Le décevant Zénith du A$AP Mob (Vidéo)

lundi 3 novembre 2014, par Sylvain Caillé.

Deux ans après la sortie de LongLiveA$AP, Rocky était en concert avec son A$AP Mob au Zénith de Paris, ce mercredi 29 octobre 2014. Un première pour le dandy new-yorkais, habitué à se produire en solo mais qui était cette fois entouré d’une partie de sa bande : A$AP Ferg, A$AP Nast et A$AP Twelvyy. Paris était le second show d’une courte tournée internationale de neuf dates, entre Manchester et Londres. A quarante boules la place – cinquante en place assise -, l’addition est salée pour un concert de rap : c’est ce qu’il en coûte pour voir « les pointures » du moment. Un coût trop élevé à mon goût ; si on ne m’avait pas offert de place ce soir là, je n’aurais pas payé pour la bande à Flacko. Même si j’apprécie beaucoup le rappeur, le rapport qualité/prix me semblait bien trop faible.

C’est donc avec beaucoup de plaisir et d’excitation qu’on se dirige vers le Zénith de la Villette. Dehors, quelques minots – pretty boys swag ? – se mettent dans l’ambiance à coups de tize et de fumette. L’occasion parfaite pour rentrer dans le Zénith rapidement et s’installer à une bonne place en fosse. 19h30, la première partie commence : deux DJ chauffés à blanc par un MC s’affrontent dans une battle de medley. Le public – très juvénile – répond présent, dansant sur les bangers US d’aujourd’hui et d’hier. Vers 20h, c’est déjà fini et la scène est mise en place pour le quatuor de rappeur. Entre temps, on nous bassine avec du rock plus ou moins hard – et plus ou moins chiant – en musique de fond. Pertinent. Après une première partie très light, cet étonnant choix musical cultive un peu plus notre scepticisme. On est venus voir qui déjà ? Oh, eux.

C’est dans une atmosphère enfumée que le A$AP Mob se pointe, aux alentours de 20h30. Et là c’est l’extase : malgré une qualité sonore (très) moyenne, le crew mène la danse et fait crier les ladies. They’re here to party. Ca tombe bien, le jeune public aussi. Les tubes s’enchainent et inévitablement, la mayonnaise prend. Le show est bien rodé en compilant des morceaux de différents projets. On prend notre pied sur « Brand New Guy », tout comme sur « Dump Dump », « Goldie » ou sur « Multiply ». Tout est fait pour éviter les temps morts, les titres sont souvent écourtés. La mécanique est imparable et c’est sur « Wild For The Night » que la foule entame sa transe. À cet instant précis, on se dit qu’on pourrait continuer toute la soirée.

Sauf que Rocky et ses collègues en ont décidé autrement. Il est pas loin de 21h30 et après un « Peso » de qualité, le DJ balance « Jump Around » – très original. Flacko fait monter des privilégiés sur scène pour danser et prendre des selfies. C’est surtout pour mieux nous embrouiller : à la fin du morceau, le Mob balance le classique « merci, on vous aime Paris, bye » et quitte furtivement la scène. Stupeur. Alors que ceux qui sont montés sur les planches continuent à prendre des photos et à se dandiner sur le son du DJ, les gens dans le public se regardent avec étonnement. Une chanson passe, puis deux. Et on est toujours planté là à attendre un éventuel retour. Finalement on comprend que c’est déjà la fin, un tout petit peu plus d’une heure après le début du show.

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Tout le monde dans le Zénith est perplexe. Je suis personnellement partagé : j’ai vu un bon concert qui m’a tenu en haleine durant une heure et je ne me suis pas ennuyé une seule seconde. Mais j’aurais pu continuer à bouncer encore bien longtemps au doux son d’A$AP. Mais pourquoi donc s’arrêter en si bon chemin ? Le Mob a sabordé sa propre prestation en prenant ses fans pour des amateurs. On aurait pu le voir venir : ce n’est pas la première fois que Rocky fait un showcase alors qu’on l’attend pour un concert. Si on peut leur accorder le fait qu’ils jouent six fois en sept jours dans cinq pays différents, ce soir les Harlemites ont frôlé le foutage de gueule en nous offrant une heure de show à quatre. Avec 45 bonnes minutes de plus – et on sait tous qu’ils avaient le répertoire pour –, on aurait pu vivre la fête de l’année. Si on avait été à Lyon, on aurait presque pu parler de quenelle.

 

Photos et vidéo par Nelson De Jesus

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