Bobby Dollar, l’uzi au bout du feutre

mardi 13 juin 2017, par Camille Perez.

La rubrique #VIEW de SURL vise à mettre en lumière le travail de certains artistes, photographes et autres graffiteurs. Les images parlent d’elles-même et ne nécessitent, le plus souvent, que très peu de mots pour situer le contexte. Aujourd’hui, coup de projecteur sur Bobby Dollar, un illustrateur dont le trait de feutre est guidé par l’amour de Gucci Mane et des buts d’Ibrahimovic. Mais pas que.

Au premier coup d’oeil, c’est un trait enfantin : saturé de couleurs, sans perspective et aux contours parfois hésitants. Mais il faut peu de temps pour saisir la profondeur et la dimension presque fantastique du travail de Bobby Dollar. Ses illustrations sont un abîme dans lequel il est passionnant de s’enfoncer, tant elles fourmillent de détails savoureux et de références croustillantes : au rap, beaucoup, mais également au football, à la pop culture, à la mythologie, aux jeux vidéo… Bobby Dollar, originaire de Marseille, dit se passionner autant pour un beat de Zaytoven que pour une couverture de comics, une chanson d’Eddy Mitchell, le travail d’un chef étoilé ou la série Twin Peaks. Une fois collectées ces bribes d’inspiration, son processus de création est quasi-mystique : « C’est très ritualisé, je m’assoie dans un fauteuil et je commence à écrire ce que je vois, comme si tout n’était qu’une énergie et ma main un outil d’écriture. Et je ressens grave ça avec le dernier album de Gucci Mane. J’ai eu des visions d’apocalypse sur cette album. » Son outil de prédilection : le feutre, qui, tout en évoquant une certaine candeur enfantine, donne un relief et une profondeur surprenantes à ses dessins.

Dessiner le rap et ses excès, il y excelle : « Les monogrammes partout, la brillance, le cuir, les châteaux, les villas… » Il aspire d’ailleurs à collaborer avec des rappeurs pour réfléchir à des questions d’identité visuelle globale. Mais son travail est bien plus complexe, et avant tout ultra-personnel : « J’ai le même rapport qu’un rappeur avec sa mixtape mais en dessin. J’écris, j’écris, j’écris, sans sortir de la cabine. Récemment j’ai regroupé tout ce que j’avais, comme si je sortais la tête de l’énergie, que je prenais du recul et je redécouvrais des choses que j’ai faites, qui m’inspirent à nouveau sur d’autres choses. C’est infini. Je veux transmettre ça au gens. Etre dans le don, comme Jul. » Décidément, Marseille regorge de ces artistes hors-normes, philanthropes ultra-productifs, indispensables énergumènes.

Vous pouvez consulter la folle oeuvre de Bobby Dollar sur son site ou son Instagram.

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