Asher Roth, l’indépendance en roue libre

mardi 9 juillet 2013, par Sylvain Caillé.

Asher Roth est de retour ! Le white boy le plus « I Love College » de sa génération revient en force avec une nouvelle mixtape : The GreenHouse Effect Vol.2, suite logique de son tout premier projet sorti en 2008. A l’époque, cette galette supervisée par Don Cannon et Dj Drama avait permis au jeune rappeur de lancer sa carrière dans l’industrie musicale. En tant qu’habitué de nos sons frais, nous l’avions rencontré en 2012 pour une interview fort sympathique. Passé quasi incognito en territoire français, je me devais de rétablir l’ordre des choses en vous racontant son histoire.

GEV2

Repéré en 2008 en lâchant des couplets au hasard sur Myspace, Asher Roth est immédiatement signé par un ancien de Def Jam. Alors qu’il sort à peine de l’université, il déménage à Atlanta et enregistre The GreenHouse Effect Vol.1 pendant l’été. Pas un masterpiece, mais un bon premier jet bourré de faces B dans une ambiance cool à souhait où les parties de beer pong rythment le quotidien du rappeur.

Puis vint le fameux « I Love College « , single clippé qui propulsa Asher au sommet de sa carrière en 2009. Une ode contagieuse à la débauche étudiante compulsive. La même année sort son premier album Asleep In The Bread Aisle : vent de fraîcheur dans le rap game qui découvre alors qu’Eminem n’est pas le seul rappeur blanc sachant manier le mic – j’exagère, on connaissait déjà Ill Bill, Kno, Brother Ali, etc. Je me souviens particulièrement de cette année là puisque 2009 marque également le début de carrière du Cleveland boy Kid Cudi avec son album Man On The Moon. Une année faste pour les rookies du rap donc. Et pour nos oreilles aussi, puisqu’on garde un bon souvenir d’Asleep In The Bread Aisle, projet fort sympathique mêlant flows limpides et instrumentales chillement estivales. Mais au delà d’un album, c’est tout une identité que venait de se créer le white boy. Une identité crédible artistiquement parlant.

Mais alors pourquoi en 2013 Asher ne compte t-il toujours qu’un LP au compteur à la différence de Cudi qui lui, en est déjà à son quatrième album, WZRD inclus ? C’est dans une lettre ouverte diffusée il y a peu sur XXL Magazine que rappeur blanc révèle qu’après la sortie de son premier projet, il fut en quelque sorte abandonné par son manager et son label. Ceux-ci partants à la recherche de nouveaux talents – de nouveaux artistes à exploiter – et laissant Roth sur le carreau, ne voyant en lui qu’un artiste « one-shot ». Bien décidé à prouver le contraire, Asher bougera sur New York après une longue tournée de promotion.

on the road

S’en suivent un enchainement de free projects et de morceaux disséminés au compte-goutte : en 2010 sort la mixtape Seared Foie Gras with Quince and Cranberry ainsi que le génial Rawth EP réalisé en collaboration avec Nottz. Mais c’est aussi l’année du track « G.R.I.N.D.« , censé relancer la carrière du rappeur. Manque de chance, sa maison de disque est en pleine restructuration. Le single est alors laissé à l’abandon malgré les efforts du MC pour relayer le son sur les différentes radios du pays. Il se retrouve tout de même clippé mais sans réel appui de la part de son label SRC Records.

Insatisfait, Asher Roth part en Californie, s’enferme dans une pièce et enregistre Pabst & Jazz avec le producteur Blended Babies. Un excellent projet  fait maison qui aura le mérite d’intéresser Def Jam qui le signera en novembre 2011 suite à un accord avec SRC Records. Le rappeur en profite pour sortir un nouveau single en featuring avec Akon : « Last Man Standing « . A ce moment là, le second album paraît proche.

Quelques mois plus tard, nous sommes en 2012 et rien n’a bougé. Un énième tube fait surface, « Party Girl » avec Meek Mill du Maybach Music Group. Le morceau est bon, il respire l’été. L’attente est de plus en plus interminable. Pourtant, toujours pas de date de sortie prévue pour le second disque du white boy intitulé « Is This Too Orange ? ». L’année 2012 passe et l’affaire s’étouffe dans l’indifférence générale. Dans sa lettre ouverte, le rappeur explique avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. Bloqué dans un label qui tient déjà ses têtes d’affiches et ses vaches à lait, l’album du MC ne verra jamais le jour…

Alors après quatre ans de semi-disette, Asher en a eu marre. C’est dans cette fameuse « open letter » qu’il écrit avoir claqué la porte de sa maison de disque pour ne compter que sur lui même. Désormais en roue-libre, le rappeur blanc semble paré à diffuser sa musique sans intermédiaire. En témoigne sa nouvelle mixtape The GreenHouse Effect Vol.2 qui marque un retour aux origines. Parrainé par ses deux compagnons de toujours Don Cannon et Dj Drama, la tape se veut fun et prolifique. En effet, avec pas moins de 23 titres, le MC a déstocké les fonds de tiroir. Entre les titres exclusifs percutants type « Maybe I Don’t Wanna » ou « Pass That Dutch » et les différentes reprises telles que « Numbers » et « Blurred Lines « , chacun pourra y trouver chaussure à son pied sans être totalement dépaysé. C’est ce qu’on adore chez lui, cette capacité à relier différents genres musicaux sans tomber dans la facilité et/ou la médiocrité.

Sans être extraordinaire pour autant, cette mixtape symbolise le come-back d’Asher Roth aux commandes. Le white boy est de retour, bien décidé à rattraper le temps perdu en faisant au passage un énorme fuck à l’industrie musicale. Non mais sérieusement, vous en connaissez beaucoup vous des types qui de nos jours quitteraient leur écurie pour avoir les mains libres ? Je vous garantie que ça court pas les rues. Nous en tout cas, on est super contents de revoir sa tête d’allumé et d’entendre son flow de plus en plus technique. Maintenant on attends plus qu’une chose, c’est le deuxième album. « Run It Back motherfuckers « , Asher Roth est désormais un rappeur libre.

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