Interview – Jules Fauvey – Artjacking

dimanche 30 janvier 2011, par Florian Berger.

Créé en 2008, Artjacking fête cette année ses 3 ans à travers une tournée endiablée. Ce collectif commence à se faire un nom grâce à leurs différents évènements et artistes diversifiés. Pour en savoir plus, nous sommes allés à la rencontre de Jules Fauvey, le chef d’orchestre d’Artjacking.


SURL Mag : Hello Jules, décris toi en quelques mots.

Jules Fauvey : « Pur, Violent, Bizarre, Indéfini… »
Dans le contexte, je suis le créateur et manager du collectif artistique Artjacking France.

Pourquoi Artjacking ?
Parce qu’il a fallu trouver un nom à cette histoire. Un nom que tu vas garder durant toute la vie de ton truc. Artjacking, ça tape, ça reste dans les têtes. On touche à tous les domaines artistiques et nous sommes des garçons turbulents. Le nom Artjacking correspond parfaitement à notre état d’esprit, ça combine bien le tout.
J’insiste vraiment sur le fait qu’Artjacking s’articule en 2 parties, ce n’est pas uniquement de l’organisation de soirée, loin s’en faut.Il y a une partie « production artistique » et une partie « événementiel », via nos soirées.

Comment t’es venu l’idée de créer ce collectif ?
L’idée est arrivée petit à petit : nous organisions des soirées aux Disquaires à Paris avec mes potes. Certains réalisaient déjà des clips, d’autres rappaient ou produisaient. Il fallait donner un nom à nos soirées. BIM Artjacking Party, c’est parti. Je trouvais ça « chanmé » d’appartenir à un clan, de tout unifier sous un même symbole. Soirées, mais aussi productions artistiques. T’es quand même plus fort à 15 que tout seul. Puis petit à petit, on s’est étendu à Lyon et à Dijon.

On remarque une osmose totale entre les différents membres, c’est avant tout une histoire de potes ?
C’est une belle histoire de potes, même si il existe quelques tensions, ça se règle en famille. Comme quand tu te prends la tête avec ton père. Mais c’est bien d’avoir ces petits accrocs, on est des bonhommes, on se dit les choses quand on est pas d’accord. Et heureusement d’ailleurs.

C’est ce qui fait vivre le truc. On se fout sur la gueule, on s’insulte et ça repart de plus belle.
J’ai rencontré des gens géniaux grâce à Artjacking. Avant de prendre un mec on s’intéresse bien sûr avant tout à son talent artistique, mais il faut également que ça colle humainement. Une fois que t’es rentré là dedans, tu sais que t’as une armée derrière toi.
Décris nous en quelques mots les différents artistes qui composent Artjacking.
Cruzer et Wike : rappeurs. Un français un cainri.
Rhaft, Aschenbecht, Erisu, Okwa, The Deficient, Ethyène : producteurs et DJ.
Jean : graphiste, directeur artistique de ma vie.
Pablo, Syrine: réalisateurs.
Ludovic : photographe, réalisateur, musicien.
Livio : photographe, producteur, réalisateur.
Stéphane : DJ selector, journaliste, chroniqueur mondain.
Pierre, qui n’est pas un artiste mais qui fait plein de choses importantes et judicieuses.
Samy, qui nous aide dans l’orga de soirées à Dijon.
Ashraf, qui pète des gueules quand ça tourne au vinaigre.

Votre ascension est quand même « fulgurante », tu es surpris ou tu t’y attendais ? 

Je ne sais pas trop quoi répondre à cette question. C’est tellement facile de monter quelque chose aujourd’hui avec Internet. T’as accès à tout. Il suffit de bien ficeler son truc, d’être patient et de se faire quelques (bonnes) relations.

J’trouve pas spécialement qu’on a eu une ascension fulgurante. C’est juste le fait qu’on soit présent de manière plutôt régulière dans plusieurs villes je pense. On commence à se faire un vrai nom. On travaille proprement et pour durer c’est la clef.
Et je m’attendais et m’attends toujours à rien en particulier. On est là, on fait nos trucs. Tranquille.

Selon toi, pourquoi Artjacking plait autant ?
Pareil, ta question est hyper délicate. Je n’ai pas la prétention d’affirmer qu’on plait vraiment et de t’expliquer le pourquoi du comment. Je sais qu’on ne plait pas à tout le monde déjà. Et je trouve ça très bien. Le (bon) gout ne s’invente pas. On met beaucoup de cœur dans ce que l’on propose. On monte des petits trucs cools autour de tous nos événements, via notre blog, on fait gagner des choses, on propose des trucs amusants comme les masques pour la soirée Kavinsky, on fait participer le public. On s’applique, on a une ligne de conduite. On fait les choses par passion et non pas dans l’unique objectif de faire pour dire de faire ou encore de gagner du fric, je pense que tout ça se ressent. Artjacking est un gage de qualité.

Qu’est ce qui différencie votre collectif par rapport aux autres ?
On touche à tout. Musique, vidéo, graphisme. Tout est fait artisanalement dans l’entreprise familiale. On ne laisse rien au hasard, tout est pensé, réfléchi, travaillé, façonné.
Mais la concurrence est là, et c’est tant mieux. Ca apporte une belle émulsion, il faut profiter de la réussite d’autrui et surfer sur sa vague. On ne veut pas tout écraser. On veut cohabiter tranquille, genre auberge espagnole.

Vous êtes sur tous les fronts : l’art, le graphisme, la musique,… Tout cela n’est il pas difficile à gérer ?

C’est pour ça qu’on est un collectif artistique. Je ne trouve pas ça difficile à gérer, au contraire, ça simplifie les choses. Je me répète je crois mais on a toutes les cartes en main justement. Pas besoin d’aller frapper ailleurs. Quand tu fais ce genre de truc, manager des artistes, organiser des soirées… tu as toujours besoin de quelque chose pour compléter, pour communiquer.
Là, on a tout au frigo. T’as juste à te servir et c’est bien frais.

Vous avez invités à vos soirées des artistes renommés comme Uffie, ainsi que Kavinsky et bien d’autres. Cela à du être un tremplin pour vous ?
Alors dans l’organisation de soirée on a deux approches.

1/ Inviter des artistes qui te plaisent et qui ne sont pas spécialement connus du grand public.
2/ Inviter des artistes qui te plaisent et qui sont connus, donc assez cher.

Bon après tu peux inviter des artistes de merde mais qui vont attirer du monde mais on laisse ça aux autres. Nous on est plutôt définition numéro 1. La définition numero 2 c’est cool parce que tu sais que ta soirée sera réussie, mais le plaisir est différent. J’ai pas envie de booker la playlist d’un ado de 15 ans avec Ed Banger et compagnie, ça ne m’intéresse pas. Une fois de temps en temps, pourquoi pas, mais ce n’est pas notre marque de fabrique.
Il faut trouver les bons compromis entre 1 et 2. Mais le plus plaisant reste vraiment de faire découvrir des artistes, de faire venir des mecs et de les voir grimper un an après par exemple. Ca c’est cool. Mais ça fait pas de mal de temps en temps de faire une grosse affiche comme Kavinsky ou Uffie justement, c’est bon pour l’image au sens large. Après c’est à double tranchant, les puristes qui suivent Artjacking pour son côté avant-gardiste peuvent nous le reprocher. Mais j’pense pas qu’on se soit travestis.


En février, vous allez faire une tournée en trois dates à Paris, Lyon et Dijon pour vos 3 ans, comment cela a été mis en place ?
Très simplement. On a voulu marquer le coup pour ces 3 ans en organisant une soirée dans chacune des 3 villes dans lesquelles nous travaillons.
Pour Dijon et Lyon, on fait ça au Chat Noir et au DV1, des établissements qui nous sont familiers.
Par contre pour Paris, on fait ça au 1979, ça sera une première et ce grâce à nos amis de chez Wolf Pack.
La tournée porte le nom de « La Pie Birthday Tour » La Pie, Happy Birthday…
On a essayé de varier les plaisirs en réunissant tout ce qu’on aime. La soirée à Paris sera plutôt orientée Hip-Hop avec Onra ou The Town, French Touch à Dijon avec l’excellent Louis La Roche et Tech-House à Lyon avec les finlandais de Femme en Fourrure.
On a essayé également de proposer tout ça gratuitement comme à Paris ou Lyon, ou à un tarif de 5€ vraiment cadeau pour Louis La Roche à Dijon.« En 2011 on va mettre un petit peu en stand-by l’organisation de soirée pour nous concentrer sur nos artistes, sur leur identité, sur notre image, sortir des compils, des mixtapes… »Après avoir organisé de multiples événements et fait bouger pas mal de personnes, ne vous vous sentez pas attendus au tournant ?
Bien sûr que si, mais après tu ne peux pas gagner à tous les coups. On se remet en question après chaque soirée, bonne ou mauvaise. C’est ingrat comme travail, surtout quand tu dois lutter contre des éléments extérieurs tels que la neige, le froid, le mauvais temps, les exams, les pinces, les soirées étudiantes… etc
Il faut tout prendre en considération si tu veux réussir une soirée. Après honnêtement, on fait des choses qui nous plaisent déjà à nous, si ça ne suit pas tant pis. Ca me dérange de moins en moins de me retrouver avec une salle à moitié pleine si le son proposé est de qualité, les absents ont toujours tort.

Le collectif est-il une simple étape ? Avez-vous d’autres projets par la suite ?
Je n’en sais rien. On prend les choses comme elles viennent. On a toujours pleins de projets. En 2011, on va mettre un petit peu en stand-by l’organisation de soirées pour nous concentrer sur nos artistes, sur leur identité, sur notre image, sortir des compils, des mixtapes… etc
Je suis également pour les collaborations. Donc n’hésitez pas à entrer en contact avec nous. J’aimerai beaucoup exporter Artjacking en dehors de nos frontières.

Si tu devais retenir une seule chose de ces 3 ans, ce serait quoi ?
J’ai rencontré des gens géniaux grâce à ce projet, des mecs qui font vraiment partis de mes amis proches aujourd’hui. Artjacking ou non.

Qu’est ce qu’on peut vous souhaiter en 2011 ?
Amour, gloire et santé.

Merci Jules d’avoir répondu à nos questions et bonne continuation.
Merci à vous, longue vie.

En cadeau, le premier son du rappeur Wike avec à la production Rahft, une collaboration 100% Artjacking qui a de la gueule, on valide.

« Maria » Wike by Artjacking France

Teaser « La Pie Birthday Tour »

Envie de participer à une soirée Artjacking ? Voici leurs trois dates de tournée en février, clic.

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