Cinq beatmakers belges dont il faut retenir le nom

mercredi 31 mai 2017, par SURL. .

Depuis maintenant plusieurs mois, le rap belge fait énormément parler de lui. Damso, Hamza, Roméo Elvis, Caballero & Jeanjass, Scylla, La Smala ou encore Krisy, pour ne citer qu’eux, en sont de magnifiques représentants. Évidemment, il ne serait rien sans ses beatmakers. Nous sommes partis à la rencontre de cinq architectes sonores dont vous n’avez pas fini d’entendre parler.

Morgan, ShunGu, Le Motel, Phasm et Turtle Master sont cinq artistes aux styles complètement différents. Associés au hip-hop car les rappeurs viennent poser leurs voix sur leurs prod’, ils ont tous en commun des influences dépassant le cadre du rap, de la house aux musiques du monde en passant par la funk des années 80. Tous se connaissent – il faut dire qu’en Belgique, le monde est encore plus petit – et tous s’accordent à dire que la scène beatmaking belge est en plein essor, parallèlement à l’explosion des rimeurs du plat pays. Autour de quelques bières descendues au skatepark de la Chapelle, au centre de Bruxelles, nous avons fait connaissance. Parcours, influences et projets : voici leurs portraits.

Shungu-beatmakers-belges-2017

Nom : Louis Shungu
Blaze : ShunGu
Âge : 26 ans
Soundcloud

 ShunGu produit pour des artistes internationaux tels que Rejjie Snow, Chester Watson et Ivan Ave. Selon lui, son identité musicale correspond mieux à la scène mondiale que belge. Bien qu’il produise beaucoup pour des rappeurs, ses beats n’ont rien des rythmiques rap « classiques ». « Je m’inspire autant du rock que de la funk, de la soul ou encore de la musique turque. Je m’amuse avec les rythmes et les mélodies pour créer un morceau. » À force de rechercher des samples, Shungu s’est pris d’une passion pour le digging. Tel un rat de musicothèque, il passe des heures à rechercher des beats de tous styles, époques et origines confondus. Il a d’ailleurs mis sur pieds un événement nommé Radio Soleil où il partage des morceaux oubliés et les remet au goût du jour. Une vraie mine d’or pour tous les beatmakers à la recherche de samples exclusifs.

Ses débuts : Louis a pris goût à la musique à l’âge de neuf ans en apprenant à jouer au piano. Il a fait trois ans de solfège, ainsi qu’un an de musicologie, ce qui lui permet encore aujourd’hui d’appréhender la musique de manière plus claire. C’est à l’âge de 20 ans qu’il télécharge un programme et commence petit à petit à faire du son. Après un an et demi d’apprentissage, il s’offre la MPC2000XL et ne la lâche plus : « Je passais des journées de 10 heures à faire du son. »

Sa recette : ShunGu a un processus de création plutôt précis et commence toujours par créer une rythmique. « Je prends beaucoup de temps à trouver une rythmique intéressante en elle-même, ensuite j’y ajoute différents éléments: samples, basse, piano, guitare… » L’artiste ne fait pas réellement de compromis en fonction des artistes avec lesquels il travaille. Il produit ses beats comme il l’entend et ce sera au rappeur de placer ses textes dessus.

Projets à venir : Les prochaines éditions de Radio Soleil et un projet d’album solo.

Le-Motel-beatmakers-belges

Nom : Fabien Leclercq
Blaze : Le Motel
Âge : 26 ans
Soundcloud

Bien connu pour sa collaboration avec le rappeur Roméo Elvis, Le Motel ce n’est pourtant pas que du rap belge, bien au contraire. Son background : la techno, la juke et le jazz. Ses beats sont d’ailleurs autant influencés par les musiques du monde que par la house. Difficile donc de définir le style de Fabien : « L’industrie de la musique brouille de plus en plus les genres et j’aime le fait de ne pas avoir à mettre un nom sur un style », explique-t-il.

Ses débuts : Fabien s’est mis à la musique à l’âge de 15 ans avec la guitare, mais rien de très concluant. Il récupère ensuite le vieux synthé de sa soeur et prend goût à la musique électronique : « J’aimais bien l’idée de pouvoir créer une narration avec un synthé, une batterie et une basse sans forcément maîtriser ces instruments. » Sa première collab’ a eu lieu il y a quatre ans avec YellowStraps, un groupe belge à influences pop rock avec qui il produit des sons plutôt trip-hop. Ce n’est qu’en 2013 qu’il rencontre Roméo et qu’ils produisent ensemble « Juliette« . Une collaboration qui n’a cessé d’évoluer depuis avec Morale 1 et Morale 2.

Sa recette : Le Motel puise énormément de ressources dans les musiques du monde, qu’il s’agisse de cérémonies en Haïti ou encore au Bénin. Il démarre toujours d’un élément précis qui va l’inspirer : « Tout peut partir d’une petite boucle, d’une sonorité ou d’un grain dans un synthé que je vais avoir envie d’écouter en boucle sans que ça me saoule ! » Il crée ensuite son propre métronome, sa batterie et sa mélodie. À chaque collaboration, Fabien fait en sorte d’être en osmose avec l’artiste afin de créer un beat qui lie le style de chacun. Pour prendre l’exemple de son travail avec Roméo Elvis, Le Motel propose une première instru’ qu’il retravaille plusieurs fois en fonction des textes que Roméo viendra poser dessus. Le morceau se construit progressivement, un peu comme un match de ping-pong.

Projets à venir : Le Motel compte revenir à la rentrée avec un plusieurs EP ou un album solo. Graphiste de formation, il travaille également sur un live qui allie le son au visuel grâce à une scénographie en raccord avec sa performance musicale.

 Morgan-beatmakers-belges

Nom : Morgan Van der Ghinst
Blaze : Morgan
Âge : 25 ans
Soundcloud

Reconnu en tant que membre du groupe de rap Bruxellois Le 77, l’énergie dégagée par Morgan sur les machines ne laisse pas indifférent. Le jeune beatmaker vit sa musique et prend autant d’espace sur scène que ses acolytes au mic Peet et Fele Flingue.

Ses débuts : Si Morgan se lance dans le beatmaking à 20 ans, cela n’a rien d’un hasard. Plusieurs de ses amis, y compris Peet, également membre du 77, font alors leurs premiers pas dans le rap. Il commence donc à créer des beats directement pour des rappeurs, sous le regard bienveillant de son ami Jim Henderson,  lui-même beatmaker.

Sa recette : À côté de ses prod’ pour le 77 et les projets solo de Peet, Morgan fait du son pour d’autres représentations allant du théâtre à la danse. La diversité de ses projets influence d’ailleurs son travail : « Si je travaille avec une personne, c’est que je la trouve intéressante et que je peux m’en inspirer. » Son style est également très éclectique : il allie la house, le rap, la trap ou encore la drum à des instruments de musique. Sans avoir jamais fait de solfège, l’artiste touche à tout : saxophone, gratte, percussions et même harmonica. Malgré ses influences variées, Morgan réussit toujours à bien faire ressortir sa patte.

Projets à venir : À côté des nombreuses dates déjà prévues cet été avec le 77, Morgan travaille également sur la sortie d’un album.

 

Nom : Adrien Béhier
Blaze : Phasm
Âge : 25 ans
Soundcloud

Du rock au hip-hop en passant par le reggae, Phasm a une réelle passion pour la musique. Selon lui, le hip-hop est avant tout une ouverture d’esprit qui lui permet de mêler les genres : « J’utilise des samples de tous les styles pour en faire des beats hip-hop. » Surnommé « couteau suisse », « l’insecte » ou « Mr. Huit-Sept », Adrien a plus d’une corde à son arc puisqu’il continue désormais sa carrière musicale en tant que MC.

Ses débuts : De ses 14 à ses 20 ans, Adrien baigne dans la musique : « J’ai d’abord joué de la bass dans un groupe de rock gentil, ensuite de la guitare dans un groupe de rock méchant et de la batterie dans un groupe de jazz. » La transition vers la musique électronique a lieu lorsqu’il entame des études d’ingénieur du son et entre en contact avec le matos. Il se lance alors dans la production de beats rap, drum’n’bass et traverse même une période dubstep. Sa carrière démarre réellement au sein du groupe AEA.

Sa recette : Contrairement à ses collègues ShunGu et Le Motel, Phasm n’a pas de formule type. Il crée chaque son en suivant une démarche différente et nous confie d’ailleurs partir dans tous les sens : « Je n’ai pas de style défini, il n’y a pas une prod’ qui ressemble à une autre. » Ceci dit, son âme de rocker transparaît à travers ses beats : le métal a bercé les jeunes années d’Adrien et influence son approche des rythmes et la construction de ses beats. Qui a dit que le métal et le rap ne faisaient pas bon ménage ? Personne, surtout à l’heure où un certain Xxxtentacion déchaîne les passions.

Projets à venir : Après deux ans de travail, il peut enfin annoncer la sortie d’un album avec les Hesytap Squad, un groupe de rap liégeois. Entièrement produit par ses soins, le disque sortira en septembre chez Sony.

 

Nom : Jonathan Parmentier
Blaze : Turtle Master
Âge : 30 ans
Soundcloud

« I walk with the funk, I talk with the funk, I eat with the funk, I sleep with the funk, I live with the funk, I’ll die with the funk… » Le célèbre refrain de Mr. Funkee colle à la peau de Jonathan. Ce beatmaker namurois membre du collectif Crewstacé baigne dans le milieu du hip-hop depuis son adolescence et ses prods respire la funk. Au cours de ses années d’expérience, il a notamment fait la première partie d’architectes de légende tels que Madlib et Kheops (IAM).

Ses débuts : Née de sa passion pour le breakdance, sa carrière dans le beatmaking débute en 2003. Le jeune b-boy est alors amené à créer des bandes sons pour des shows et battles et prend ainsi goût à l’art de créer des beats : « Je suis devenu beatmaker un peu par la force des choses. » Il commence avec des samples pour les MC du milieu et, de fil en aiguille, il s’arme du matériel nécessaire et continue de peaufiner son art.

Sa recette : L’identité musicale de Turtle Master est empreinte de la culture b-boy et l’on reconnaît dans ses prods ce côté groovy et dansant années 1980s. Il commence à faire du son en échantillonnant des disques, car n’étant pas musicien de formation. Mais à force de travail, ce fan de technologie compose maintenant la quasi-totalité de ses beats.

Projets à venir : Turtle revient tout juste d’un voyage de huit mois à Montréal où il a, entre autres, travaillé sur son prochain album. Il aimerait également mettre sur pieds des events 100% dédiés au beatmaking.

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