ScHoolboy Q sera le rappeur de l’année 2014

mardi 28 janvier 2014, par Vincent Tonnerre.

Des quartiers de Los Angeles aux plages exotiques blindées de bikinis, ScHoolboy Q a imposé son style sur le devant de la scène rap, bob toujours vissé sur le crâne. Avec la sortie de son projet Oxymoron le 25 février, le lieutenant de K-Dot au sein du TDE a plus la dalle que jamais. L’occasion de revenir sur un parcours aussi atypique que son look. Boom shakalaka.

 

« I want it all. I want the fame, I want the ill shit, I want the clothes, I want the money, I want the fresh daughter, I want the Grammy, I want the whole shit. They say Kendrick’s the number one MC? I want that too. I don’t wanna be number two. »

 

ScHoolboy Q, de son vrai nom Quincy Matthew Hanley, est né le 26 octobre 1986, à Weisbaden, Allemagne, au beau milieu d’une base militaire américaine. Après la séparation de ses parents, il part vivre avec sa mère aux Etats-Unis, d’abord au Texas puis à L.A. Sa vie semble toute tracée : joueur de football américain depuis l’âge de six ans, il aurait pu prétendre à une carrière dans l’élite, mais il se trouve que Q jouait sur les deux tableaux. En effet, depuis l’âge de 12 ans, Hanley fait partie des « 52 Hoover Crips », célèbre gang de Los Angeles. Il se met rapidement à dealer de la weed, du crack mais surtout de l’oxycodone, « l’héroïne des pauvres ».  A 21 ans, il connaît sa première expérience « zonzon », six mois enfermé. Le clic des verrous, un déclic pour ScHoolboy Q qui décide de s’investir à fond dans le rap.

 

« By 21, I started to really get into  it and gained a passion for it. You got to let your aggression out,so you got to get in the booth and let it out. I was really working on my craft, studying music, and I became Q. »

 

Squatteur des cabines d’enregistrement sur le tard, Schoolboy Q va profiter de l’encadrement d’une nouvelle génération en or, l’idéal pour peaufiner sa musique. Ses classes, il les effectue chez le label TDE aux côtés de Jay RockAb-Soul et sous la bienveillance de Kendrick Lamarqui deviendront ses futurs acolytes du collectif Black Hippy. Le 29 juillet 2008,  il sort sa première mixtape intitulée « ScHoolboy Turned Hustla » avec GED Inc., propulseur de la carrière du rappeur Tyga. C’est grâce à cette cassette que ScHoolboy Q va définitivement signer chez TDE. A peine un an après la sortie de sa tape, Q, chaud comme la braise, sort « Gansta Soul », son premier projet officiel chez Top Dawg. A partir de ce moment-ci, le rappeur met sa carrière perso de côté pour se consacrer entièrement à son crew. Mais, sans l’ombre, ScHoolboy Q nous préparait quelque chose en secret…BOUM ! Janvier 2011, sans aucune peine, Q balance son premier album indépendant sur iTunes, façon Beyoncé. Setbacks, encensé par la critique, chope la place de numéro #100 du Billboard 200, en vendant seulement 787 albums sa première semaine. Cet album va propulser l’artiste sur le devant de la scène, notamment sur la toile avec les réseaux sociaux, Twitter en tête.

schoolboy1 (Copier)

Un peu plus de 8 mois après, le rappeur annonce sur son compte Twitter, le titre de son nouvel album indépendant, Habits & Contradictions. Conscient de l’essor des nouveaux médias numériques, ScHoolboy Q va cette fois se comporter en vrai pro du placement. Après avoir dévoilé le titre de nouvel album, il balance un des titres, « Druggys Wit Hoes Again » en featuring avec Ab-Soul. Puis, deux autres titres en l’espace de 10 jours. Mais, sa collaboration le nouveau millionnaire de Harlem aka A$AP Rocky, sur l’énorme tape Live.Love.ASAP, va grandement accroître sa notoriété auprès du grand public. « Brand New Guy », comme ils disent.

Aussi perché que maîtrisé, Habits & Contradictions enchaîne d’un sample du « Pursuit of Happiness » de Kid Cudi (le hit « Hands on the Wheel ») à un « NiggaHs.Already.Know.Davers.Flow » complètement défoncé, sans aucune incohérence. Invitant A$AP Rocky et Curren$y et en rappant sur des beats d’Alchemist puis Lex Luger, Schoolboy Q réunit la crème des faiseurs de L.A. à N.Y. en passant part ATL, sans discrimination.« We rap for the world, not just for the West Coast », martèle-t-il à raison. Le rappeur aux ongles vraiment trop longs marie des univers qui s’assemblent parfaitement, sans sombrer dans une logique commerciale inodore et incolore. Impressionnant.

Une versatilité qu’il assume pleinement. Lorsqu’on le questionne sur ses influences musicales, Schoolboy Q balance en priorité vers l’Est, encore une hérésie il n’y a pas si longtemps : Nas, 50 Cent, Jay-Z et Biggie Smalls. Une préférence qui ne l’empêche pas d’apprécier des monuments comme Kurupt et Tupac, mais cette influence new-yorkaise se sent particulièrement dans son flow, puisant ses pointes d’agressivités dans le rap de 50 Cent et ses schémas de rimes en écoutant HovaDans plusieurs interviews, il cite comme Fiddy comme la raison majeure pour laquelle il a commencé sa carrière de rappeur, allant même jusqu’à préciser qu’il a quasiment sauvé sa vie. Une polyvalence remarquée et félicitée par ses pairs.

 

« A few months ago, I was up in the studio with 50, Dr. Dre, and Kendrick Lamar. We was all in there chilling . 50 said he wants to work with me (…) he likes my music (…) we just got to make time in the lab. »

 

Look aussi chelou que rap charismatique, Schoolboy Q est sans aucun doute le plus atteint des lascars du Black Hippy. Des mimiques vocales reconnaissables à des kilomètres, un ton parfois agressif mais rassurant, des beats chelou à la pelle et une étrange addiction à tout ce qui se rapporte à la drogue. Un grain de folie qu’il reconnait en Danny Brown, un autre de ses confrères préférés. Malgré ce comportement déviant et ses particularités, le MC a su toucher un public assez large, au point de s’afficher sur la cover des Freshmen XXL au printemps 2013. Un « couronnement » plus symbolique qu’autre chose – la preuve -, mais qu’il endosse à fond livrant depuis quelques mois des singles complètement dingues. « Collard Greens », « Banger » et plus récemment « Man of the Year » : trois boucheries qui confirment déjà que son album Oxymoron respectera son standing. Si ça ne suffisait pas, il vient de lâcher une autre bombe avec Alchemist. Rarement un type de l’Ouest correspond aussi bien à l’ambiance du beatmaker new-yorkais.

Schoolboy Q va t-il continuer son ascension fulgurante dans le monde du rap ? Au-delà de ses derniers hits, d’autres indices laissent présager le meilleur pour Q sur la durée. De 2006 à aujourd’hui, l’artiste a considérablement amélioré ses talents de rappeur, qui explosent vraiment dans son deuxième album en indé, Habits & Contradictions. On ajoute à cela des projets de malade avec les pépites de la scène hip hop US – Danny Brown, Action Bronson, A$AP Rocky, Mac Miller, Ab-Soul, Kendrick Lamar, Macklemore & Ryan Lewis – qui lui ont valu de nombreuses apparitions dans des festivals, des talk shows mais aussi des cérémonies comme les BET Hip-Hop Award. Même EA Sports s’est attaché les services de Hanley pour poser sur la B.O. de NBA Live 2014 – non pas que cela soit un argument de vente suffisant pour acheter cette petite bouze de jeu.

Black+Hippy

En attendant, rendez-vous le 25 février 2014 pour vérifier que Schoolboy Q sera bien, comme on vous l’annonce, le « man of the year ». Nous, on a aucun doute et on en tremble d’excitation.

oxymoron-cover

Sources : Fader / Complex

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