YG : My Krazy Life, dinguerie de A à Z

jeudi 1 janvier 2015, par Joackim Le Goff.

« You can work with a million producers, but until you find that producer that matches your voice, that actually produces you, then you can say that you on the level of a Dre and Snoop. And I feel like YG and Mustard been doing that for years, they just now finally getting the attention that they deserve. I’m behind them; they are the new extension of Snoop and Dre. »

Cette déclaration pleine de love, un hommage signé Snoop Dogg à destination du duo qui remue toutes les fesses que compte l’Amérique : YG et DJ Mustard. Accompagnés de quelques potes, le rappeur de 24 ans et son producteur favori imposent mieux que les autres leur style Ratchet depuis quasiment 5 piges et la création de leur label Pu$haz Ink. Souviens-toi la chaleur « Toot it and Boot it », savoureuse apologie du one night stand. Une invasion méthodique et crescendo, digne d’un Plan Marshall destiné à secouer les dancefloor de la planète. De gauche à droite et pas l’inverse, un peu de rigueur s’il te plaît.

Beaucoup attendaient que la carrière de YG explose, l’évolution logique d’un gamin qui ambiançait les soirées High School de L.A. bien avant de plaquer son faciès sur la cover des Freshmen XXL, promotion 2011. Seulement, il manquait encore deux ingrédients à ce feu d’artifice : un grossiste et un détonateur. Le premier ne s’appelle pas Dre, presque une anomalie quand on évoque un rappeur de Compton, mais bien Jeezy. Persuadé d’avoir enfin trouvé son poulain, le Snowman l’invite à rejoindre son CTE World début 2013.« Jeezy told me he just wanted to see me win. He told me he ain’t never had no artist that had what it takes and always wanted to see a nigga win but he never had an artist [like that]. » confiera YG, dont le père vient au passage d’Atlanta. Freddie Gibbs appréciera. Le détonateur ? Il prend la forme d’un mot que Nas n’a même pas osé employer pour son album sans titre : « My Nigga ». Un hit absolu, en plus de créer le malaise chez tous les jeunes blancs qui hésitent à gueuler le refrain sans pression dans les clubs.

YG_my_krazy_life

Auréolé d’un single écoulé à plus d’un million de copies, produit par le type qui émoustille tout le showbiz du pays et soutenu par un ponte du rap jeu : YG profite de la sainte-trinité du succès annoncé. Surtout lorsque le héros de l’histoire vise le disque de platine, rien de moins. Platine, une récompense qui pourrait non pas couronner My Krazy Life, mais bien chaque titre qui compose cet album dément. De la première à la dernière note, le LP ravive une flamme G-Funk totalement modernisée, métamorphosée, transcendée. Rien à voir avec ces artistes qui vivent dans un passé révolu. Le festif « Let’s Play House » de Dogg Pound devient « Do it to ya » un guide sexuel détaillé dans la joie et la bonne humeur, double ration de minou au dessert. « 1 AM » ponctionne quelques discrets extraits du « Next Episode » sans en faire des caisses . Un héritage, pas un hommage. « How you feelin’, whoopty whoop, nigga what« .

My Krazy Life, un concentré parfaitement assaisonné de la vida loca

Si Kendrick se connecte sur un morceau de gentlemen (« Really Be – Smokin N Drinkin »), inutile de rapprocher ces deux bougres malgré leur proximité géographique. « It’s a lot of people that come from LA and Compton, and we all not the same. We all live life different, or we all into different things », rappelle YG. Moins moralistes, les lieutenants TDE Schoolboy Q et Jay Rock se rapprochent un peu plus de l’esprit « I Just Wanna Party », le temps d’un son affilé Crips / Bloods déjà promis au Panthéon. « Daddy told me never leave the house without my tool », Gangbangin’ 101.

Mijoté pendant 5 ans, le jeune gangster et son associé épicé livrent dans My Krazy Life un concentré parfaitement assaisonné de la vida loca. Le quotidien d’une jeune membre de gang, entre découverte de substances magiques, conseils pour un bon braquage (« Meet the Flockers ») et passage obligé en cage, accompagné de son lot de désillusions. Mais qu’importe tout ce merdier, l’album célèbre le meilleur remède face à ce quotidien désenchanté : les filles et la fête. Mais ne confonds pas festivité avec légèreté : « I’m not telling you to dance. I’m talking about some street shit on them club type of beats. »

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Un joyeux bordel qui se conclue dans l’émotion, l’éloge maternel, seule figure sur laquelle se reposer sans douter de son honnêteté. Une mère à moitié aveugle qui a perdu son boulot à force de se rendre aux convocations du tribunal pour son rejeton. « Sorry Momma », dose d’amour sans retenu ni egotrip.

La Conclusion vulnérable d’un album constamment à fond, un climax à chaque instant.

Sources et lectures conseillées :
– Chronique Fluctuat
– Portrait Noisey
– Interview Vibe

 

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