Metro Zu : la Floride sans complexe, sous codéine

vendredi 18 avril 2014, par Julie Green.

Sexy, salace, débile et obsédé, le posse de Miami Metro Zuadulé par King Krule, semble bien décidé à se tailler une place de choix sur la scène hip hop du Sunshine State.

Composé des deux frangins RubenSlikk et Lofty 305, de Poshstronaut, et PoshGod, ils ont entre 22 et 24 ans et se connaissent tous depuis l’adolescence. « On a commencé en 2007. Slikk et moi sommes frères, on connait PoshGod depuis qu’on est gamins », nous confirme Lofty, le benjamin du collectif. Leur quotidien, c’est faire du rap, et de dessiner un peu partout où l’on veut bien d’eux – cf leur Tumblr. Prochaine étape, et ça tombe bien, l’Europe. Lofty décolle cette semaine « pour faire des concerts partout où je peux et poser de l’art ». Et niveau point de chute, les Floridiens ont de quoi s’entourer. Parmi leurs proches, ils citent POSH GANG, Shuttle Life, Denzel Curry, Mike Dece, Nag Champa, Sub Luna City, RatKing… à peu près tout ce que le hip hop compte d’excitant en 2014, et qui ressemble fort à une liste non exhaustive de noms à faire précéder de la mention « à suivre ».

Sur leur page Facebook, ils se décrivent comme un « clan d’artistes interdimensionnel envoyé d’un futur utopique pour préparer l’avènement du Cyperpunk Funk ». Rien que ça. « Quand ils ne font pas de musique, des arts visuels, des films ou de la littérature, tu peux trouver les mecs du Metro Zu en train de rentrer dans des meufs en abondance et causer des perturbations chaotiques dans l’univers. » Et même son de cloche quand on leur demande de nous parler de leur label, Un1Verse Records : « Alors je t’explique : Un1Verse records, c’est le plus fat label du monde. Tous les gens de l’univers sont signés dessus. Même toi quand t’es née, t’as signé chez Un1Verse sans le savoir. Et chaque particule de son qui en sort contribue à la création la chanson ultime. Uni= un, Verse = song. » Ok. 

 

Je t’explique : Un1Verse records, c’est le plus label le plus fat du monde. Même toi quand t’es née, t’as signé chez Un1Verse sans le savoir.

 

Si les prods du posse donnent la curieuse sensation d’être enfermé dans un shaker à smoothies, c’est dans les lyrics qu’il faut creuser pour pimenter un peu le cocktail. On y retrouve les ingrédients du rap floridien : de la weed, du soleil, des hoes, beaucoup de lean et de vibrants hommages à la fellation et tout un tas d’autres pratiques sexuelles. Pour le féminisme par contre, on repassera. « Yeah, Mr. B have a picnic / What, with your bitch – call it freaknik. » Drôle, comme les trois quarts de leurs textes. Et quand ils n’insultent pas les meufs, les mecs de Metro Zu font le grand écart et  leur écrivent des chansons d’amour. « Je m’imagine toujours que je sors avec des meufs que j’invente, et à partir de là je prétends d’en tomber amoureux, et j’invente des scénarios pas possibles. Et tout ça fini en chanson !» Simple as that.

METRO1

Mais alors, où vont ils chercher leur connerie ? Comme tout le monde : chez les meufs, donc, même s’ils ont l’air de les respecter une fois toutes les quatre années bissextiles, et les bien-heureux jeux vidéos. « Surtout Wink Waker sur Gamecube. J’adore les visuels, la musique, la mécanique du jeu, et surtout la manière dont ils forment un tout. »

Hyper prolifiques, le premier track posté sur leur Soundcloud, « Fresh », remonte à 2011 et est issu de leur mixtape ElectroZlappSuivent ensuite des tonnes de morceaux isolés, tous redirigeant vers des liens Mediafire ou Zippyshare et des visuels qui ont l’air d’avoir été dessinés sous acide. « Au début, on avait tous des rôles très différents : Slikk, Poshstronaut et moi sommes rappeurs et producteurs, et PoshGod est peintre et directeur artistique. Maintenant, on fait tous ce qu’on veut. » Remarqués la même année avec la mixtape de dix titres Papes N’ Papes Volume 1, leur dernier fait d’arme est en écoute sur leur Soundcloud. Ça s’appelle The Good Company Mixtape #2, et c’est comme son nom l’indique une mixtape, réalisée pour le shop new-yorkais The Good Company, qui peut au passage se targuer d’un site internet tout aussi barré que le collectif.

« Toutes nos musiques sont sur nos Bandcamp, cherche un peu aussi !  nous provoque gentiment Lofty. Nan, je sais, ça pourrait être plus accessible. Mais on se plait bien comme ça, c’est cool de pouvoir continuer à bouffer sans se prendre trop la têteBon, j’avoue des trucs plus gros en tête, c’est clair. Ça viendra. » Comme enregistrer son LP solo. « J’essaye de me concentrer sur une manière de le sortir correctement, d’avoir des projets plus aboutis, de me focaliser sur une chose à la fois. »

Prochain projet : louer une baraque à Barcelone et enregistrer l’album. Oh, et un concert ce mercredi 23 avril à Paris, au Cellar63.

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