L’Original Festival, une affaire de famille en cinq actes

mardi 22 avril 2014, par SURL.

Après un premier show enflammé où on a bouncé sur les « My Type of Party » and co de Dom Kennedy, L’Original Festival reprenait de plus belle ce week-end. Du hip hop en veux-tu en voilà.

Vendredi 18 Mai, 22h. Le deuxième show du festoch’ a déjà bien commencé. Pour cette soirée 100% rap français, le Transbo Club est plein à craquer et c’est la Shtar Academy qui ouvre le bal. Une première rencontre avec le public pour Malik et Mirak, tout récemment sortis de prison où est encore retenu Badri, le dernier membre du groupe. Une date qui coïncidait également avec la diffusion de leur dernier clip, « Chacun son Rôle ». Vient le tour de Scylla – notre belge préféré dont on a fièrement dressé le portrait en décembre dernier- qui gratifie le public lyonnais des titres de son dernier album, Abysses.

Sylla

Scylla / Photo Cédric Darbord / lyonhiphop.com

La soirée s’embrase. Au tour d’un tout autre morceau de débarquer sur scène, un gars qui parle cru comme du fromage français : Seth Gueko. T-shirt floqué du numéro 23 des Bulls, lunettes chic, bras tatoués, le rappeur de Néochrome lance à DJ Weedim un « sors-toi les doigts du cul » avant d’enchaîner une pelletée de rimes avec le langage fleuri qu’on lui connaît. « Vas niquer ta mère, t’auras des Nike Air », c’est un « Bulldozer » qui entre avec fracas. Seth Guex entretient les braises facilement avec des incontournables de son dernier opus, Bad Cowboy, comme « Aboudouflash », « La Chatte à Mireille » (« rafale de Uzi, la chatte à Laurent Voulzy! ») ou encore « Dodo la Saumure » avec la désormais célèbre « nique ta sœur comme un Lannister ». Un set à détrôner des rois. Pour les fans les plus assidus, « Ma Couillasse » a bien fait plaisir. Bref, du degré zéro qui prêtait à sourire, Seth Gueko a offert au Transbo une thérapie de groupe en nous permettant de lâcher des grossièretés pas permises.

SETH

Seth Gueko / Photo Cédric Darbord / lyonhiphop.com

Pas de temps mort, Ill et Cassidy prennent le relai en démarrant carrément par « Pendez-les, Bandez-les, Descendez-les ». Le public croise les bras en l’air et reprend les textes par cœur. Contrairement aux mauvaises langues, il n’y a pas que des anciens parmi les lyonnais chaud bouillant. Les X-Men passent leurs classiques « J’attaque au mic », « Justifiable » (tiré de la compilation culte Sad Hill de Kheops) ou encore ce passage sur « Changes » de Tupac. Les gônes étaient cependant moins euphoriques quand les X ont testé quelques nouveautés mais il a suffit de cracher « One One One » pour remettre les choses dans le désordre dans les premiers rangs. On revient aux belles heures du label Time Bomb. Alors que le compte-à-rebours vers la fin du set arrive à ses dernières secondes, un b-boy au premier rang sort un disque de Ma 6-T Va Cracker ; le reste du public vient réclamer « Retour aux Pyramides ». Ill et Cassidy ne se font pas prier et là il se passe un truc… énorme. L’un des points culminants de la soirée tellement ce fut épique, avec les lyonnais à l’unisson. C’est pour ces instants-là qu’on vient en concert, et pour ces instants là qu’on vient à L’Original.

XMEN

X-Men / Photo Cédric Darbord / lyonhiphop.com

Mais ce n’est pas fini… le meilleur pour la fin ? Ärsenik, le duo emblématique de Villiers-le-Bel qu’on a interviewé la semaine dernière, monte sur scène avec le brouhaha lyonnais et démarrent chaudement sur « P.O.I.S.O.N. ». Autant dire que si tu kiffes pas, tu rentres chez toi et pis c’est tout. Mais personne ne sort, les gens sont chaud bouillant, prêt à déborder. Un vrai chaudron, comme disent les Stéphanois. « C’est sérieux ici », s’étonne Lino, sourire aux lèvres et pupilles masquées. Les frères M’Bani nous offrent un grand moment de rap français, nous ramènent dix ans en arrière. L’énergie qu’on leur connait, une énergie qu’ils utilisent également sur l’interprétation de titres solos plus récents, notamment la dinguerie « 12ème lettre » de Lino, toujours avec son flow caustique à souhait. Petit moment d’émotion lorsque quelques versets sont dédiés à la mémoire du tout jeune danseur Kalis du Pockemon Crew, disparu trop tôt.

Quelques gouttes de nostalgie plus tard avec « Un Monde Parfait », le public reprend en choeur le refrain de MC Janik. Puis vient « Une affaire de famille » – sans le reste du Secteur Ä, malheureusement – et le final ouffissime « Boxe avec les mots ». Un dawa sans nom.

Article par Sagittarius, photos par Cédric Darbord.

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