Post Malone, rookie de l’année sans passer par la draft ?

jeudi 17 septembre 2015, par Ken Fernandez. .

Génie naturel ou génie d’éprouvette ? Machine à hit surprise ou pur produit de l’industrie musicale ? Bien que peu soient capable d’identifier Post Malone, vous avez forcément plané sur l’un de ses hits sans le savoir. Pour autant, le mystère entoure le phénomène.

Une chose est sûre, l’été 2015 a été marqué du fer texan. Le succès de Post Malone, qui explose aujourd’hui aux yeux du monde, entraîne son lot de questions. Au départ, de rares sorties médiatiques, une gestion minimale des réseaux sociaux  et un seul clip qui ont permis au chanteur, producteur et rappeur de la génération Soundcloud de se mettre dans la lumière. Idéal pour créer un climat d’interrogation autour de l’artiste qui se révèle progressivement aujourd’hui. Mais qui est vraiment l’énigmatique Post Malone ?

« Homie, you’re a beast. I already know that you’re going to be the biggest artist in the world. » Le compliment est signé FKi, le duo de producteurs d’Atlanta réputé notamment pour avoir pas mal bossé avec 2 Chainz. Ils sont les premiers à voir en Post Malone un potentiel bien au dessus de la moyenne. Présent sur leur EP, le surdoué les a surtout rencontré pour collaborer sur son premier gros coup. C’est de ce beau travail d’équipe que va naître un des sons de l’été Outre-Atlantique : « White Iverson ». Un titre au refrain viral qui culmine à plus de 26 Millions d’écoutes uniquement sur Soundcloud. Une ode à Allen Iverson, le meneur NBA le plus sexy des années 2000. Si physiquement, rien ne rassemble la légende des Sixers et le rappeur, un point en commun les unit. Comme The Answer, Post Malone semble décidé à faire le spectacle et comme son idole, il est prêt à tous les excès pour y arriver.

Un clip est par la suite venu capitaliser sur la hype grandissante du rappeur. Suivi tour à tour par la sortie des très bons « TEAR$ » et « Too Young » que nous vous présentions au moment de leur sortie. La recette du White Iverson – comme il aime se faire nicknamer – est plus qu’efficace. Des morceaux très chantés, une prod mélodieuse et un don pour que ces sons restent dans le crâne des auditeurs pendant des jours. Résultat, lors de ses shows Post Malone s’impose comme un prophète au milieu de ses fidèles fans. Un sens du live et du hit qui détonnent pour quelqu’un qui, il y a quelques mois encore, était un illustre inconnu.

L’Iverson blanc est originaire de Dallas, Texas. Une ville plus connue pour ses cow-boys et son Nowitzki que pour son rap, encore très underground aujourd’hui. C’est donc logiquement plus à l’Est, sous le soleil de LA, qu’Austin Richard va lancer sa jeune carrière. Peu de traces existent de son passé musical. Post a pris soin de faire le tri dans ses archives, si bien que le point de départ de sa carrière pourrait (presque) être placé avec la sortie de « White Iverson » – on a quand même réussi à mettre la main sur la vidéo ci-dessous, datée d’octobre 2013. Le succès fulgurant de ce mec sorti de nulle part n’est pas sans poser de questions. Depuis quelques semaines, les soupçons autour de Post Malone se font plus nombreux : et si le jeune artiste était en vérité un « industry plant », à savoir un pur produit de l’industrie du disque formaté et couvé pour réussir ?

 

« Yes, I’m an industry plant »

 

Comment vraiment définir ce qu’est « industry plant » et ce dont ce genre d’artistes bénéficient ? Dernièrement, Complex a tenté de répondre à la question à l’aide d’un exemple : Raury, le rookie catapulté en Une de XXL. À l’époque, la signature de Raury, dans la foulée de la sortie de son EP LoveRenaissance chez Columbia Records, en a étonné plus d’un. L’artiste au chapeau n’est pas une star de YouTube ni n’a gagné de talent show télévisé : comment a-t-il réussi à rejoindre si rapidement l’écurie de superstars comme Beyoncé, Pharrell ou One Direction ? Interviewé à la radio, au Breakfast Club, la question a d’ailleurs été posée au White Iverson. Ce à quoi Post a répondu, non sans humour : « Yes, I’m an industry plant. » Produit de l’industrie ou non, le cas Post Malone pose une question plus importante. Le monde du rap se ment-il sur des valeurs idéales qu’il doit respecter pour rester légitime ?

Quand Taylor Swift bénéficie d’un matraquage médiatique hors du commun, c’est juste du business, une manière logique de faire des écus pour la chanteuse. Dans le hip-hop, on aime faire croire – encore en 2015 – qu’il faut arriver d’en bas pour percer. Une histoire, un vécu dans les bas-fonds pour ensuite attraper les étoiles. Le rêve américain poussé à l’extrême. Sinon ? Tu es juste un privilégié, d’autant plus si tu es blanc comme Post. Lors de la même interview, le Texan s’est également fait rentrer dedans sur la question des white privileges. Question prévisible au vu de son surnom, mais qui a suscité chez l’artiste une gêne palpable dans ses réponses. Post avoue ne pas savoir à quoi cela correspond, mais que les gens l’appellent comme ça depuis qu’il est en passe de percer. Un Vine du rappeur, alors plus jeune a récemment refait surface sur le net, durant lequel Malone prononce le brûlant « nigga ». Polémique d’hypocrites rapidement éteinte par des excuses.

La récente signature de Post Malone chez Republic Records, annoncée sur Instagram par Charlie Walk, ne va pas apaiser les suspicions. Le label, qui compte notamment parmi ses rangs Drake, The Weeknd ou Kid Cudi, devrait certainement donner à la carrière du texan une autre dimension. Pour autant, Post a-t-il bénéficié d’un coup de pouce de la part de son nouveau label avant même de signer chez eux ? Rien n’est moins sûr. S’il est certain que Post Malone devra peut être un peu plus cravacher que certains pour obtenir une légitimité dans le game, il n’en reste pas moins qu’à la fin, l’unique juge reste la musique. Ce n’est pas son futur camarade de classe, Drake, souvent moqué dans les médias, qui lui dira le contraire. Ni Kanye West – avec qui il vient de collaborer sur le track « Fade » – ou les dizaines d’autres artistes qui « really fuck with his shit ».

« Fuck practice, this shit just happens, know y’all can’t stand it. » Oui, Post Malone n’est pas passé par la case freestyles, mixtapes, EPs pour atteindre le niveau et la visibilité qu’on lui connait aujourd’hui. Mais à l’image d’Iverson, Post est bien là, truste les highlights et le moins que l’on puisse dire c’est que le jeune a tout du tout bon. Et si sa carrière continue à la manière de The Answer, inutile de vous dire qu’on va encore voir quelques instrus crossovées. Et comme sa star, devenir l’icône d’une discipline, avant d’en disparaître difficilement. Mais laisser une trace, on l’espère pour lui, impérissable.

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