dans le hip-hop, elle décide de fonder son propre label : « J’essayais de joindre des personnes pour des featurings, mais je n’avais jamais de réponses. Ces personnes là aujourd’hui attendent de faire un projet avec moi. » Un brin rancunière, Little Simz décide, avec l’aide des londoniens Josh Arcé et Chuck20 qu’elle considère comme ses principales influences, de fonder Age 101. Une volonté affichéeavoir la mainmise sur la distribution de ces projets et un libre arbitre sur sa musique.

Hyperactive et consciente qu’il lui faut encore consolider une fanbase qui ne cesse de grandir, Little Simz sort trois volumes de sa série Drop et l’EP The Theory Of… Avec ces projets, la Londonienne distille des morceaux qui affirment une évolution dans sa musique où elle alterne egotrip et storytelling. Une manière pour elle de marquer son territoire et sa créativité sans limite. À seulement 21 ans, son potentiel est sans limite : un bagage technique au dessus de la moyenne, une vision élargie et intelligente du hip-hop et de vrais soutiens aux quatre coins du globes. Oh, et une gueule d’ange, aussi.

À l’image d’un Childish Gambino, star de la regrettée série Community, elle est à l’affiche de Youngers, diffusée sur le cable anglais, dans le rôle de Meleka. Véritable touche à tout, Simby, de son prénom, maintient son envie de percer dans la musique comme objectif premier, même si elle n’exclut pas de mener une carrière à double casquette.

En somme, Little Simz est une MC super talentueuse, encore à la fac, félicitée par André 3000 en personne ou invitée en session studio par Kendrick Lamar himself. « Quoi de neuf, superstar ?« , lui aurait-il même adressé en guise de bonjour. En bref, un phénomène de 21 ans qu’il est essentiel d’approcher pendant qu’il est encore temps.

Comme la moitié d’Outkast, venez vous aussi lui dire que vous la kiffer à l’occasion de son périple français. Amis parisiens, Little Simz sera dans la capitale le 27 mars à La Machine du Moulin Rouge, dans le cadre du festival Les Femmes S’en Mêlent, mais également à Lyon le 1er juin pour L’Original Festival avec Joey Bada$$ et Everydayz. Un plateau qui fait déjà trembler le Transbordeur. Oh, et à Nice aussi, le 2 juin, pour le festival Check The Rhyme, ainsi qu’à Roubaix, Laval et Grenoble. L’intégralité de sa discographie est accessible via son Bandcamp, donc fais-toi plaisir.

 

Auteur : Florian Berger
Editeurs : Antoine Laurent, Thibaut Giuliani

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