Retour à la source avec KRS One, Onyx et Rocca

mercredi 4 juin 2014, par Cedric. .

Un retour aux sources. Voilà, en quelques mots, comment l’on pourrait caractériser le cinquième et avant dernier show de L’Original Festival 2014. Sur la scène du Transbordeur, le dimanche 25 mai dernier, que des pointures, que des mecs qui ont marqué l’histoire du hip hop à leur façon. Rocca avec son groupe, La Cliqua, Onyx avec son rap de fou furieux et KRS One pour l’ensemble de son oeuvre, son mythique « Sound Of Da Police » en tête de file. S’il était moins fou que celui de ScHoolBoy Q et moins chill que celui de Dom Kennedy, ce cinquième show valait tout de même son pesant d’or. En particulier pour les nostalgiques.

On sait les jeunes peu adeptes de sorties familiales, mais voilà un concert que vous auriez pu mater avec votre daron – ou votre daronne – sans problème. Dimanche soir, la salle du Transbordeur est pleine de trentenaires et plus venus revivre les premiers frissons rapologiques de leur jeunesse. Forcément, ce sont eux les plus chauds, à gueuler à s’arracher la gorge et à donner le ton. Fort heureusement, il n’a pas fallu bien longtemps avant que les boutonneux donnent de la voix eux aussi.

Vainqueur du Buzz Booster France 2014, Ksir Makoza est chargé d’ouvrir le bal. Durant son passage sur scène, le rappeur marseillais nous montre pourquoi il a tout niqué durant cette compèt’. Des punchlines en cascade, un flow acéré, des morceaux qui s’enchaînent comme les bastos d’une sulfateuse : pour nous faire connaitre son oeuvre, Makoza ne fait dans la dentelle. Du pur rap de rue pour nos oreilles chastes, et les cris de la foule pour accompagner les morceaux « Tchek ça » et « Ma façon de penser ». Il s’est bien démerdé, le bougre, puisque si la salle était lyonnaise en début de soirée, elle était marseillaise à la fin de sa prestation. Avant de devenir parisienne à l’arrivée de Rocca.

Accompagné du très en forme et souriant DJ Nelson, torse bombée et casquette visée sur la tête, El Original est tout feu tout flamme ce dimanche soir. Il n’est sur scène que depuis dix petites minutes que sa débauche d’énergie le fait transpirer comme un boeuf – ce qui n’est pas le cas du public qui se contente encore d’écouter. Il n’y a qu’un petit groupe d’irréductibles pour reprendre en coeur les refrains de Rocca. En même temps, il fallait avoir bien révisé ses classiques pour pouvoir suivre comme il faut : le rappeur parisien est remonté loin dans sa discographie et celle de son groupe, avec « Le jeunes de l’univers » et « Comme une sarbacane ».

Qu’à cela ne tienne, histoire de réveiller les paresseux et les endormis, Rocca invite tout le monde à se trouver un ou une partenaire pour un interlude salsa assez intense, puisqu’il se pose littéralement derrière trois djembés pour jouer du tam tam ! En deux temps trois mouvement la salle se transforme en piste de danse et les plus courageux – ou les plus bourrés, au choix – attrape leur belle pour un remake de « Danse avec les stars ». Passé ce moment assez dingue, retour au rap avec « Le hip hop mon royaume », « El Original » (rappé en espagnol s’il vous plait) et « Vatos Locos », extrait de son futur album, pour conclure une prestation plutôt énergique aux tons très hispaniques. Qu’on se le dise, on a fait les globes trotters : on avait à peine quitté la Colombie après que Rocca soit sorti de la scène qu’Onyx débarquait pour nous amener dans les bas fond du Queens. À leur façon.

Ce qui a fait la réputation d’Onyx, c’est son rap brutal, rentre dedans, totalement déjanté et je-manque-de-synonymes-pour-décrire-la-folie-d’Onyx. Peut-être que vous devriez relire les belles lignes qu’on a consacré à leur dernier passage à Lyon, en 2012, mais pour tout vous dire, c’était dans la même veine. Un peu moins fou mais dingue quand même. Entre Sticky Fingaz qui saute dans le public et Fredo Starr qui fait toute la nécrologie du rap game, on peut dire qu’on s’est bien marré – tout en versant une petite larme pour les rappeurs disparu.

Mais le plus fou, c’est bien évidemment les interprétations furieuses des plus grands classiques des deux rappeurs. Le duo de South Jamaica réussit à créer une vrai symphonie avec les cris du public : entre les « Bacdafucup », « Wakedafucup », « Throw Ya Gunz In The Air » et « Fuck the police », il y a de quoi perdre la voix. Et quand ces derniers quittent la scène après près d’une heure de show, c’est des « Onyx ! Onyx ! Onyx ! » qui s’échappe du public, pas rassasié de la prestations de ces deux monstres scéniques. Mais il reste encore une facette de New York a visiter ce lundi soir : le Bronx de KRS One.

Back to the nineties, époque boom bap et ghetto blaster. Le son que KRS balance fait trembler les mains et les coeurs des plus nostalgiques. Tous ses grands classiques y passent mais bien entendu, tout le monde attend – presque religieusement – « Sound Of Da Police ». Quand les premières notes émanent de la scène, bim bam boum, ça part en couilles : « Woop woop ! That’s the sound of tha police ! Woop Woop ! That’s the sound of da beast ». Les quatre coins de la salle tremblent, ça crie et ça pousse de partout. Devant, un mec habillé pour aller à l’église perd littéralement les pédales, comme en transe devant la voix forte et le charisme que KRS One déploie. Un moment fort de la prestation du rappeur, mais pas le seul. A l’aise dans tous les styles, The Blasmaster freestyle à capella, sur du reggae et même sur du Vivaldi – putain ! Décidé à donner du sens au modo accroché derrière le DJ, « Rap is something you do. Hip hop is something you live », il invite les b-boys et b-girls de la salle à se manifester. Et c’est un tout autre show qui commence sur scène, avec ces danseurs qui s’adonnent à leur art sous les vivas du publics. Pour conclure sa prestation en beauté, KRS invite tous les acteurs de la soirée, même le directeur du festoch’, pour les remercier de vivre à fond leur passion pour le hip hop. Sticky Fingaz profitera de l’occasion pour sauter une dernière fois dans le public, le coquin.

Que dire de plus ? Ce cinquième show de L’Original Festival était résolument tourné vers l’histoire du hip hop. Du bon son old school, une bonne ambiance, de la nostalgie… et beaucoup d’amour pour notre religion commune. Pour ceux qui auraient raté ce premier retour aux sources, soyez sûr de ne pas rater le second, avec Mobb Deep et Dilated Peoples, pour un dernier show de cette 11eme édition de L’Original Festival. Rendez vous le 22 juin prochain !

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