Pour Bryson Tiller, l’explosion est proche

jeudi 15 octobre 2015, par Vincent Broguy.

Être co-signé par un artiste comme Drake, c’est l’assurance de voir sa carrière décoller telle une fusée vers Pluton. Il suffit de voir le chemin parcouru par The Weeknd, ou le bond qu’a connu la carrière des Migos, ou même l’apparition d’ILoveMakonnen dans ta playlist. Aujourd’hui, il est plus que temps de intéresser de plus près à Bryson Tiller, le prochain sur la liste.

« Young Tiller in the cut. » Un message banal, en apparence, mais qui veut dire beaucoup. Quand Drake publie cette photo de Bryson Tiller et lui sur son compte Instagram, le jeune artiste de Louisville sait qu’il a déjà gagné. C’est avec son titre « Don’t », que le jeune homme se fait remarquer. Par Timbaland, d’abord, avec qui il collabore. Puis Drizzy, donc. Mais n’allez pas croire qu’il s’agit juste d’un énième effet de masse, une hype crée par les réseaux sociaux ou que le petit bénéficie juste de bon contacts : Bryson Tiller est très doué. Rappeur/chanteur comme il en existe une pléthore en ce moment, de Tory Lanez en passant par August Alsina et donc Drake, bien sûr, Tiller a su tirer son épingle du jeu. Au point de s’extraire de son Kentucky natal, qu’il se dit fier de représenter mais qui n’est pas porteur de beaucoup de talents, hormis Cassius Clay.

La génèse

Confronté très tôt à la mort de sa mère, le jeune Bryson est élevé, accompagné de son frère, par sa grand-mère. Gamin, il ne fait guère autre chose que de rester à la maison, jouer à des jeux vidéo et grandit au son du R&B des années 90 : R. Kelly, 112, Dru Hill and co. Mais c’est en tombant sur Omarion qu’il a la révélation : ce qu’il veut faire, c’est chanter. Le seul problème, c’est qu’il n’en a pas la voix. Le gamin apprends alors le chant, seul, avec une méthode primaire : il s’enregistre et écoute sa voix sans cesse, pour gommer les défauts. L’écriture viendra un peu plus tard et c’est vers 15 ans qu’il se met à coucher sur le papier ses premières rimes, bien influencé par The Dream. Après avoir emprunté 600 dollars à un ami généreux, il chope un micro, un ordinateur portable, un petit logiciel pour éditer le son. Juste de quoi reconstituer un home studio. Avec à l’esprit l’ascension de Soulja Boy grace à Internet, il récupère à partir de YouTube ou SoundClick des instrus et commence à fredonner ses mélodies dans le mic. C’est l’échapatoire pour ce timide introverti.

Tilluh-Tweet

Les débuts sont poussifs. Sa première mixtape, intitulée Killer Instinct (2011), reste confidentielle et n’aura une portée que très locale. Lui qui n’avait pas envisagé d’être artiste décide de faire un break et se cherche un vrai job pour élever sa fille. Sa passion pour la musique aura raison de lui, et après un passage chez UPS et Papa John’s, il revient à la musique à plein temps. Découvrant Soundcloud, il décide de balancer un morceau qu’il vient d’enregistrer dans son salon. Nous sommes le 9 octobre 2014 et Tiller vient de publier « Dont », son plus gros tube à ce jour avec plus de 22 millions d’écoutes. Le succès arrive avec autant de surprise que la calvitie précoce d’un trentenaire. Pour le jeune artiste, c’est la confirmation de ses objectifs de vie : faire de la musique qui résonne

Forcément, au bout d’un moment ça attire l’attention. Timbaland est le premier à s’intéresser à lui et n’hésiste pas à le proclamer « the next best thing ». Timbo collabore avec lui sur « Sorry Not Sorry », produisant un beat dont il a le secret, samplant non plus ni moins Street Fighter II, un des jeux vidéos qui a marqué l’enfance du jeune Bryson. Mais il n’est pas le seul à l’avoir remarquer, Drake himself lui témoigne tout son amour, en glissant dans ses DM, puis en l’invitant chez lui. Le petit chanceux a eu droit a un traitement spécial et s’est vu offrir une paire exclusive de Air Jordan 12. Il n’en a pas fallu beaucoup plus pour voir les rumeurs de signature chez Ovo, le label du rappeur canadien.

Le buzz est substantiel, mais qu’en est-il de sa musique ? Son style est souvent comparé à Jeremih, Drake, PartyNextDoor, Tory Lanez et bien d’autres encore. Pourtant, il se démarque par des lyrics bien plus profonds. Quand Drake inspire la mélancolie, Bryson sonne plutot comme le gars qui se précipite vers la meuf de ce dernier pendant qu’il n’est pas là. Sa narration est fluide et résume l’état d’esprit des jeunes de ce nouveau millénaire. Comme mentionné précédemment, Tiller a adopté l’approche mi-rap, mi-R&B qu’il s’est approprié pour en faire sa trapsoul (après le soultrap d’MC Tree).

Forbes et la réussite

Avec sa capacité à passer chant tendre et soyeux à un rap qui se la raconte, le tout se fait sans effort, il s’approprie un genre musical. Une performance qui lui a valu le surnom Pen Griffey, surnom très influencé par le baseball, qui mêle à la fois des références à ses compétences en tant qu’auteur-compositeur et ses racines, Louisville étant connue pour ses battes de baseball. Ça lui sied très bien : Bryson Tiller est un auto-proclamé « culture-nerd » qui cite aussi bien des jeux vidéo que des bandes dessinées, films indé et anime japonais comme inspirations.

Bryson-Tiller

Pour autant, Tiller est loin d’avoir un plan de carrière quinquennal assorti d’une retraite dorée. Le jeune père d’une petite fille de deux ans qui peinait à joindre les deux bouts il y a encore deux piges réalise tout juste comment sa vie a radicalement changé. « J’ai lu un article dans Forbes intitulé ‘Six façons d’atteindre son but’. Il m’a vraiment inspiré et m’a aidé à arriver là où je suis aujourd’hui. » L’article décrit à ses lecteurs les moyens efficaces pour atteindre ses objectifs de vie, soulignant une vision à long terme, la planification et le concept de faire un pacte avec soi-même. « Ça fait un an. Quelques changements ont été opérés depuis que je lis cet article. Maintenant, tout est complètement différent – mais je ne suis toujours pas satisfait. Je suis très reconnaissant, mais j’ai déjà une nouvelle série d’objectifs que je suis en train d’accomplir. »

Bryson Tiller, un self-made-man qui ne doit rien aux autres. Ses prochains objectifs sont clairs : défendre son dernier projet d’abord, la mixtape Trapsoul sortie le 2 octobre, puis assurer la tournée qui suivra – il n’est que très rarement apparu sur scène. En espérant qu’il n’explose pas en plein vol.

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