Interview // Raphael Saadiq

vendredi 16 mars 2012, par SURL.

En pleine tournée européenne, Raphael Saadiq était de passage à la Rockhal, à Esch-sur-Alzette, au Luxembourg. L’auteur de l’album soul 2011 avec Stone Rollin’ s’est prêté au jeu des questions-réponses pour SURL.

SURL // Deux albums, Instant Vintage et Stone Rollin’, comment décrirais-tu l’évolution de ta carrière ?
Raphael Saadiq //
 Ma carrière suit son cours. J’aime la façon avec laquelle elle a commencé.

A l’époque d’Instant Vintage, ton registre musical était proche de celui des rappeurs de Rawkus, d’A Tribe Called Quest. Tu as notamment travaillé avec Ali Shaheed Mummad. Est-ce que cette époque est définitivement terminée pour toi ?
Ces gars sont de bons amis. Musicalement, j’ai touché pas mal de registres. Je discute très souvent avec Q-Tip. Il me conseille. Il passe son temps à me dire « tu devrais faire ci, tu devrais faire ça». J’espère qu’on pourra travailler ensemble dans le futur. Tiens, il a  passé mon album à Jay-Z !

Tu touchais surtout un public fan de hip-hop et de R&B au début des années 2000. As-tu vu ton audience évoluer avec le temps ?
J’ai vu mon public grandir. Mais c’est vrai que certains m’ont découvert avec mes deux derniers albums.

 

[highlight]Dans la musique, de nombreux personnes n’ont pas ces fondamentaux comme les athlètes. Donc ils se plantent et ne durent pas longtemps.[/highlight]

 

Tu es un des leaders de la new soul. Ta musique, comme celle de D’Angelo par exemple, est labellisée « quality R&B », au contraire du R&B façon MTV. Quel est ton avis là-dessus ?
La new soul, c’est une question réglée aux Etats-Unis… J’ai toujours dit qu’il ne fallait pas parler de new soul. Je ne me vois pas vraiment comme un représentant de cette catégorie. Je faisais des CD bien avant qu’on utilise ce terme. C’est un truc créé par l’industrie, pas par les artistes. Pour moi, seule la « old soul » compte.

Que penses-tu du R&B qui passe en boucle sur les radios ?
Comme Rihanna ? Lorsqu’on commence à entendre les sons de ces générateurs de fumée que tu as dans les clubs, ça ne peut pas être du R&B. Pour moi ces artistes font de la pop. Le R&B aux Etats-Unis, c’est Maxwell. Bien plus que moi en tout cas. Personnellement, je mêle la soul au rock. Mon prochain disque sera peut-être différent. Probablement entre Stone Rollin’ et ce que je faisais à l’époque de Lucy Pearl.

Ton avis sur les prochaines stars du mouvement comme The Weeknd ou Frank Ocean ?
Ils sont vraiment très bons. Mais leur style se rapproche avant tout du hip-hop, un hip-hop très mélodieux. Ce que j’aime, c’est leur côté innovateur. Les artistes qui inventent quelque chose sont des sources d’inspirations pour ceux qui prennent le relais. C’est un plaisir de les écouter.

Tu es un fan de basket.  Est-ce que le sport t’inspire musicalement parlant ?
Les fondamentaux m’inspirent. C’est comme pour le foot. Tu dois t’entraîner et maîtriser les mouvements de base. Peu importe que tu sois jeune ou vieux, tu dois t’inspirer des meilleurs. Dans la musique, de nombreuses personnes n’ont pas ces fondamentaux comme les athlètes. Donc ils se plantent et ne durent pas longtemps.

 

[highlight]Les chanteurs comme Rihanna ? Pour moi ces artistes font de la pop. Le R&B aux Etats-Unis, c’est Maxwell. [/highlight]

 

Tu supportes les Warriors de Golden State ?
Je les aime bien car j’ai grandi à Oakland. Mais je suis plutôt fan des Bulls, des Phoenix Suns ou encore des Blazers de Portland.

Qui va gagner le titre cette année ?
Dans mon groupe, tout le monde pense Miami. Personne ne peut aller les chercher en 7 matchs.

Tu as grandi dans un quartier d’Oakland. Quel est ton regard actuel sur ton quartier d’origine ?
Ca a beaucoup changé. A mon époque la population était surtout afro-américaine. Maintenant, c’est plutôt hispanique. La situation économique a fluctué, donc de nombreuses personnes ont du partir en banlieue. Pour autant, le quartier reste relativement pauvre. Mais il y a toujours autant de musiciens talentueux. Oakland et San Francisco respirent la soul ! Et même au niveau du hip-hop, de nombreux artistes sont originaires de la Bay Area. Je pourrais citer E-40 ou Too Short.

Que penses-tu du bilan de Barack Obama ?
Je suis loin d’être un spécialiste des questions économiques. Mais je pense que les gens se sentent plus à l’aise avec Obama. Il a fait de bonnes choses pour la communauté. 4 ans ce n’est pas assez. Je pense qu’il va encore gagner, car personne ne fait vraiment confiance aux Républicains. Il a dit lui-même que ce serait dur pour lui. Mais tu sais au fond… personne n’est assez bon pour gouverner l’Amérique.

D’ailleurs, tu tournes en boucle sur l’Ipod du Président Américain ! Quels artistes peut-on retrouver sur celui de Raphael Saadiq ?
Le seul album récent que j’écoute, c’est Watch The Throne. Mais il y aussi cet artiste underground du Colorado, Pretty Lights. Chamillionaire a repris un de ses sons notamment. Pour le reste, les grands classiques de la soul, du blues, du funk  comme The Spinners ou Curtis Mayfield.

Pour finir, un petit mot sur tes futurs projets…
A mon retour, je commencerai à bosser sur mon nouvel album. Mais je ne sais pas encore quand il sortira.


LIVE REPORT // True Soul

Avec plus de 20 ans de carrière à son actif, Raphael Saadiq respire l’expérience scénique et l’a prouvé à la Rockhal au début du mois de mars. Le soul man a su séduire le public luxembourgeois en assurant presque 2h de show. L’ancien leader de Lucy Pealr est resté dans la veine de son dernier album entamant directement avec « Radio ».

Rien ne pouvait gâcher l’univers sixties indéniable de la performance. En prolongeant les morceaux et en scandant comme un pasteur baptiste dans une église de l’Alabama, le gamin d’Oakland s’est rappelé aux grandes heures de Sam Cooke et Al Green, des artistes qui « l’obstinaient sur les bancs de l’école » sans que ses camarades ne remarquent cette fibre artistique visiblement acquise dés l’enfance.

Musicalement, le très haut niveau a été atteint lors de cette soirée. Qu’il s’agisse des envolées  vocales de ses choristes, acteurs fondamentaux du spectacle, ou de ses quelques notes de guitares électriques jouées avant d’enchaîner sur le fameux hit de Lucy Pearl  « Don’t Mess With My Man », les grands moments se sont succédés tout le long d’un concert qui s’est conclu en apothéose avec « Movin’ Down The Line ».

 

// Interview menée par Thomas Holzer pour SURL Magazine.

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